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Une certaine routine

Je parlais de point fixe aujourd’hui même, ici.
Et j’avais aussi conjugué les points fixes avec les points de suspension par ici.

Depuis que je monte à cheval, beaucoup de mes réflexions tournent autour des chevaux et de l’équitation parce que j’y vois plusieurs sociétés en taille réduite, donc autant d’interrogations qui me situent moi-même sur un certain chemin, sur certaines recherches, certaines attentes tranquilles ou plaisirs immédiats.

La « routine » de ces dernières semaines avec cinq jours passés auprès des chevaux chaque semaine représente un point fixe placé sur les turbulences des passages.

Trois chevaux, toujours les mêmes B. , I. et S.
Je les observe, je les monte chacun leur tour, je les observe.
Attentive à ma relation à eux, donc attentive à mon attitude en leur présence, à ce que change le moindre geste dans leur regard de cheval si différent de notre regard humain, à ce que change la moindre contraction « parasite » de mon corps posé à leurs sens de chevaux tellement à fleur de peau.
Car les chevaux ne pensent pas.
En tout cas, ils ne regardent pas les chaines d’information en continue, pas plus que les réseaux sociaux qui parfois déblatèrent en leur nom.
Les chevaux sont dans l’instant présent.

C’est certainement cet instant présent super présent qui constitue le point fixe qui m’est utile en ce moment. (A noter pour les personnes qui suivent et s’y perdent que j’ai remplacé C. par S. preuve s’il en était que chaque cheval est tout sauf un point fixe! )

Parce que la vie des humains est remplie par l’actualité galopante, par ce que nous oblige la société de consommation, mes pensées sont alternativement hyper denses et absolument creuses.
Lorsque je descends de vélo pour m’asseoir dans la voiture et me diriger en direction de l’une ou l’autre écurie, je laisse s’égrener ce que raconte la radio sans avoir besoin de mettre la moindre pause musicale. Ma petite musique interne fait le job. Je suis dans un entre-deux et j’ai toujours apprécié ces moments.

Et 20 à 30 minutes plus tard, je mets pied à terre et je suis dans l’univers des chevaux.
Et là, je suis là.
Encore plus intensément dès le moment où j’arrive à côté du cheval du jour.
Et davantage encore au moment où je l’enfourche.
Je suis en sa compagnie, je lui propose d’établir une relation, toujours la même, paisible, sans état d’âme, dénuée de la notion binaire bien/mal.
Ce qu’il me fait sentir m’oblige à essayer de ressentir ce qu’il a ressenti pour en arriver à réagir. La moindre tension de son côté interroge la tension que je lui impose.
C’est une partition absolument passionnante, toujours renouvelée, impossible à rejouer exactement pareil, tout comme en mer il est impossible de retourner sur sa trace, bien qu’il soit possible de reprendre un cap.

J’ai tellement conscience de la qualité de ces moments.

Je suis pleinement reconnaissante à tout le chemin déjà parcouru depuis ma venue au monde car c’est ce chemin à nul autre pareil qui nourrit aujourd’hui ma routine.

Dans cet espace, si je suis parfois conseillère, si je suis parfois scrutée, si je suis parfois radoteuse, jugée « réac » même, je sais que c’est uniquement avec et par les humains qui passent. Les animaux ignorent les jugements et c’est pour nous, humains, une grâce qui nous permet de regarder ce que nous souhaitons dans le miroir de leurs yeux.

A mes yeux, la grâce, c’est le bonheur et le confort d’un point fixe, d’une routine, de nombreux « entre-deux » toujours différents bien que renouvelés cinq fois par semaine.

Souvenirs


Avant de laisser mes mots se tricoter dans un deuxième épisode sous le titre « Zone de passage », il me faut parler un peu de souvenirs.

