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Un intense besoin de consommation

Il faut bien l’avouer, je fais partie de la génération qui est allègrement passée d’une société chiche, économe et sans crédit à la société actuelle où consommer est une addiction et vivre à crédit un travers commun.
Je fais partie de cette génération qui a vécu le changement petit à petit, sans vraiment le conscientiser, un peu comme la grenouille s’adapte au refroidissement (ou au réchauffement) de l’eau sans le prendre en compte jusqu’au jour où elle se retrouve congelée ou brulée vive.

J’ai connu le débarquement de la bouteille d’eau potable en plastique, une eau meilleure que celle du robinet, la publicité affirmait qu’en ingurgitant une bouteille de 1500ml par jour, la taille fine était assurée : buvez-éliminer qu’elle disait! Les incitations à consommer de l’époque n’y allaient pas par quatre chemins, les banquiers disaient « votre argent m’intéresse » et les vendeurs d’eau en bouteille disaient « buvez-pissez » car évidemment plus une personne s’abreuve sans besoin, plus elle va aux toilettes et en passant… plus elle tire la chasse… dilapidant du même coup son argent et la précieuse eau potable qui sert à nettoyer les toilettes!
Quelle vie merveilleuse!
Sans le savoir nous étions tous devenus des nababs en puissance, balançant par les fenêtres l’argent qui semblait fait « pour ça » quand il n’était pas fait pour permettre aux banquiers de croitre.
Et ça continue, encore et encore!

Je fais partie de cette génération.
D’autres personne sont nées après, directement dans la consommation galopante.
Pour autant, faire partie d’une génération ne signifie pas s’y fondre. A la différence d’une grenouille à cervelle de batracien, j’ai reçu le don formidable de la pensée et sensibles aux injonctions parentales, je n’ai jamais « balancé l’argent par la fenêtre », j’ai beaucoup jardiné, beaucoup bricolé, beaucoup récupéré et je continu, sans crédit, car si je n’ai pas les moyens, c’est que c’est au dessus de mes moyens!
Basique.
Impossible d’être qui je ne suis pas.
Les nababs ne m’ont jamais fait rêver, pas plus que les princes et les richissimes qui me paraissent parfois si pauvres.
Peut-être que la jalousie a oublié de s’encrer dans mes gènes?
je ne sais pas.

Tout ce verbiage pour en arriver à l’humeur du matin.

Il n’est pas une journée sans voir apparaitre une vidéo, un article ou un commentaire au sujet de la dangerosité d’un produit ou d’un autre.
Pas un jour sans que soit montrée du doigt notre culpabilité d’occidentaux cupides et pollueurs.
Pas un jour sans qu’un produit « nouveau » et forcément merveilleux ne vienne remplacer un objet « ancien » et obligatoirement toxique. « Ancien » signifiant généralement « vieux de trois jours, trois mois ou trois ans »!

Vivre est aujourd’hui plus que jamais une situation à haut risque.
A haut risque!
Quel risque?
Mourir?
Devenir malade?
Vieillir?
En tout cas « ça » fait peur!

Je peux comprendre.
Je peux même comprendre que les plus faibles exigent la confection de lois protectrices.

Ce que je peux pas comprendre c’est comment des revendiquants et autres militants peuvent impunément brûler publiquement des tonnes de pneus (mais qui donc leur offre ?) et autres trucs toxiques (mobilier urbain, poubelles, palettes traitées, etc) sans choquer personne, ces mêmes personnes qui sont affolées à l’idée de recevoir un coronavirus dans un paquet apportant de Chine un « truc » aussi inutile qu’indispensable.

Penser est à double tranchant, redoutable.
Obéir est confortable, admirable.
Suivre me parait détestable.
Devancer est par expérience tentable
Mais est-ce recommandable ?

Rêver

En guise de voeux, j’ai posé cette image, offerte à l’imagination des passants.

Afin d’en préciser l’environnement, j’ai ajouté celle-ci.

Et en ricochet, le rêve s’est invité.

