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Le vent


Hier, après avoir ouvert mon écran sur diverses actualités
Je suis sortie marcher dans le vent.

Le vent violent.

Je suis allée le toucher, aussi haut que je pouvais monter.

En bas le sable volait
Dessinant des ondes
Soulevant des volutes
De poussière.

Au sommet du cratère
J’ai reculé
Sous la bourrasque
Les petits cailloux
Se promenaient.

Alors, j’ai marché à la recherche d’un juste milieu.

Là, un abri existait
Une combe
Ecrasée de soleil
Au sable lissé
Une fenêtre de paix.

Et il fut temps de rentrer, légère dans le vent, imprégnée par le vent.



Plus, tard, face au vent, sans effort apparent, comme tous les autres avions de la journée, celui qui nous ramenait au quotidien a pris la route du ciel.

Reset (part one)

Hier soir, j’avais encore pas mal d’énergie à libérer et j’ai eu envie d’aller grimper au sommet d’un de ces petits sommets où les premiers habitants de l’île avaient l’habitude de venir graver les rochers.

Illuminés par le soleil déclinant, l’endroit est superbe.

Un couple de buse dessinait des cercles juste au dessus.
Les chèvres qui viennent s’abriter tout contre la roche chaude pour passer la nuit étaient en vadrouille sur une autre montagne.
En l’absence de vent, la montée fut facile et l’escalade à moindre risque.
Les blocs de basalte étaient là.

Immobiles.

J’allais directement à la recherche des traces ancestrales.
Je les avais déjà caressées du regard, environ cinq ans auparavant.
J’aime sentir la vibration des passages très lointains, elle met en exergue la réalité de l’imperceptible empreinte laissée par notre passage à chacun, sa futilité, l’impossible interprétation, la puissance des éléments qui font leur job a eux, annihilant sans coup férir et au long cours les programmes humains les plus élaborés.
Et tant.
Et plus.
J’aime? J’ai besoin, c’est certain.

Reset.

Reset! C’est le mot qui m’est venu en premier une fois passée ma surprise, une fois calmées les ondes émotionnelles produites par le choc visuel que je venais de subir.
Reset : après des siècles de subsistance, les gravures ont disparues, recouvertes par des centaines de graffitis contemporains, de ceux là-même que gravent les gens sans vergogne, qui sur les murs en tuffeau des remparts du château de Nantes, qui sur le sable fossile des vallées « enchantées » de cette île, de ceux là-même qui grimpent le plus haut possible et si possible à moindre effort le plus loin possible, dans le seul but de faire un selfie, de l’envoyer illico et de très vite l’oublier en passant au suivant. Au suivant, au suivant…

Il faut vivre avec son temps, vivre dans le monde que nous habitons, avec ce qu’il est ce « monde », donc aussi en compagnie des personnes qui sont autant que nous « m’aime » partie de la société qui nous abrite.
Aucun autre choix n’est proposé, à personne, quoi que nous puissions imaginer, la réalité est là, implacable.

J’ai levé les yeux vers les deux buses qui tournaient.
J’ai regardé l’océan au loin.
J’ai respiré les rayons rougissants qui envahissaient peu à peu l’horizon.
Et je suis partie.

Le retour de Little bird

(image réalisée dans la rue sans trucage)

Et bien il était grand temps qu’il atterrisse pour m’aider à réfléchir ce Little Bird.
Il a fallu qu’il revienne se blottir dans ma poche pour que je mesure à quel point j’avais besoin de son regard afin de naviguer en paix au coeur de ce temps étrange.

Par quel mystère a t-il débarqué dans la ville?
Il était posé devant le commissariat central, je l’ai immédiatement reconnu!
J’étais en vélo, le temps que je stoppe, il s’était envolé et regardait par dessus le parapet, visiblement inquiet.