Depuis mon débarquement au monde dans le milieu du siècle dernier, le sens de la vue, la vision, est devenu central et prépondérant. A un tel point que Les boutiques des opticiens ont naturellement envahi les centres des villes, les meilleurs coins de rue, repoussant au loin les autres commerces.
Dans mon enfance, porter des lunettes à l’école était chose rare, les écoliers qui « voyaient mal » étaient placés au premier rang afin de « voir mieux le tableau » ou, rendant d’emblée les armes, ils étaient près du radiateur au fond de la classe.
Petit à petit la « mode » s’est répandue, « soignant » même la physiologie, c’est à dire l’évolution normale de l’oeil enfantin, afin de procurer à chaque jeune humain une vision correspondant à celle d’un adulte.
– Remarquablement, et je pose cette réflexion en aparté, les jeunes humains sont de plus en plus considérés comme des adultes tout simplement parce que les adultes les regardent comme des individus achevés à leur image, capables de comprendre la vie comme s’il en avaient l’expérience innée. ( Cf La norme) –

Je fais partie des personnes âgées qui refusent de porter des lunettes au long cours. Non par difficultés financières, non, simplement par goût pour la liberté de sentir le vent sur mon visage jusque dans mes yeux, pour le plaisir de froncer ou écarquiller les yeux au besoin, pour la joie de laisser s’échapper les détails et de sonder l’alentours avec tous mes sens, peut-être aussi avec le coeur. Je me moque du 10 dixièmes moyen, alors même que je fus longtemps dotée d’une acuité bien supérieure, je vois comme je vois c’est finalement une question de point de vue, n’est-ce pas ?

Tout ça pour en arriver aux souvenirs que je suis en train de classer!

Car la suite logique de la traversée de ces derniers mois, c’est un nouvel épisode de rangement, de tri et d’élimination, le dernier datait de six mois avant l’an zéro de C. Nous sommes aujourd’hui à l’an 3!
(Oui, je constate souvent que les gens comptent désormais les années avant C(ovid) et après!!!!)
Et il y a du boulot, j’avais gardé un paquet de papiers « sentimentaux » dont je peux désormais me débarrasser.
Et puis, il y a les centaines de photos accumulées dans la photothèque virtuelle, dans les disques de sauvegarde et dans divers dossiers virtuels.

Les stocks sont dans les nuages, à ce qu’il parait.
Impalpables donc.

Je questionne souvent le rapport commun à l’image.
Observer des personnes vivre un feu d’artifice, un spectacle ou un fait divers à travers leur écran qui enregistre des images m’interpèle. Au delà du regard, d’autres sens sont-ils sollicités ?
Comment la mémoire, notre mémoire physiologique, notre mémoire bassement humaine, enregistre t-elle ces expériences là ? Cette mise à distance ?
Quand chaque acte est mis en boite afin d’aller ensuite dans les nuages ?
Quand chaque acte est « enregistré » comme un souvenir « véritable » ?
Un souvenir « preuve infalsifiable » que n’importe quelle application de smartphone peut pourtant s’amuser à modifier ?

Les souvenirs construisent le socle de notre présent, j’en suis certaine.
Quels qu’ils soient, ces souvenirs, même ceux d’aujourd’hui genre « Ah oui, je me souviens j’avais filmé la scène, attends je vais te montrer » et de scroller à toute vitesse.
Les souvenirs sont situés.
Comme le reste.

Pendant des millénaires, les humains se contentaient de se les passer par la parole, sans se soucier des transformations qui jouaient leur rôle à chaque passage.
Pour quelques personnes, puis pour un nombre de plus en plus grands d’individus, l’écriture est venue apporter l’impression d’une certaine précision. Certes, interpréter les gravures rupestres voire les écritures logographiques exige un grande interprétation, bien plus que les écriture alphabétiques actuelles, surtout celles qui comme la nôtre contient des voyelles écrites. Mais il est probable que les humains qui « gravaient dans le marbre » avaient l’impression de laisser des empreintes pour l’éternité.
Nous en sommes à l’époque où nous avons l’impression de laisser des empreintes dans les nuages!

J’ai besoin de choses palpables pour ma part.
Alors vider ma photothèque numérique, c’est m’amuser à construire des albums à thème, c’est balancer à la corbeille des centaines d’images pour n’en garder que quelques unes.
Ces quelques unes qui me parlent vraiment au plus profond de ma mémoire, qui viennent titiller le fond de mes tripes, qui me racontent des histoires et me font des films… à moi, à moi seulement.
Peut-être que dans quelques années, sentant s’approcher la fin de manière encore plus certaine, peut-être que dans quelques années je ferai un nouveau tri, me débarrassent aussi de ces souvenirs là ?
A moins que je n’ai tout au fond des arcanes de mes réflexions l’idée folle de les laisser à ceux qui restent afin qu’ils les jettent eux même… ou pas ?