Alors, je suis venue ici-même, dans mon antre de prose et j’ai cherché des éclats de « Rêve » au milieu des articles.
J’ai retrouvé ce billet là, comme un clin d’oeil au passage des étrennes que nous traversons à cette date précisément.
Pourtant il ne contient pas ce que j’ai, aujourd’hui , envie de proser au sujet du rêve.
Ou alors un peu, partiellement, en filigrane, pas tout à fait, peut-être mais plus loin.
Pour moi le mot « rêve » contient « inaccessible étoile » et si un certain Jacques s’en vient inévitablement à la suite de ces deux mots, si résonnent sa voix et différentes orchestrations, il n’en demeure pas moins que je différencie avec grande attention chaque parcelle du bazar provoqué par l’emballement des pensées qui débarquent.

Nous sommes passés d’une année à l’autre, en famille, dans un pays où la tradition exige que l’on fasse un voeu en avalant un grain de raisin à chaque coup de minuit : au total il y a donc 12 voeux pour douze grains avalés.
Afin de protéger le sommeil des enfants et aussi parce que nous préférons jouer dans les vagues que trainer dans la nuit, nous avons croqué dans les raisins à neuf heure du soir, chacun prenant la liberté de faire autant de voeux qu’il mangeait de grains, ou comme je le fis, se contentant de savourer le nectar sucré en observant les rêveurs rêver.

Ma petite fille, celle qui affiche ses six ans et ses dents de lait branlantes, accorda beaucoup d’importance à cette « cérémonie ».
Les mains jointes, les yeux levés vers le ciel, elle ouvrit la danse, psalmodiant avec la grâce toute enfantine de son âge associée à des talents cultivés de comédienne : « Je souhaite de tout mon coeur avoir cette année toutes les boites de « jouenmouvement » du monde ».
Visiblement, elle souhaitait de tout son coeur.
Visiblement, elle se voyait au milieu d’un monceau de boites à déballer.

Voilà ce que j’appelle un rêve.
… Un souhait absolument flou, irraisonné, sans résonance, absolument non réalisable, un brouillard cotonneux à saveur chamallow à texture manipulable dans tous les sens…
Un « rêve » se construit à partir du réel, tout comme les songes se construisent pendant le sommeil grâce aux bribes d’expériences vécues dans l’éveil, et il en dépasse instantanément les frontières.

L’humain sait inventer des utopies, il a des besoins, il a des désirs.
Et parfois il rêve.

Il m’arrive de penser que je suis un drôle d’animal.
Quand j’entends des gens énumérer leurs »rêves » les plus chers, les plus fous, les plus onéreux, je cherche quels sont les miens.
Je cherche en vain.
J’ai des besoins d’air, d’eau, de nourriture.
J’ai des désirs.
Des désirs simples, de vents, d’océans, de gourmandises, de mouvements.
Ils donnent un sens au fil de ma vie.
Ils tendent le fil, le cours de mon existence
Au point de la rendre vibrante
Juste comme j’en ai besoin
Sans risquer la chute.

Prudente je suis, peut-être parce que j’ai toujours entendu dire qu’à trop rêver on peut tomber de haut!

Prudente et pourtant pas sage!

Empreinte (2)


2019 s’achève.
Avec ce billet, je termine le triptyque « Empreinte – Empreintes et Traces – Empreinte ».
Alors, il sera l’heure de m’envoler à nouveau pour passer la frontière et sauter vers 2020.

L’avenir est totalement inconnu, tout à fait imprévisible.
Il est certainement tout tracé en fonction des pas qui le précédent.
Traces et passages racontent le mouvement, la danse que la vie mène.
A mes yeux, l’empreinte est moins palpable souvent, elle apporte un enseignement, un appui, un point fixe qui permet de chercher plus loin.

(Et oui, je suis allée regarder fouiller autant dans la lexicographie que dans l’étymologie avant de trop m’avancer)

Désormais, depuis le début de l’année qui s’achève et dans « l’ordre des choses » de la lignée familiale, je suis la prochaine sur la liste des départs vers l’infini.
Il en va ainsi lorsque « papa-maman » ont abandonné leur présence terrestre.
L’imprévu peut jouer des tours, l’imprévu est ce qu’il est : il faut le considérer mais il est impossible à prévoir!

De mes parents, il reste des traces et des empreintes, un héritage pourrait-on affirmer.
Avec l’héritage en argent comptant, j’ai acquis un appartement et je suis en train de le transformer en nid à ma mesure, juste et précisément à « ma mesure », à mon seul goût, à mes sens uniques, sans partage. Pas à pas, à coups de scie, de marteau et de chèques, je l’ajuste à mon être bien.