Je me suis approchée sur la pointe des pieds, redoutant de le voir plonger, sous l’effet d’un vent de surprise.
Il ne bougeait pas.
Hop, d’un geste prompt ressurgit du passé, je l’ai pris en main, caressé avec tendresse et hop, je l’ai mis dans une poche que j’ai consciencieusement refermée.

Une fois à la maison, il a vite retrouvé ses marques, c’est comme si nous ne nous étions jamais quittés!

Il m’a raconté à quel point il ne comprenait plus rien à ce monde.
Alors, cousu de silences, de mélodies et de poésies, nous avons refait notre monde juste à nous.
L’heure a tourné.
L’heure d’une nouvelle sortie « dehors » sonnait.
J’ai essayé de lui expliquer les rues terriblement vides ; les petites archi-vieilles, celles qui ont actuellement interdiction formelle de mourir, jacassant à distance l’une de l’autre ; le gars masqué qui ôte son masque pour parler avec une personne de sa diaspora ; les passants tête baissée, les affiches sur les devantures, etc.
Je suis pas certaine d’avoir pu lui permettre de comprendre la situation d’un seul coup d’oeil.
D’ailleurs, lorsque je lui ai proposé d’aller discuter avec une passante masquée, histoire de lui prouver que c’était bien une humaine qui était derrière, il accepta avec joie, persuadé que c’était une « soignante ». Ne lui avais-je pas expliqué que cet accessoire est aussi inutile, en balade, pour lui que pour moi ?
Il s’empressa de poser la question « toi, tu soignes les gens, n’est-ce pas? »
Et ben non.
Alors, logiquement il demanda « tu es malade? »
Et ben non.
« Tu as peur »
Oh…. Que oui!
Et hop, Little bird se retrouva prestement posé par terre!
Il en avait vu d’autres et il a bien gardé la tête sur les épaules.
Soucieuse, je lui ai expliqué qu’il fallait que je le « décontamine » après ce passage sur des gants improbables.
Il s’est laissé faire, tristement.

J’ai bien l’impression qu’il va falloir un bout de temps et mille questions avant qu’il ne trouve le courage de s’envoler à nouveau!
Ou pas!

Empreintes et Traces

Je me souviens du jour où C. m’avait invitée pour une deuxième séance photo.

Afin d’illustrer un ouvrage, j’avais sollicité son art et notre connivence : il s’agissait de poser des instants sur pellicule, puis de les transposer sur papier argentique avant de les porter chez l’imprimeur, tout un processus presque désuet qui était d’une grande importance à mon coeur.

Pour l’aventure, elle avait prévu plusieurs rouleaux de 12 poses chacun. Après la première séance, il lui restait un rouleau indemne : douze images potentielles et peut-être aucune.
Nos exigences étaient ce qu’elles étaient.
Elle avait une idée en tête et j’avais envie de la suivre.

Quand je regarde aujourd’hui ce souvenir, il me vient une grande quantité d’émotions joyeuses et intenses.
Ce fut son idée.
Elle avait tout préparé.
Elle avait pensé la mise en scène dans les moindres détails.
Il restait l’imprévu de la lumière
Et celui de l’inspiration du moment précis
Où la pellicule allait être impressionnée.
Moment intensément subtil.

J’ai laissé une trace sur le parquet tout neuf.
Une seule.
Et puis, elle l’a effacé à grande eau.
La séance était terminée.

Il reste l’empreinte de ce passage
Et les émotions qui me traversent en regardant les images
Sont les impalpables reflets de cette empreinte.

Combien de fois, lors de mes randonnées, combien de fois dans chacune de mes aventures, combien de fois me suis-je retournée afin de vérifier que je ne laissais pas de traces?
Ou alors des traces si infimes que le vent et le ciel allaient s’empresser de les effacer…

A propos de rien

Il parait que je n’ai pas alimenté la page depuis un bout de temps.

Voilà que ce matin, le passage d’un petit rien sur un page des réseaux sociaux m’a donné un souffle d’inspiration et l’envie d’écrire quelques lignes.

