Je me souviens du jour où C. m’avait invitée pour une deuxième séance photo.
Afin d’illustrer un ouvrage, j’avais sollicité son art et notre connivence : il s’agissait de poser des instants sur pellicule, puis de les transposer sur papier argentique avant de les porter chez l’imprimeur, tout un processus presque désuet qui était d’une grande importance à mon coeur.
Pour l’aventure, elle avait prévu plusieurs rouleaux de 12 poses chacun. Après la première séance, il lui restait un rouleau indemne : douze images potentielles et peut-être aucune.
Nos exigences étaient ce qu’elles étaient.
Elle avait une idée en tête et j’avais envie de la suivre.
Quand je regarde aujourd’hui ce souvenir, il me vient une grande quantité d’émotions joyeuses et intenses.
Ce fut son idée.
Elle avait tout préparé.
Elle avait pensé la mise en scène dans les moindres détails.
Il restait l’imprévu de la lumière
Et celui de l’inspiration du moment précis
Où la pellicule allait être impressionnée.
Moment intensément subtil.
J’ai laissé une trace sur le parquet tout neuf.
Une seule.
Et puis, elle l’a effacé à grande eau.
La séance était terminée.
Il reste l’empreinte de ce passage
Et les émotions qui me traversent en regardant les images
Sont les impalpables reflets de cette empreinte.
Combien de fois, lors de mes randonnées, combien de fois dans chacune de mes aventures, combien de fois me suis-je retournée afin de vérifier que je ne laissais pas de traces?
Ou alors des traces si infimes que le vent et le ciel allaient s’empresser de les effacer…
Du coup, je laisse mon commentaire ici à défaut de pouvoir le faire sur le dernier billet 😉
Les mots passage et empreinte me sont infiniment précieux. Je me retrouve dans ton premier billet, lorsque en randonnée, je marche en regardant un peu plus loin que mes pieds, à la recherche d’indices. En me disant souvent que peut-être j’en loupais plein à avoir le regard rivé au sol.
J’aime la mer entre autre parce qu’elle efface mes empreintes sur le sable, il y a quelque chose de magique quand je les vois disparaître avec la vague. J’aime savoir que mes traces seront effacées. Et j’essaie d’en laisser le moins possible, car je ne suis que de passage (en randonnée, en un lieu, sur cette planète).
« L’avenir est totalement inconnu, tout à fait imprévisible.
Il est certainement tout tracé en fonction des pas qui le précédent. » : j’ai souvent le vertige en considérant les pas qui m’ont menée en cet instant précis. Et j’aime l’opposition de l’inconnu imprévisible et pourtant tracé en fonction des pas qui le précèdent.