Dans le même temps, je libère l’espace de la maison (celle du fond de l’impasse) d’une multitude de traces que les enfants n’auront pas la charge d’effacer : ces accumulations d’objets qui n’ont pas d’autre sens que la consommation reposant sur le goût pour la possession inculqué de manière transgénérationnelle.
Il y aurait une petite chanson humaine qui dirait :
« J’ai donc je suis.
J’abandonne, donc je m’estompe
Je laisse donc je disparais. »

Et alors… qu’est donc l’empreinte?

J’ai hâte de vivre, de danser la suite, plus légère que jamais.
Joyeusement présente,
Absente sans malice,
Définitivement joueuse.

Le temps des cerises

Ces cerises là sont les premières de toute la région.
La manne est en libre service pour les oiseaux.

Impatients de se gaver, ils occupent l’arbre, picorent, cueillent et emportent même jusque par dessus les terrains voisins.
C’est que rien ne vaut les cerises fraîches.

Alors, remplir un panier relève de l’exploit pour un simple humain incapable d’atteindre les sommets.

J’ai toujours connu la saveur des cerises fraiches : mon grand père jardinier avait célébré ma naissance en plantant un cerisier au beau milieu du jardin encore vierge de mes parents. Autant dire que les cerises font partie de mon histoire.

La semaine dernière, en compétition avec un nuage de merles gourmands, j’étais un brin nostalgique et en attrapant un par un ces précieux fruits je ne boudais pas mon plaisir.
Je pense que c’est la première fois que je prends autant de plaisir à la cueillette.
Sans doute était-ce parce que c’est la dernière fois.

Avec la vente de la maison d’un côté, avec la construction d’une maison neuve de l’autre côté, je perds toute chance d’avoir à nouveau des cerises fraiches à profusion.

Et c’est ce qui est amusant car qui possède un cerisier sait à quel point il est « peu cueilli », sait à quel point les cerises « se perdent » et à quel point il est facile de rouspéter lorsqu’elles finissent par joncher le sol en laissant évaporer une odeur caractéristique de « kirsch ».

Je me souviens précisément des injonctions maternelles : « Voilà un panier, va cueillir des cerises, attention, je veux les cerises avec leur queue! » . Et, je prenais le panier en soupirant, en levant les yeux au ciel, puis, je l’accrochais à une branche avant de grimper dans l’arbre et de manger plein de cerises arrachées de leur pédoncule.
Pour avoir bonne conscience j’en mettais quelques unes dans le panier mais si peu.
J’étais plus efficace quand il était question de préparer un clafoutis, car alors l’équeutage était indispensable et il suffisait de deux minutes pour arracher quelques poignées.

Et oui… Cueillir des cerises pour les offrir, cueillir des cerises pour les conserver ne serait-ce que quelques heures nécessite de les « cueillir avec la queue » et là, c’est la galère!
Une galère que les heureux détenteurs d’un cerisier at home n’ont absolument pas besoin de se farcir pour jouir de la saveur à nulle autre pareille de la cerise fraichement cueillie.

J’ai soigneusement coupé la moitié du précieux prolongement de celles que j’ai courageusement sauvées l’autre jour. Puis, je les ai tendrement serrées les unes contre les autres dans un bocal, autour d’une belle gousse de vanille fendue. J’ai ensuite regardé le sucre les recouvrir de reflets mordorés et s’immiscer dans le moindre interstice puis j’ai versé une bonne eau de vie par dessus le tout avant de bien fermer le couvercle.

Lors des fêtes de fin d’année nous partagerons en famille le goût désuet d’une gourmandise que seul le temps passé additionné du temps qui passe peut entièrement révéler.



Tout pareil

Par les temps qui courent, tout concourt à nous faire perdre notre latin en comparant des choses et des faits qui ne se mélangeaient pas, autrefois, dans mes leçons de calcul.

Je me souviens qu’il fallait additionner les choses qui allaient ensemble, que les fleurs allaient avec les fleurs et les poissons avec les poissons, que la sommes des unes pouvait égaler la sommes des uns sans que les deux sommes ne soient équivalentes puisque dans un cas il y avait des fleurs et dans l’autre il y avait des poissons.
A l’époque, ces « leçons » tombaient dès l’âge où succombaient les premières dents de lait, bien avant « l’âge de raison » qui était fermement établi à sept ans, allez savoir pourquoi !

