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De la compétition


La compétition!
Encore un mot tellement ouvert qu’il faudrait plusieurs chapitres pour argumenter sans même en venir à bout.
Lutte? Pour qui, pour quoi?
Rivalité? Sur quel sujet? Dans quel objectif?
Interaction? Entre quoi? entre qui?
Et j’en reste à la seule langue française pour éviter d’entrainer mes réflexions sur la voie de la mondialisation, des interprétations parfois hâtives qui compliquent la lecture des ouvrages ré-écrits par les traducteurs.
Car la compétition est partout.
Du commencement à la fin
N’est-ce pas un spermatozoïde et un seul qui pénètre la membrane ovulaire à l’issu d’une course périlleuse où ils sont des millions au départ?

Car qu’est-ce que la vie sinon une lutte de chaque instant et de chacune de nos cellules?
Car qu’est-ce que la vie sinon une interaction constante avec notre environnement?
Car la vie est-elle possible sans rivalités, sans frustrations, sans victoires petites ou grandes?

Hier, il y avait une compétition sportive sur la côte vendéenne.

Nous étions trois joyeux lurons,
Heureux de revoir les copains du monde,
De lancer ces « Salut », « Hi » ou « Ola »
Qui n’ont de fraternels que l’apparence
Dans l’instant des retrouvailles au coeur de l’instant.

Car après l’âpre bataille,
Après les congratulations,
Chacun monte dans sa voiture et revenant à sa vraie vie,
Referme la parenthèse.

Nous étions trois, en marge.
Ravis, joueurs, décontractés.
Quand ceux qui venaient pour en découdre,
Gagner des sous, empocher une sélection
Mesurer le résultat de leur TRAVAIL d’entrainement
Ramaient sur le support officiel,
Nous étions là avec nos va’a!
Ravis, joueurs, décontractés.

Et c’était super délicieux sous le soleil,
Contre le courant de grande marée,
Dans le vent de travers!
Et nous avons conclu en mangeant des frites,
Devant une bière!
Et le plus merveilleux, dans mes yeux,
C’était le réel bonheur de E.T, l’ancien pro
Qui ayant maintes fois repoussé ses limites
Sa battant contre lui-même quand d’autres souhaitaient se battre contre lui,
Qui repoussant encore et toujours ses limites
Dans d’autres aventures,
Nous avait proposé un simple jeu, pour le fun.
Y être, en marge
Sur le même parcours,
En sentir le décor,
Toucher ce « ensemble » tellement addictif
Respecter la mise en scène,
Sans laisser de trace,
Et se sentir libres en même temps.

A la marge… les gars devant, je suis derrière!

Encore une histoire de chemin


Ce chemin là était resté invisible à mon regard pendant toutes les années où je marchais, tête baissée vers plus loin.

Je marchais tête baissée?
Je ne sais pas.
Je sais qu’il m’est souvent arrivé de grimper tout droit dans la pente, impatiente que j’étais d’atteindre le sommet que je m’étais fixé.
J’ai sans doute parfois pris des risques.
j’ai souvent  traversé des passages « acrobatiques » qu’il eut été plus aisé de franchir sur un « meilleur » chemin, sur un chemin tracé par d’autres.
Globalement,  j’ai réussi à vivre mes rêves.
Grandement.

Ce matin, en partant à nouveau à l’assaut de la montagne, je pensais à l’âge qui vient et qui apporte un peu de modération, ouvrant mes yeux sur des possibilités plus raisonnables.
Je me disais aussi qu’il est important pour tout enfant de rêver à son devenir d’adulte, il n’a pas d’autre choix que de viser tellement plus haut que ses capacités d’enfant.

Et puis, je pensais à ce temps passé à multiplier les points de vue.
Inlassablement.

Ce temps passé à prendre le risque
De n’être jamais comprise.
Perchée quand les autres sont cachés
Cachée quand l’exposition est à la mode,
Dans la foule àl’occasion,
Seule et ensemble toujours.

Inlassablement.
En équilibre,
Multiplier les points de vue.

A l’image d’un funambule?
Comment danser sur un fil ?
Sinon en vérifiant toujours,
Soi-même
Chaque extrémité,
Assurant un ancrage dans la réalité,
Et expérimenter la solidité,
Renseigner les sens,
Dans tous les sens,

Inlassablement.

 

Et après?


Quand j’ai posté cette image sur ma page FB, je n’avais pas  imaginé les tourbillons de pensées qui allaient suivre.