Pas simple d’illustrer mon propos, car si « rien » est réellement une absence, rendre l’absence présente, c’est lui donner vie, lui donner sens et donc elle devient « quelque chose », donc autre chose que ce qui saute à l’idée quand le mot « rien » est utilisé.

D’abord, plutôt que de le parodier, je renvoie au merveilleux texte du magnifique Raymond Devos.
Ensuite, comme d’habitude, je vais moi aussi parler pour ne rien dire!

C’est un peu comme le sujet de la gratuité cet « à propos de rien ».

Ce matin donc j’ai lu que des personnes sont spécialistes dans l’offre de « cadeaux pour rien ».

Personnellement, en bonne spécialiste du refus des injonctions, j’ai une forte propension à offrir aux personnes chères des pensées et/ou des objets sans attendre « une occasion officielle ». A noter que je viens d’écrire « personnes chères », donc personnes qui ont un « prix » à mes yeux. J’ai fortement conscience de ce « détail » : la vie en société impose un ordre, un sens, des remerciements parfois, en tout cas quelque chose qui est autre-chose que « rien » et/ou « gratuit ».
Donc…
S’il y a un moment où je suis assez non-patiente c’est bien ce temps qui passe entre l’instant où j’ai envie de faire plaisir à une personne, envie d’envoyer un signe de reconnaissance, voire besoin de signifier un remerciement, et l’instant où mon envie se retrouve en face du besoin précis de la personne « visée ».

J’ai observé que lorsque ce temps s’allonge, mon plaisir initial se dilue.

J’ai observé aussi que les jeunes enfants sont dénués de filtres, ils sont capables de jouer avec un carton et des bouts de ficelle et de dédaigner le « truc » qui était censé leur faire plaisir comme ils sont capables de tout déballer « pour le plaisir » de finalement jeter leur dévolu sur le seul « truc » qui leur fait réellement plaisir dans l’instant.
Néanmoins, afin de les inciter à rentrer dans le cadre sociétal avec les règles inhérentes, les enfants innocents seront sommés de remercier, y compris pour les « trucs » qui ne leur plaisent visiblement pas. Et l’argument sera souvent « c’est pour faire plaisir »!
Ainsi, au fur et à mesure du temps de vie qui s’écoule, les filtres s’élaborent, et il devient de bon ton de « mentir » en affirmant un plaisir là où il n’en existe pas toujours.

Et ce n’est pas rien!

La Loire, émoi (2)

Pressée par la course de la vie, j’avais assez peu préparé cette randonnée.

Le matin même du départ, j’ai fourré dans mon sac l’indispensable (tente, duvet, matelas, sac à eau, j’ai pesé (afin de « bien » choisir) avec attention les vêtements « de ville » qu’il allait falloir trimballer histoire de voyager décemment à l’aller comme au retour (un collant et une chemise).
J’ai enfilé mes chaussures minimalistes, endossé la micro doudoune sans manches et j’allais fermer la maison quand j’ai réalisé que je n’avais plus une seule montre en état de fonctionnement, sinon celle très prestigieuse qui est réservée aux jours où je joue « la grande dame »!
OK, pas de montre, ça évitera une marque de bronzage, ai-je pensé en souriant.

Pour la première fois, je m’aventurais sur un parcours aléatoire sans l’avoir vraiment réfléchi. Comme d’habitude sans gps ni carte, j’étais définitivement prête pour me perdre et pour vivre très paisiblement ce qui était à vivre.
La Loire était le fil et la raison, c’était largement suffisant pour ma tranquillité d’esprit.

J’avais lu en diagonale que la boucle sur laquelle je m’invitais se marche en 15 jours, en ajoutant un jour pour saluer une copine, j’étais juste!
Comme d’habitude, j’avais oublié un détail : quand je suis seule, je me réveille pour avancer, j’avance jusqu’à l’apparition du crépuscule, je mange froid, je dors et je me réveille pour avancer plus loin. C’est là mon simple bonheur.
De fait, les étapes soigneusement pensées pour les personnes qui sont moins longtemps sur le chemin ne correspondent pas vraiment à mon avancée!