J’observe les enfants avec fascination.
Les adultes ne sont-ils pas tous d’anciens enfants ?

Et sans la moindre interprétation,
Je note leur goût intense pour « faire tout pareil ».

Faire « tout pareil » ?
C’est à dire?

Un jour, il y a six ou huit mois, j’ai retenu mon rire en voyant un petit garçon essayer de s’asseoir sur une chaise playmobil.
C’était bien une chaise et une chaise est, en effet, prévue pour s’asseoir.

Pas plus tard qu’avant hier, une petite fille du même âge que le petit garçon en question, provoqua elle aussi mon hilarité intérieure.

Elle commence à savoir sauter et aime entrainer cette nouvelle facilité.
Cherchant un nouveau jeu à lui proposer, j’ai placé sur le sable un joli bloc de basalte bien carré d’environ vingt centimètres de haut, et joignant l’exemple à la parole, je lui ai montré qu’il était possible de monter dessus et de sauter.
Conséquemment, elle a choisi une joli petit galet noir, l’a placé à côté du bloc, a posé ses deux pieds « dessus » ( c’est à dire que le galet a disparu en enfonçant dans le sable) et a effectué un très gracieux saut à pieds joints.
J’ai applaudi à son exploit, elle avait sauté!
Nous avons ri, ensemble.
Et comme le jeu lui plaisait,
Elle a cherché un autre galet en me précisant bien qu’il était « enoooooorme » (lire en español pour le plaisir de la musique)
Puis, elle a posé autant que possible ses pieds dessus m’intimant l’ordre de faire la même action sur le bloc que j’avais moi-même posé sur le sable.
Et à « 3 » nous avons sauté ensemble!

Faire « tout pareil » ?
Vouloir « tout pareil » ?
Exiger tout, pareil…
C’est à dire ?

Et l’âge de « raison »… C’est quand ?

Vie quotidienne

Chaque fois que je sors de « chez moi », de ma ville, de mon pays, j’ai besoin de voir « tout », c’est à dire de trouver, au delà des clichés touristiques, ce qui fait le quotidien des personnes qui vivent « ailleurs ».
Les écoles et les centres de soins sont les endroits stratégiques qui donnent le ton.
Inévitablement, je vais en explorer les abords. Il n’est pas rare que j’entre carrément pour mieux visiter et « sentir » l’ambiance.

Ces jours-ci, dans le village du Northshore d’une île ne vivant que par le tourisme, j’ai la chance de pouvoir entrer dans la « Escuela Infantil Municipal » puisqu’à l’heure des parents, je vais y chercher ma petite fille.
Chez nous, on parlerait plutôt de crèche puisque cette « Escuela » est destinée uniquement aux enfants de 3 mois à 3 ans dont les parents travaillent. Ici, c’est écrit « Escuela » au dessus de l’entrée.
Et ici, dès la « moyenne section » de la crèche, c’est à dire dès que les bambins marchent, l’uniforme est la règle dans les écoles. Ainsi quand on va au parc, il est possible de savoir d’où sortent les enfants qui y jouent : c’est écrit sur leur tee-shirt!

Ma petite fille reste à la crèche chaque jour, du lundi au vendredi, de 10 heures à 15 heures.

15h, c’est l’heure des parents!
Et comme devant toutes les écoles de France et de Navarre, certains parents attendent devant la porte en bavardant et d’autres se racontent leur vie à la sortie.

Ainsi, les parents des plus de deux ans échangent-ils souvent au sujet de l’école dans laquelle ils vont « mettre » leur enfant l’année prochaine.
Et c’est vraiment très amusant pour moi d’entendre leurs soucis.

Car, ici, c’est un village sur une île.
Car, ici, la délinquance frôle les 0%.
Car, ici, les habitants sont arrivés de partout : d’Europe ( Espagne continentale, Italie et Allemagne principalement), d’Afrique du nord (principalement Mauritanie, le Sahara occidental est tout proche à vol d’oiseau, donc … à la nage… ou en bateau), d’Amérique du sud (principalement Argentine peut-être en raison des racines italiennes des argentins?)
Car ici, beaucoup, beaucoup de personnes sont parfaitement bilingues, voire trilingues et plus.