Un très bon ami écrivit : « Avancer, et voir sa « marque » qui part en ondes avant de disparaître. C’est pas si mal »
Et illico, je postais : « (…) C’est juste fou, tu n’imagines pas! La trace, l’empreinte et tout ce qu’on laisse traîner, c’est pour moi le centre de tellement de questions qui tournent sans réponses (…) »

A peine avais-je écrit ces quelques mots que tout se bousculait en bon ordre dans ma tête.

La réalité, les métaphores, les histoires de passage, les navigations dans le désert ou sur l’océan, les métaphores encore… et mes cogitations de l’été (particulièrement celle-ci et celles qui suivent, juste avant le départ en randonnée)

C’est une histoire de fou, c’est un entrelacs de paradoxes qui me faisaient alors face, en toute bienveillance et sans le moindre esprit guerrier.
Et très rapidement,  j’assistais à leur dilution dans l’image de ce vortex immobilisé dont j’avais suivi le plus loin possible la disparition.

Pour une fois, j’avais trouvé une réponse!

 

100% féminin


La photo date de 1920.
Ma grand-mère âgée de 19 ans pose avec son premier enfant.
Un fil qui restera unique.

Hier, sur « le mur » d’une amie, je lisais une discussion où il était question d’apparence féminine.
L’attitude des mâles était l’objet de la controverse sur le ton « c’est toujours eux qui décident ».
En filigrane, je lisais ce que je déteste lire, une espèce de théorie du complot selon laquelle les femmes seraient de « pauvres petites choses » soumises à la contrainte de « l’autre genre ».

Il était vain de tenter toute « réaction » sur ce mur, j’ai gardé l’idée de ce petit billet sous le coude.

Car, un mystère a longtemps préoccupé les cerveaux des « savants », ces personnes du « bon genre » qui ont fait couler tant d’encre pour définir un statut aux humaines si différentes d’eux.
Différentes car non pourvue d’appendice extérieur.
Différentes car fluettes de voix.
Différentes car d’un tour de taille fluctuant.
Différentes pour plein de « bonnes raisons », de manière très factuelle.
Ce mystère,
Ce mystère quel était-il?

Ce mystère, c’est que ces personnes si différentes donnaient naissance à des enfants différents d’elles, à des enfants pourvu d’un appendice bien visible et plein de promesses.

Ce fait a engendré beaucoup, beaucoup de réflexions et d’actions parmi ceux qui désiraient se reproduire à l’identique et qui n’avaient pas d’autre choix que l’acceptation.

L’acceptation des faits.

Nous sommes tou(te)s né(e)s avec une étiquette « 100% made in femme » collée au corps.

 

 

Lundi 25 septembre, une journée entre parenthèses


« Une saveur s’affirme doucement depuis le retour.
Celle de la dragée.
La vraie dragée, celle des baptêmes et des mariages de mon enfance
Le « bonne »dragée
Qui contient une grosse amande.
De cette gourmandise de « fête sacrée »
Que je laissais fondre patiemment
Jusqu’à sentir le rugueux de l’amande
Ce rugueux de la peau brute, dont la texture
Se dévoilait au fur et à mesure que le sucre fondait.
Puis, je sortais le fruit de la bouche
Pour « le voir », le découvrir, en ôter la peau
Et le goûter encore, trouver le lisse sur les papilles
Avant d’achever
Avant que les sensations ne deviennent souvenirs
Mêlés,
De sucré, de rugueux, de lisse, de subtil
De l’amande, de la dragée, de la fête
C’est bien le temps passé qui fut savoureux! »
in Passage de vies, Editions l’instant Présent, 2008, ISBN 078-2-916032-10-8

8h58
TER 67266
11H47
3854
006-36
16H32

Quelques chiffres pour déjà entrevoir la fin de la parenthèse Biarrote après mon arrivée à Hendaye.
J’ai systématiquement besoin d’un moment entre parenthèses au retour d’une aventure quelle qu’elle soit, que ce soit une aventure de quelques heures, de plusieurs jours ou de plus encore.
C’est une respiration indispensable.
Il peut s’agir d’un temps de silence dans la voiture arrêtée, c’est possiblement une longue errance dans la zone « neutre » d’un aéroport, c’est pourquoi pas, un voyage en train.
L’essentiel est entièrement contenu dans l’identification de la zone « entre parenthèse ».
Dans cet espace, tout est possible, c’est un entre-deux, un espace où mon costume est indéfini, où je suis en état de suspension avant re-constitution.
J’aime infiniment cet état.
Il répond entièrement à l’adjectif d’extra-ordinaire tant il est rare et tant je le protège comme quelque chose de très, très précieux.

