(image réalisée dans la rue sans trucage)
Et bien il était grand temps qu’il atterrisse pour m’aider à réfléchir ce Little Bird.
Il a fallu qu’il revienne se blottir dans ma poche pour que je mesure à quel point j’avais besoin de son regard afin de naviguer en paix au coeur de ce temps étrange.
Par quel mystère a t-il débarqué dans la ville?
Il était posé devant le commissariat central, je l’ai immédiatement reconnu!
J’étais en vélo, le temps que je stoppe, il s’était envolé et regardait par dessus le parapet, visiblement inquiet.
Je me suis approchée sur la pointe des pieds, redoutant de le voir plonger, sous l’effet d’un vent de surprise.
Il ne bougeait pas.
Hop, d’un geste prompt ressurgit du passé, je l’ai pris en main, caressé avec tendresse et hop, je l’ai mis dans une poche que j’ai consciencieusement refermée.
Une fois à la maison, il a vite retrouvé ses marques, c’est comme si nous ne nous étions jamais quittés!
Il m’a raconté à quel point il ne comprenait plus rien à ce monde.
Alors, cousu de silences, de mélodies et de poésies, nous avons refait notre monde juste à nous.
L’heure a tourné.
L’heure d’une nouvelle sortie « dehors » sonnait.
J’ai essayé de lui expliquer les rues terriblement vides ; les petites archi-vieilles, celles qui ont actuellement interdiction formelle de mourir, jacassant à distance l’une de l’autre ; le gars masqué qui ôte son masque pour parler avec une personne de sa diaspora ; les passants tête baissée, les affiches sur les devantures, etc.
Je suis pas certaine d’avoir pu lui permettre de comprendre la situation d’un seul coup d’oeil.
D’ailleurs, lorsque je lui ai proposé d’aller discuter avec une passante masquée, histoire de lui prouver que c’était bien une humaine qui était derrière, il accepta avec joie, persuadé que c’était une « soignante ». Ne lui avais-je pas expliqué que cet accessoire est aussi inutile, en balade, pour lui que pour moi ?
Il s’empressa de poser la question « toi, tu soignes les gens, n’est-ce pas? »
Et ben non.
Alors, logiquement il demanda « tu es malade? »
Et ben non.
« Tu as peur »
Oh…. Que oui!
Et hop, Little bird se retrouva prestement posé par terre!
Il en avait vu d’autres et il a bien gardé la tête sur les épaules.
Soucieuse, je lui ai expliqué qu’il fallait que je le « décontamine » après ce passage sur des gants improbables.
Il s’est laissé faire, tristement.
J’ai bien l’impression qu’il va falloir un bout de temps et mille questions avant qu’il ne trouve le courage de s’envoler à nouveau!
Ou pas!
La troisième photo est juste magique
La lumière était magique! J’ai pensé à toi.
J’ai fait les courses aujourd’hui, au supermarché habituel.
Pensant éviter la foule (que j’évite habituellement en dehors de toute période de COVID, parce que j’apprécie peu la foule), j’ai misé sur un horaire que je pensais propice à un sous-peuplement (12h30). Que nenni.
Le supermarché habituel a instauré de nouvelles règles : chariots désinfectés à prendre à l’intérieur du magasin, serre-file comme à l’aéroport les jours de grands départs et 100 personnes maxi à l’intérieur. Me voici donc dans la file d’attente. Devant moi, des personnes masquées et/ou gantées, certaines doublant les recommandations de distanciation sociale… de peur… de peur… !
J’avoue que je peine à comprendre la peur irrationnelle de mes semblables. Ne savent-ils pas qu’une bonne vieille grippe peut leur être aussi fatale que ce fameux COVID ? J’ai attrapé un jour cette bonne vieille grippe, elle m’a clouée au lit, avec une fièvre qui jouait aux montagnes russes (très désagréable de sentir monter la fièvre comme une vague inéluctable) et un état lamentable, limite déshydratée et sous-alimentée car rien ne passait, et 3 semaines à m’en remettre (parce que fatigue intense, parce que gros manque de tonus et parce qu’il fallait bien reprendre le boulot au bout d’une semaine). J’ai réalisé lors de cet épisode que oui, on peut vraiment mourir de la grippe. Est-ce parce que motarde, je sais que peut-être je peux mourir inopinément ? Que rien n’est acquis ?
J’ai éprouvé de la tristesse à voir ces gens attendre dans la file, sans un mot, sous leur masque.
J’ai salué la caissière en payant, elle était tout sourire. Elle n’avait pas peur, elle. Peut-être parce qu’elle se sentait protégée par le « pare-brise » de fortune qui l’entourait ?
Au sujet des caissières, dans le petit hypermarché (oui, oui, petit et hyper en même temps!) où je vais habituellement (et donc en ces temps-ci comme d’hab) je discute souvent avec elles. Effectivement, celles qui sont souriantes (et que je choisis systématiquement dans la mesure du possible) me disent toutes, que d’une elles se sentent bien protégées et, que de deux il n’y a aucune malade dans leurs troupes! Je pense que le « deux » pèse fort dans la balance… 🙂
Ta poésie et celle de Little Bird me font du bien en ce moment… Alors que ne tournent que de l’humour à toutes les sauces, de la hot sauce, American Sauce, jusqu’à la sauce aigre-douce, qui ne fait parfois pas rire du tout… Alors que tournent une sur information et sur stimulation en tous genre, avec des vérités et leur contraire, alors qu’il est impossible de savoir la vérité sur des sujets banals comme sur des sujets plus graves… Alors que l’autre, dans sa dimension concrète et touchable me manque tellement…
Dans ce monde si chamboulé que je ne le reconnais parfois plus, que je ne me connais parfois plus… retrouver un peu d’humanité et de douceur est si bon.
Merci d’être revenu Little Bird
Merci pour ces mots qui me touchent. Il semble que Little Bird soit bien plus « vrai » que quiconque, je suis tellement contente, moi aussi, de l’avoir retrouvé. Je comprends tellement ce que tu exprimes : en dehors du jardin, je me sens comme un funambule constatant que son fil est cassé ; il y a un côté, il y a l’autre côté et danser entre les deux semble impossible. Little Bird, lui sait voler, aller, venir, re-lier, tranquillement. 🙂
Un salut, avec le coeur!
Je t’ai imaginée demander à une passante de prendre Little Bird pour que tu le photographies! lol
J’aime tes textes « poétiques » de ce genre, que chacun est libre d’interpréter, comprendre à sa manière.
Quant à la situation actuelle, Little Bird, moi qui suis pourtant un être humain, je n’y comprends rien de rien, çà me semble tellement « hallucinant ». Alors, j’imagine migrer dès que possible dans une contrée où les politiques me conviendraient mieux et j’entends un autre petit « bird » me chuchoter en rigolant: « oui, tu vas chercher parce que tu aimes bien chercher ! » . Oui et comme LittLe Bird, j’ai deux « L », consciente de tout ce que je suis encore libre de faire..