Logiquement, les parents rêvent pour leurs enfants.
Et logiquement leurs rêves sont multilingues et multicultures.

Et… probablement comme « partout », le choix de l’établissement d’enseignement « obligatoire » semble vraiment stratégique.
Ici, l’école du centre du village, la plus proche du vieux village où est située l’unique  « Escuela Infantil Municipal » est celle où devant l’entrée et la sortie se rassemblent la grande majorité des mauritaniennes, drapées dans leurs merveilleux voiles translucides et multicolores.
Etrangement  cette école maternelle (on est encore loin de l’université!) ne fait pas l’unanimité parmi les personnes qui rêvent d’un avenir multilingue et multiculture pour leurs enfants.

Ca me fait sourire.

L’année prochaine, c’est devant l’école maternelle que j’irai écouter ce qui se raconte.
Peu importe l’uniforme que portera ma petite fille, j’irai ensuite au parc ou à la plage pour jouer avec elle, sans me préoccuper de ce que pensent les « locaux » au sujet de l’écusson brodé sur son tee-shirt.

Et dans mon regard, le monde est et restera multicolore, passionnément.

Transmission

Transmettre : faire passer d’une personne à l’autre

Et nous voilà bien avancés quand il s’agit de pondre un petit billet au sujet de « la transmission », donc au sujet de l’action de transmettre.
Transmettre ?
Quoi?

Plus important que le verbe est le « quoi » !
Car, rien dans la lexicographie ne donne une quelconque piste à ce sujet.
En descendant au rayon mécanique, il est possible de découvrir que la transmission est l’opération par laquelle un mouvement est transmis d’un élément à l’autre.
Dans le rayon physique, il s’agit de la propagation d’un phénomène…physique…

J’avais besoin d’aller regarder le dictionnaire pour circonscrire le sujet et me voilà guère plus avancée.
J’entends déjà les commentaires.

J’entends déjà les commentaires,
il suffirait de presque rien
Peut-être dix années de moins
(…)
Mais pourquoi faire du cinéma,
Fillette allons regarde-moi,
Et vois les rides qui nous séparent.
A quoi bon jouer la comédie

Amusant cette chanson qui fait surface… La petite musique danse dans ma tête…
Mais là n’est pas le sujet.
Quoique, il s’agit, dans bien dans ce texte de « transmettre » quelque chose!
Non?

Donc.
L’idée de ce billet a germé, faisant suite à une question trouvée dans ma boite mail : « la transmission au long cours… C’est aussi une de mes préoccupations du moment. Sans être nostalgique, comment donner des racines, ancrer nos jeunes dans les expériences passées? »
une question ravivée par la grâce de quelques mots sur FB.

Je pense sincèrement que seuls les plus-vieux-moins -jeunes pensent à cette histoire de transmission.
Car dans le « quoi » que jamais ils ne précisent, il y a une question métaphysique « Que restera t-il de moi-je, demain, très bientôt, quand je serai plus là? »
Les enfants, les ados, dans leur toute puissance vivante n’explorent pas ces questions avec autant d’angoisse que les plus-vieux-moins-jeunes. Ils se nourrissent d’exemples et d’expériences vécue à leur manière avec ce dont ils peuvent disposer, en famille, entre « potes » et dans le monde.
Parmi les graines mises à leur portée, certaines poussent ou pousseront, d’autres non. Comme dans la nature, certaines graines ont besoin du passage du feu pour germer, d’autres ont seulement besoin d’eau et certaines ont besoin de beaucoup d’attention.
L’attention, pour pouvoir la prodiguer, il faut du temps et le temps est denrée rare par le temps qui court.

Grand-mère, je ne me préoccupe jamais une seule seconde de « quoi »  je transmets à mes petits enfants.
Je sais ce que j’ai gardé de mes parents, de mes grands-parents, c’est ce dont j’ai eu besoin pour arriver là.  Ils étaient tranquillement eux-mêmes comme ceux de leur génération, ils ne vivaient pas à crédit, ils n’étaient pas envieux des riches, ils ne se plaignaient pas le samedi midi après 45 heures de boulot et si je les entendais parfois fatigués, c’était parce que le printemps était arrivé et qu’ils venaient de retourner à la bêche le jardin qui allait en partie nous nourrir.
J’ignore complètement ce que les enfants garderont de moi.
Alors, pourquoi me poserai-je la question de ce que garderons mes petits enfants ?
Peut-être le nom des fleurs?
Le sens des vagues?
Un brin de folie?
La couleur de mon laptop?
Le goût d’une herbe sauvage ?
La traversée de la ville en tram ?
Quelle importance ?