C’était une chance de pouvoir vivre cette parenthèse à Biarritz, sous un ciel chargé, dans une ville déserte, hébergée dans une maison historique.

J’ai passé la journée à déambuler, à regarder les vagues aller, venir, s’écraser, éclabousser, s’envoler en mille particules d’embruns, vivre.
J’ai passé la journée à rêvasser, à regarder l’horizon, se voiler, se découvrir, essuyer les grains, se couvrir et s’illuminer, vivre.
J’ai passé la journée, le nez vers le ciel, à regarder les oiseaux marins, piquer, décoller, planer, voler, plonger, vivre.

Des milliers de pensées se bousculaient et passaient.
J’avais amassé un bouquet de métaphores suffisant pour éclairer mon quotidien pendant plusieurs mois.

L’après-midi, je suis partie à l’assaut du phare.
Un sommet si vite atteint.
Mais le sommet local.
Prendre de la hauteur élargit toujours le point de vue.

Et j’ai encore marché, marché.

Enfin, la fin était proche.
Manger une glace.
Acheter des espadrilles dorées
Faire provision de gourmandises à offrir
Et aller pour un ultime diner dans la maison basque.

8h58
TER 67266
11H47
3854
006-36
16H32

Sur la dernière page griffonnée par l’escapade 2017, juste après les chiffres, il y a cette phrase :
« Chacun peut trouver un sens à sa voie. »

Peut-être?
Je ne sais pas « pour les autres ».

Hier soir, « comme par hasard » un bouquin s’est posé entre mes mains. Je l’ai dévoré, trouvant noir sur blanc toutes les questions qui m’habitent, illuminées par des éclairages auxquels je n’avais pas pensé, prenant racine dans notre histoire. Une histoire dont je suis bien incapable d’embrasser la totalité, ce qui m’offre la chance d’apprendre encore et toujours.

Quel bonheur que de pouvoir rencontrer, lire, découvrir « les autres » pour comprendre toujours plus loin.

J’avais envie de trouver une petite phrase dans ce livre tout fraichement ouvert, il y en a des dizaines qui pouvaient faire l’affaire.
Je dirais que chaque petite phrase posée au cours de ce « feuilleton » étant toujours une invitation à découvrir un bouquin, un auteur et ce qu’il y a autour, il en va de même pour cette dernière :
« Je mets donc mon espoir dans l’idée qu’en développant une autre image de notre vie mentale, une image qui rende justice à notre nature d’êtres sociaux, nous serons capables de mieux comprendre les conditions de possibilité d’une véritable individualité – une individualité sociale échappant au solipsisme et enracinée dans des pratiques qui nous incitent à la coopération mutuelle. L’individualité n’est pas une donnée mais un objectif à atteindre, et nos efforts dans ce sens ne peuvent se passer de la contribution de nos semblables. »
Matthew B. Crawford, Contact, traduit de l’américain par Marc Saint-Upéry et Christophe Jaquet, Editions La Découverte, 2015, ISNB 978-2-7071-8662-1

A plus loin…

Deux poids, deux mesures

Deux poids, deux mesures affirme le dicton?
Et certainement beaucoup plus de deux,
J’ajoute!

Ainsi en est-il du temps qui passe.

« Voilà une semaine que je suis rentré(e) et j’ai l’impression que ça fait une éternité »
Qui n’a jamais été traversé(e) par cette réflexion?

Pourtant, rien n’existe moins que le temps.
Pourtant rien ne se mesure plus incessamment que le temps.

Nous avons inventé de quoi mesurer le temps avec une précision folle parce que nous avons inventé la notion de temps, le temps perdu, le temps passé, et le temps gagné.
C’est fou, non?

Et la relativité?
On la pose où?
On s’en fout.
Quand ça nous arrange.
N’est-ce pas étrange,
Cette réalité?

Je me souviens d’un temps où passaient des nouveaux-nés, entre mes mains.
Je me souviens de LA minute.
LA minute après laquelle il est convenu de délivrer une note.
Une première note,
En évaluation d’un score.
LE score qui marque à vie la qualité d’entrée dans le monde
Désormais calculé selon la plus rigoureuse norme.

Et je me souviens de cette minute absolument interminable pendant laquelle le naissant se déplisse, se déploie, se colore et enfin respire.
Une minute qui parfois semble plus longue qu’une heure à attendre sur la quai d’une gare.