C’est vraiment un « truc » particulier les souvenirs.
Avez vous remarqué que les vieux parlent volontiers de leurs exploits passés, de leur ville/village « d’avant », d’un autrefois revisité à leur guise ?
Je me souviens combien j’étais agacée, enfant, par ces radotages des vieux.
Et aujourd’hui, je radote!
Je me souviens.
Je catalogue, je classe les souvenirs.
La vie est cruellement espiègle.

La norme


En faisant le tri dont il est question ici, j’ai retrouvé cette image de terminale avec la « chemise » paraphée par les quelques unes qui avaient accepté de le faire.
Quelle courageuse la « Elizabeth » qui écrivit « C’est ça joelle, une folle bien gentille »!
Elle faisait partie des « blouses bien boutonnées » à l’opposée des richissimes bourgeoises qui osaient défier la direction en refusant la blouse.

J’étais timidement entre les deux, portant ma blouse sale et jamais boutonnée sans passer le cap de l’abandonner… C’est difficile l’adolescence, j’essayais en vain de ressembler aux autres sans avoir d’exemple précis, je savais pas vraiment ce qu’était « la norme » dans ce lycée public mais huppé des années soixante-dix. La terminale était un microcosme bizarre où se côtoyaient les filles du quartier (le quartier le plus riche de Lyon) et les meilleures élèves d’ailleurs, de banlieue même comme ma pomme, les meilleures élèves qui étaient aussi les plus jeunes, les moins aguerries.
Ma vie était en dehors et encore, je cherchais.
J’avais plusieurs vies, déjà… chacune dans un microcosme bien précis que j’habitais en équilibre toujours précaire.

J’ignorais, pendant cette traversée là, j’ignorais que je tentais désespérément de me couler dans une norme que j’ai toujours été incapable de simuler totalement.
Il a fallu de nombreuses années pour que j’accepte ma solitude et que je prenne à bras le corps la joie de cheminer en sa compagnie.
Il a fallu que j’étudie avec acharnement pour découvrir la relativité, les injonctions paradoxales qui mènent à la folie pour de vrai et l’absence de limites, donc de normes.

J’ai alors passé un peu de temps à déconstruire cette histoire de norme, moquant la fameuse courbe de Gauss, cette courbe mathématique qui s’appelle aussi « courbe de la loi normale », une courbe mouvante en fonction de ce qu’on lui fournit. Une courbe ni vrai ni fausse, un exercice statistique sans plus.

Et désormais, alors que je suis entrée de plein pied dans le rayon des vieux, je peux me permettre de questionner cette obligation faite à cette grosse partie de la population française née pendant les trente glorieuses de « rester normale » autant que possible, d’appareiller ses oreilles, ses yeux, d’opérer ce qui peut l’être pour garder la peau ferme, les poils doux, les cheveux colorés, de se doper un peu afin de garder des réflexes au taquet.
Comme j’en ai parlé (ici) les enfants sont souvent considérés comme des adultes miniatures, de l’autre côté les vieux sont considérés comme des adultes un peu abimés. La norme c’est l’âge adulte, la force de l’âge. Où commence t-elle la, où s’achève t-elle cette norme ? Là est la question!

Zone de passage (1)

Voilà deux mois qui viennent de courir.
Je fus en zone de passage pendant ce temps.

Ainsi le rapport des choses et de mon corps est décidément singulier : c’est lui qui fait que, quelquefois, je reste dans l’apparence et lui qui fait encore que quelquefois, je vais aux choses mêmes ; c’est lui qui fait le bourdonnement des apparences, lui encore qui le fait taire et me jette en plein monde. Tout se passe comme si mon pouvoir d’accéder au monde et celui de me retrancher dans les fantasmes n’allaient pas l’un sans l’autre. Davantage : comme si l’accès au monde n’était que l’autre face d’un retrait, et ce retrait en marge du monde une servitude et une autre expression de mon pouvoir naturel d’y entrer. Le monde est cela que je perçois, mais sa proximité absolue, dès qu’on l’examine et l’exprime, devient aussi, inexplicablement, distance irrémédiable.
M.Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, Gallimard, 1964 (puis 1979, puis 2016 ISBN 978-2-07-028625-6)

Le visible et l’invisible!
Voilà de nombreuses années que je danse passionnément, funambule entre ces deux mots antonymes, et que l’ouvrage de Merleau-Ponti reste en bonne place sous mes yeux, interrogeant quotidiennement mes questions sous l’immensité des spectres contenus entre l’un et l’autre.