Il me parait tellement vain de chercher un « quoi » alors même que j’ignore tout de demain, donc des besoins qui seront les leurs.

Partir à la conquête des archives en ligne

Pendant longtemps, les recherches généalogiques sont restées l’apanage de personnes spécialisées.
Il était non envisageable, pour quiconque était dénué de fortune, de remonter bien loin les lignées de ses ancêtres.
Et puis, dans les années 1990, la numérisation des archives publiques fut initiée.
Petit à petit, chaque commune s’y est mise que ce soit à l’aide d’entreprises privées, de sociétés généalogique ou de bénévoles passionnés.
Finalement une bonne partie des archives numérisées fut mise en ligne et offerte au public. Il suffit aujourd’hui de rester chez soi et de cliquer sur un site d’archives départementales pour accéder rapidement aux registres d’état civil et, peut-être, découvrir la trace d’ancêtres.

Ainsi décrite, l’affaire parait triviale.

Comme toujours, dans la vraie vie, c’est un peu plus compliqué.
Partir explorer les archives, c’est un peu comme partir à la découverte d’un pays inconnu.
En temps que randonneuse curieuse, je peux facilement comparer avec mes longues marches.
Il faut pouvoir se mouvoir en terrain varié : les présentations diffèrent et sont plus ou moins facile à dérouler.
Il faut accepter les traversées de marécage, les route coupées par des abîmes infranchissables, les buissons d’épines qui font « perdre du temps »… Il faut accepter sans jamais se départir d’une curiosité inlassable occasionnant tellement de détours parfois tellement vains.
Enfin, il faut savoir que c’est à haut risque d’addiction : s’embarquer dans une expédition nécessite une bonne part de réflexion pour qui doit aussi consacrer du temps à son boulot et à sa famille.

Une fois que la décision est prise et que quelques balades d’entrainement ont donné le ton, il est prudent de s’équiper à minima.

Pouvoir disposer de deux écrans n’est pas un luxe.
Si j’en avais un de plus, il est certain que je l’utiliserais aussi!

Faire entrer un logiciel de généalogie dans son PC est indispensable.
Acquitter son obole auprès d’un site de généalogie, c’est comme monter dans un bus ou comme faire du stop : c’est une solution pour avancer plus vite quand il semble impossible de faire un pas de plus. Mais ensuite,  exactement comme après la descente d’un bus ou d’une voiture, il faut reprendre la marche lente et piégeuse de la randonnée ordinaire. A mon avis, il faut attendre d’avoir fait assez de chemin avant de choisir ce « coup de pouce », simplement parce que pour pouvoir « aller plus loin » il faut déjà avoir marché bien loin.

Et donc, grâce aux archives numérisées, il est possible, tout en restant devant les écrans, une tasse de café (ou de thé) à la main, il est possible de monter un bel arbre généalogique à condition de rester dans les départements où un maximum d’archives est mis à disposition.

Dans ma recherche, je dois dire que j’ai été bien gâtée par le deuxième passage sur le site des archives de Lyon : en cinq ans une quantité industrielle de registres a été ajoutée.
Cependant, que j’élargisse aux archives du Rhône et je me retrouve devant des marches infranchissables, incapable de passer le cap entre ce que je sais déjà parce que je suis un peu vieille et  les registres absents de l’époque de mes grands-parents.

Or, de mon point de vue, ce qui est le plus passionnant, ce n’est pas de savoir qui étaient mes ancêtres au 17ème siècle, mais de réussir à connecter entre eux les grands oncles, grandes tantes et autres cousins dont parlaient les parents, mais de réussir à trouver ce qui faisait que nous allions visiter telle ou telle personne à tel endroit, mais de découvrir la réalité derrière les souvenirs interprétés en vrac lors de ma traversée de l’enfance.