En visitant chaque donjon, en étant affable à chaque occasion, en me « perdant » de nombreuses heures grâce aux variantes du GR, j’étais au sommet de la boucle programmée dès le milieu du cinquième jour.
C’est alors, que j’ai décidé d’aller à la source.

Et c’est en avançant vers « la » source que j’ai pris en pleine face l’illusion d’une source unique, l’illusion d’un commencement tellement confortable pour notre raisonnement binaire d’occidentaux qui ne parlent qu’en termes de début/fin, blanc/noir, bien/mal.

La Loire n’a pas plus de « source » que les autres cours d’eau, elle commence à exister au moment où elle commence à être utilisée par les humains, c’est tout.

Pour une « sauvage » elle est d’ailleurs très apprivoisée, depuis très tôt et depuis très, très longtemps.

J’ai finalement fait demi-tour avant la « source » touristique, l’histoire de Loire que je découvrais était bien plus passionnante que les pancartes aguicheuses, elle m’entrainait plus loin et plus haut sur des pistes que j’avais pressenti et qu’enfin je pouvais expérimenter.

Des rives

Sept ans après 2012, à l’occasion du VAN, la place Royale a quitté son déguisement du Mont Gerbier des joncs et s’est laissée envahir par une armée des statues.

Dans le VAN 2019, pour imaginer la Loire, il faut aller dans la petite salle du LU où se tient une exposition de photographies.

Sans hésiter, je suis montée à la rencontre des images.

Comme souvent, habituée que je suis à ressentir les émotions grâce au « direct live » de la vie et donc en cent dimensions, les images superbes et lisses me parurent presque fades.
Une bande son enrichissait le décor avec la « réalité » de l’environnement sonore capté dans l’estuaire.
Etrangement, cette installation contribuait à produire dans mes pensées des situations bizarres lorsque le décalage entre l’image qui passait sous mes yeux et le bruit qui entrait simultanément dans mes oreilles faisait exploser ma propre expérimentation en éclats absurdes.
C’était pourtant une histoire de Loire.
J’y étais allée à la rencontre d’une inspiration, d’une respiration et de l’inconnu aussi.

Je suis ressortie en emportant le livre tout juste publié par les auteurs de l’exposition.
Des rives, Voyage dans l’estuaire de la Loire, Guy-Pierre Chomette et Franck Tombs, Editions 303, 2009, ISBN 979-10-93572-42-0

Et le bouquin m’a entrainée délicieusement.
Je suis partie dans l’histoire, sur les berges, retrouvant ce que je connais déjà et découvrant, sans surprise, toute en reconnaissance, l’immensité de ce que j’ignorais.
Je notais en particulier que mes partances se font régulièrement soit au fil du courant, soit sur la rive sud. De la rive nord je ne connais pas grand chose.

Me voilà donc partie, pour quelques temps, à la découverte de mes propres points de vue sur cette rive là.
Aujourd’hui, sous le soleil dégoulinant comme du plomb fondu, je suis allée jusqu’à Couéron.
La Loire était bruyante, le courant descendant affrontait allègrement le vent montant et une multitudes de petites crêtes d’écumes éclaboussaient le flot couleur de vase claire.
Cette Loire là est celle qui m’inspire le plus.
En chemin, il y avait, en plus, la chaleur torride de l’été.
Des souvenirs sont remontés de fort loin, de l’Atar ou des environs de Dakar, de ces jours où comme aujourd’hui la sueur dégoulinait dans mon dos aussi consciencieusement qu’elle perlait sur mon front. Sur mes lèvres, je pouvais goûter le sel accumulé comme je le fais quand je navigue dans les embruns et j’étais à la fois ici et loin, la source et l’estuaire, le fleuve et l’océan, le monde et la solitude. Quelle aventure!