Les zones de passage se succèdent dans chacune de nos vies et cependant nous en remarquons certaines plus que d’autres, probablement du fait de la force plus ou moins grande des sensations qu’elles imposent.

Et force est de constater qu’un arrêt brutal a marqué sans coup férir l’entrée dans une zone de passage le mardi 30 mai dernier.
En premier c’est mon corps qui s’est exprimé intensément, accaparant l’ensemble de mes questions et de mes actes.
Puis, très vite je suis partie en exploration… de plus loin… de l’horizon et de l’invisible.

J’ai posé beaucoup de question.
J’ai remis beaucoup de questions en question.

Insuffisamment sans doute, au point qu’un « rappel » (un peu plus doux, comme tout rappel) survint fort opportunément le 8 juin passé.
C’est assez remarquable car au cours de ma vie, jusqu’ici, j’ai presque toujours considéré chaque évènement avec toute l’importance qui lui était dû : l’enseignement qu’il transportait était immédiatement intégré et l’expérience suffisante pour impacter notablement mes actes à venir.

Ce coup ci, un rappel fut nécessaire.
Certainement parce qu’il y avait plus d’une décision à prendre.
Possiblement parce que j’étais embarquée sur plusieurs navires à la fois.

Je sors lentement de cette zone de passage, mon corps me rappelle (presqu’en douceur désormais) la puissance de l’invisible, du non-visible avec les yeux, du présent et de la mélancolie aussi indispensable à la joie que l’ombre l’est à la lumière.

Warrior

Après ma dernière aventure qui fut l’occasion d’annuler tout projet de randonnée estival et de revoir aussi le sens de l’équitation que je désire, j’ai repris quelques activités. Puis, naturellement de plus en plus au fur et à mesure qu’un mieux-être se dessinait.
J’ai sans doute trop vite accéléré, de nouvelles douleurs sont sorties de nulle part, des tensions, des contractures d’autant plus difficiles à supporter que j’avais l’impression d’avoir déjà bien encaissé.
J’aurais vraiment apprécié approcher de la fin du passage.
Sauf que la vie est espiègle et imprévisible.

Et puis, il y avait quand même un planning à respecter : l’obligation d’être la grand-mère de service pendant une semaine.
Il fallait donc tout mettre en place pour réussir le challenge.
Certains peuvent se hâter d’affirmer que le « stress » précédent conjugué au désir d’être à la hauteur pouvait lui-même être la source de la recrudescence des tensions.
Ce serait aller vite en besogne.
Je me savais encore physiquement fragile et je connais les besoins des jeunes enfants, leurs demandes brouillonnes comme leur présence bien ancrée dans leur propre monde, tous incapables de « comprendre » ce qu’un adulte vieillissant peut ressentir.
J’avais accepté le challenge des mois plus tôt et j’étais en état de le relever avec quelques aménagements : pas question de courir la campagne, de sauter les marches dans les musées ni de courir après les papillons ; il restait tant à faire !

J’ai entamé la semaine comme une course d’endurance (j’ai un joli passé, donc une bonne expérience en la matière). J’étais encore vivante à mi-parcours et j’ai relevé le défi jusqu’au bout.
Ce faisant, très peu de temps restait libre pour prendre soin de mes douleurs, pour aller à la piscine, pour étirer chaque tendon trop tendu.
Le week-end est passé, il restait seulement un lundi de « garde » à assurer.

Je suis de nouveau partie en mode warrior pour assurer le service qui m’était demandé.