Dans ma recherche, le plus compliqué reste le terrain alsacien. Entre 1871 et 1902 (rien d’autre après) les archives sont rédigées en allemand, il n’y a aucune trace de recensement et un bon paquet de registres détruits. Et pour corser l’aventure, il y a dans le village de naissance de ma grand-mère une quantité incroyable de familles avec le même patronyme !
Têtue, je poursuis l’exploration, saisissant chaque fil, imaginant parfois qu’en suivant les cailloux blancs, je vais trouver un chemin qui débouche… en vain pour l’instant.

Qui aime randonner apprend à faire l’éloge de la lenteur.

Femmes, femmes, femmes


Dans Le Monde du 28 avril 2018, il y avait cette double page.
Catherine Vincent a recueilli les propos de Delphine Gardey.
(Chaque mot a son importance, pour avoir été maintes fois sollicitée, je sais ce que signifie « propos recueillis » dans une mise en page façon dialogue…)

Il y a un bon paquet de « brouillons » qui dorment de mon côté de ce blog, il y a aussi une énorme quantité de billets  dont un certain nombre sur ce sujet là : femmes, femmes, femmes.
En tapant par hasard, il y a par exemple En marchant, en pensant
Il y a Adolescence Majeure et/ou aussi 100%féminin

Si je suis globalement mal à l’aise avec les raisonnements strictement binaires, j’accepte facilement certains faits absolument indiscutables, par exemple :
– Toutes les pièces de monnaie, toute les médailles ont un côté pile ET un côté face, l’un étant indissociable de l’autre.
– Dans l’espèce humaine, la reproduction nécessite l’alliance d’un gamète mâle avec un gamète femelle. La manip peut se faire en laboratoire mais le zygote obtenu après fusion entame une division qui le fait passer au statut d’embryon, lequel embryon humain doit OBLIGATOIREMENT être introduit dans un utérus bien préparé pour croitre jusqu’à devenir foetus et un jour voir le jour sous forme de petit d’humain.
De fait si une pièce de monnaie peut s’appeler un sou, et changer de genre au passage, dans l’espèce humaine rien ne permet de changer de genre. Chaque individu produit soit des gamètes mâles, soit des gamètes femelles et seule la femme possède un utérus capable de « couver » convenablement un petit humain.
C’est non discutable.

Pourtant, il suffit d’ouvrir son laptop, la radio ou la télévision pour entendre de drôles de sons de cloches, discordants, cacophoniques.
Des sons de cloches qui chantent l’égalité, des sons de cloches qui affirment la faiblesse de l’un par rapport à l’autre donc la nécessaire protection de l’un sur l’autre, des sons de cloches qui créent de nouveaux genres uniquement basés sur une apparence physico/vestimentaire, etc.

Je dois bien dire que je suis pas très à l’aise quand la musique est à ce point discordante!

Il parait que la société a évolué, que la société est plus ouverte, que la loi donne des droits équivalent aux personnes mâles ou femelles, aux personnes qui désirent se reproduire physiologiquement, aux personnes qui souhaitent assurer leur descendance de manière plus technico-légale, aux personnes qui ne considèrent que l’apparence physico/vestimentaire, à toutes les personnes aussi revendicatrices d’individualité qu’elles soient.
Il parait.
En France, la loi reconnait toutes ces personnes comme citoyennes, ayant un même accès au droit de vote par exemple. Je pense donc qu’il est inutile de faire paraitre la notion de genre sur les papiers d’identité. Puisque sur ce plan citoyen, il n’existe pas de différence, il est non-utile de faire apparaitre une différence administrative. De mon point de vue, ce serait un véritable pas fait vers « l’égalité ».
Et…
Et pourtant, rien ne dit que cette égalité là est souhaitée.
Car il est bon pour certaines personnes de s’affirmer au pouvoir.
Car il est bon pour certaines personnes de s’affirmer « à protéger ».
Et « tout ça » n’a absolument rien à voir avec les gamètes mâles ni femelles.
C’est simplement et de manière sporadique l’exposition d’une certaine hystérie sociétale où il est question de « mise au monde » donc de creuset (utérus, matrice, ὑστέρα à l’origine du mot hysterie)
Car, la réalité, c’est que notre espèce humaine est grégaire et socialement organisée. Il faut obligatoirement une personne à la tête de chaque troupeau.
Et il faut obligatoirement que certaines personnes créent une opposition pour renouveler la tête du pouvoir.

Adèle est née


C’est pas passé à la télé ni sur les réseaux sociaux, c’est banalement quotidien.