Avant de rebrousser chemin, je n’ai pas tenté de résister à l’appel : il fallait que je m’approche au plus près de ce flot formidable.
Le soleil avait fait le job : en chauffant à blanc les enrochements, il avait asséché quelques parcelles et telle une funambule débutante, bras écartés afin de garder l’équilibre, je pouvais passer d’un bloc à l’autre, sans grâce et sans salir mes sandales.

Une fois au ras de l’eau, j’étais dans un spectacle son et lumières à nul autre pareil.
Un spectacle incapable de me lasser.
Souvent, je renonce aux feux d’artifices et autres « gourmandises » consommables, trop éphémères à mes yeux.
Au bord de l’eau, chaque instant qui me ravit est un instant qui me rapproche de l’inéluctable fin, c’est pareil.
C’est pareil à une différence près : j’ai l’impression d’avoir le choix et de pouvoir décider sans compter qu’il y a encore un peu de rab à déguster!

Simplement la Loire (1)

Prélude, le 16 juin 2019

La semaine dernière un ami, un poète, un explorateur, un photographe m’avait donné rendez-vous histoire de récupérer des bribes de passages de vies à mon sujet.
Où se donner rendez-vous à Nantes sinon au bord de la Loire?
Nous avons décidé que la grue jaune serait un parfait témoin.
Le jour J, le vent soufflait en tempête, des bourrasques de pluie obscurcissaient la ville et sporadiquement le ciel se déchirait, laissant passer un éclat bleu d’azur ou un éclair de soleil transperçant.
Parmi les images des instants partagés, celle-ci est définitivement ma préférée : parfaitement non-utilisable dans le cadre imposé à l’ami, je peux la publier ici.

Ce jour de juin, la Loire chantait, soulevée par le vent sa robe éclaboussait des perles d’écume. Dans le tourbillon des rafales, il y avait toute la force de l’imprévisible.
A la surface de l’eau, les rides en étaient les reflets.
Cette Loire est celle qui m’emporte, telle un souffle sacré, dans un espace où s’invitent ensemble le passé, mon présent et plus loin.





Point faible

Il y a tout juste une semaine le départ de la première étape du Vendée Va’a se préparait.

Comme avant chaque course, l’équipe a fait un cercle et chacun a dit un petit mot.

Depuis la veille, depuis notre arrivée sur le site j’avais au bord des lèvres une petite phrase toute prête, une petite phrase qui venait en point d’orgue après les mois passés, les heures d’entrainement consenties et toute la préparation qui avait contribué à créer une équipe à la hauteur de l’évènement.

Le poids des mots étant ce qu’il est, ma conscience des mots étant ce qu’elle est, j’ai gardé pour moi la petite phrase toute prête et je n’ai partagé que du convenu.

L’équipe avança comme un seul homme.
Trois jours de suite.
Sur chacune des trois étapes.
Passionnément.
Joyeusement.

Comme prévu, chacun toucha son point faible mais l’alliance de tous les points forts contribua à la réussite du rêve que nous avions fomenté : terminer honorablement, sans subir et en restant toujours au contact.

Mon point faible, puisque c’est l’objet de ce billet, mon point faible est toujours le même, c’est cette volonté qui me pousse à danser sur le fil tendu entre mes paradoxes, cette exigence qui me contraint sans cesse à faire le grand écart, parfois jusqu’à la douleur vive. Alors des larmes s’échappent, des larmes à masquer tant que la représentation est publique et des larmes qui coulent parfois en silence dans la solitude du face à face.

Prendre un point faible à bras le corps est nécessaire quand tout nous pousse à aller plus loin.
Mais prendre un point faible à bras le corps est vraiment difficile tant il fuit, glisse et s’enfuit prestement.