Chaque jour de nouveaux terriens débarquent sur terre, chaque jour d’autres montent au ciel!
Enfin quand je dis « montent au ciel », c’est parce que la légende est tenace, à moins qu’on ne considère les crémations de manière métaphorique!
Oui, je sais, c’est du tout cru, du brut joellien!
En fait, c’est surtout un jeu avec les mots : arriver sur terre, monter au ciel… Naitre et mourir… C’est la vie, simplement la vie.

Et j’aime ce mouvement qui nous fait sortir des entrailles mystérieuses, nous dépose « sur terre », nous laisse chercher un chemin puis nous emporte inexorablement vers un ciel dont personne n’est jamais revenu.

Après ces quelques lignes, vous comprendrez facilement combien pondre un titre à propos de ce billet fut ardu!

Tout a commencé cette nuit.
Et si tout à commencé cette nuit, c’est simplement parce qu’hier dans la nuit, je me suis rendue auprès de celle pour qui « ça commençait ».
Et elle m’appela simplement, parce que depuis quelque mois la gestation avançait.
Et l’avancée de la gestation n’était que la suite simple d’un commencement, il y a un peu plus de huit mois…
Dois-je écrire une énième fois que je suis follement amoureuse de la Vie, de son éternel recommencement, de son infinitude, de son impermanence, à moins que ce ne soit seulement du mouvement? De la respiration?
Voilà, je viens de l’écrire.

Donc, cette nuit, j’étais réveillée très tôt comme d’habitude.

Dans la nuit noire, plusieurs possibilités adviennent : lire, écrire ou écouter.
Quand j’en ai marre d’écouter mes pensées (et c’est fréquent), quand il n’est pas l’heure d’écrire, quand il n’est plus l’heure de lire, j’écoute la radio. J’écoute toujours la même fréquence, chez moi, c’est 94.2.
C’est une radio où les gens parlent tranquillement, parfois avec beaucoup d’érudition, souvent de manière touchante.
Et cette nuit, j’ai entendu parler de vie.
J’ai tendu l’oreille, j’ai ouvert tout grand mon attention somnolente, il était bel et bien question de mises au monde… comme par hasard… de diverses mises au monde!
Après avoir consciencieusement noté le nom de l’intervenant sur un espace vif de ma mémoire assoupie, je me suis laissée embarquer pour jouer les prolongations dans les bras de Morphée. C’est jamais bien long la période des prolongations, mais c’est une occasion de centrer dont je profite avec délectation.

Dès que j’eus mis pied à terre, au lever du jour, j’ai bu un café.
Oui, c’est banalement quotidien!
Oui, aussi banal que l’arrivée de petits terriens sur terre!
Et, avec l’odeur du café dans la bouche,
Toutes les idées en vadrouille se sont assemblées de manière fort logique.

Les pensées soulevées par les émotions vécues la veille faisaient bloc : Il y avait le chiffre trois, il y avait « quatrième », il y avait des naissances, un enfant qui voit le jour, une merveilleuse session dans les vagues en compagnie de « mes gars », une conversation au coin du feu, un retour philosophique… pour lier ce « tout » il y avait mes souvenirs de maïeutique, Les « bonnes » raisons de chaque passage, « ob-stare », etc, etc…
Dans ce bloc hétéroclite, je voyais se dessiner très précisément une histoire d’homme qui n’aurait pas d’existence sans la présence des mères, une longue histoire de maternité qui ne pourrait jamais voir le jour sans la présence des mâles.
Car , j’ai toujours tissé ensemble les deux genres, les deux sexes, sans jamais les opposer, les séparer, prêter attention à un fil plus qu’à un autre.
Moi qui fut tellement ce qu’on appelait « garçon manqué » ;  je suis née mère en traversant mon corps, emportée par la vitalité de mes fils.
Depuis toujours, je cherche, j’explore et je passe au service d’une complexité qui est absolument neutre, sans camp déterminé, définitivement multicolore.
Je peux affirmer « OUI, la naissance n’est pas une histoire de femmes ».
Et je me moque bien de ce qu’en racontent les microcosmes militaires.
D’ailleurs à leur tête, avez vous bien regardé qui tire les ficelles?

En résumé : Adèle est née, d’un mâle et d’une femelle.
C’est tellement banal!