Dimanche soir, j’ai essayé de le coincer sous la douche : la cabine bien fermée il ne pouvait même pas s’envoler et la musique de l’eau rebondissante masquait le tintamarre de la bataille.

J’ai presque réussi! L’immobiliser était un peu difficile sous l’eau.
Alors, je suis sortie au sec.
Et puis j’ai réussi.

Alors, j’ai tenu fermement ce foutu point faible prisonnier, exhibé sous mes yeux derrière ses grilles et je l’ai examiné sous toutes les coutures histoire de mieux comprendre avant de le relâcher. Car c’est pas si méchant, un point faible, et encore moins quand il est bien connu!
N’est-ce pas?

Et magie, magie, hier en écoutant ma radio préférée du matin, la lumière est venue balayer le coupable. C’est qu’il fallait que j’élargisse mon regard : comme toujours il faut considérer l’ensemble car rien n’arrive « à cause » d’un truc précis mais en raison d’un faisceau conjoncturel.

Il était question d’introversion et cette phrase retenait mon attention : « Dans La force des discrets, sous-titré Le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard (éditions JCLattès), Susan Cain explique que « les introvertis vivant dans le monde de l’idéal extraverti sont, comme des femmes dans un monde d’hommes, bafoués pour un trait de caractère indissociable de leur identité profonde ».
Il était question du sexisme dans le sport en présence de l’excellente Béatrice Barbusse qui exprimait avec une diplomatie toute universitaire le fond de mon expérience.

Cette paire associé à ma réflexion forma alors une éclatante trinité!
Plus loin reste à vivre, toujours plus riche, à ma rencontre.
Car plus j’approche de la fin, plus l’infini affirme sa présence.

Et bien entendu, aucune chapelle ne m’appelle!
Ce serait bien trop simple
Et tellement dépourvu d’adrénaline!



Etiquettes


Hier, tandis que je pliais les vêtements de ma petite fille (5 ans) après qu’elle se soit changée pour le cours de danse, j’ai constaté que sa jupe portait encore l’étiquette du magasin.
J’imaginais A. au petit matin, fouillant dans son tiroir, choisissant la jupe qui lui plaisait et l’enfilant prestement sans rien demander. Depuis, elle se promenait, sans le moindre soucis et sans que personne ne le sache, avec une étiquette cartonnée battant sa petite croupe.
Si sa maman est accro aux belles étiquettes de « bonne » marque des rues chics, la fillette n’en a que faire, ce qui lui importe c’est la couleur, les froufrous et aussi l’harmonie : j’ai été admirative en la voyant enfiler « pour sortir » le cardigan jaune citron qui trainait dans l’entrée, il était tout a fait assorti aux couleurs acidulées et printanières de la jupe qu’elle avait choisi pour accompagner sa journée et ses maintes acrobaties en skate, vélo ou escalade dans les arbres… sans la moindre anicroche, il faut le souligner.

Ce matin, j’ai envoyé à un ami artiste le texte qu’il m’avait demandé.
Soucieux du copyright comme pour lui-même, il m’informa en retour du nom qu’il allait mettre en signature et me questionna avec cette phrase : « Souhaites-tu que je rajoute un de tes titres honorifiques? »
A quoi je répondis illico presto : « Tu sais que je ne suis rien sinon « joelle avec deux ailes »… En fait je ne sais pas vraiment qui je suis et l’étiquette qui s’affiche est en générale celle qu’on me colle. Tu fais ce qui te chante, l’important n’est-il pas ce qui fait sens pour toi ? »

Et l’ami artiste étant un véritable ami, il accrocha délicatement une merveilleuse étiquette à la signature bien carrée, une étiquette à deux titres, voletant librement dans la brise au bout d’un cordonnet que lui seul était capable d’inventer, comme un lien subtil qui nous attache sans nous entraver.

Je vais la laisser en place.
Ni pour la marque, ni pour rien,
Juste parce que toutes les acrobaties restent permises
Même avec cette étiquette!