Auparavant, j’avais longuement réfléchi à la situation qui est la mienne aujourd’hui.
.
A l’époque où je faisais du sport en compétition, je regardais avec interrogation les « vieux » qui cherchaient à se faire valoir en courant après leur jeunesse.
Bien que j’ai cessé assez tôt de challenger corps et mental dans des défis sportifs insensés, j’ai continué à repousser mes capacités d’endurance dans mon activité professionnelle.
Combien de nuits blanches successives m’obligèrent-elles à survivre coûte que coûte?
Combien de temps passé à courir d’une vie à l’autre, des exigences maternelles aux exigences professionnelles, toujours sans faillir ?
C’était important que je le fasse.
Qu’avais-je donc à prouver ?
Quelles reconnaissances avais-je donc à quêter ?
Dans quel but ?

Aujourd’hui, je sens qu’il est plus que temps d’abandonner le terrain.
Que pourrais-je encore prouver ?
Vis à vis de qui ?
Et pourquoi ? Car je sais désormais que l’autosatisfaction est l’unique véritable récompense.

Vieillir, c’est disparaitre à petit feu.
Disparaitre de la vie professionnelle,
Disparaitre des compétitions sportives,
C’est chercher désespérément du sens,
« A quoi ça sert de se décarcasser » questionnait une publicité en 1978.
Qui s’en souvient ?
Vieillir, c’est certainement accepter le début de la fin,
Baisser les armes,
Cesser toute compétition
Et cependant poursuivre les échanges.

Parce que les échanges sont la base de ce qui fait société.
Coûte que coûte, donc.
Car jamais il ne sont gratuits.

Oui, selon la définition je suis une warrior, en ce sens que je suis vieille.
Et j’aspire à la tranquillité,
A la non compétition
A prendre soin de mes vieux os avec plus d’attention que jamais,
Afin de pouvoir,
A l’occasion, prendre encore soin des autres avec plaisir,

Pour le simple plaisir d’avoir l’impression d’exister encore.

Changement de décor

Un passage s’achève, je suis à nouveau à cheval.

Demain, je vais retrouver avec joie le « couple princier » qui parait-il m’attend avec impatience. (photo de la princesse)

En attendant les retrouvailles, aujourd’hui j’ai « essayé » un cheval afin d’avoir l’occasion de monter en semaine comme je le faisais avec le petit appaloosa.

Ce matin donc, je suis allée observer puis monter un cheval dont la propriétaire cherche un(e) volontaire pour partager les frais de pension. Et les frais sont conséquents puisque le cheval loge dans un centre de « bien-être » offrant de nombreuses installations.

Trois couples cheval/cavalière s’offrent à mon attention en ce moment et il va falloir choisir sur lequel je jette mon dévolu.
Deux couples utilisent les installations d’un centre situé au nord de Nantes, un autre utilise les installations d’un club de propriétaires un peu au sud.

Me voilà donc partie pour une nouvelle aventure dans de nouveaux environnements.
Cool et sympa, les environnements, j’ai fait le tri, bien évidemment!
Donc, après avoir fait la découverte et l’exploration de « c’est mieux au pré » mâtiné de « je déteste l’équitation classique », je suis en train de rentrer au coeur du business « équitation classique ». Ici les labels sont rois, dont l’indispensable « bien-être animal » sans lequel les animalistes sur canapé ruent beaucoup trop dans les brancards.

Et bien, c’est pas triste.
Bon… C’est du business
Et ce sont des humains très humains de chaque côté.
De bons commerçants d’un bord, de bons consommateurs de l’autre.
Une fois de plus mon exigence d’absolu se trouve bien bousculée
Et ainsi va la vraie vie,
A la recherche d’un certain équilibre sur le fil tendu entre mes paradoxes.

Funambule plus que jamais,
J’observe,
Je constate.
Par exemple, dans le club du nord, j’interroge le « c’est tellement mieux au pré » en notant que les chevaux les plus chers, les mieux bichonnés et les plus importants, vivent en boxe.
Une petite armée de petite mains est à leur disposition pour maintenir leur matelas/litière impeccable, pour leur permettre de se dégourdir un peu les jambes dans un paddock chaque jour et pour veiller sur leur accoutrement afin qu’il soit adapté à la saison. Nourris avec attention grâce à des aliments appropriés pour chaque régime, je les vois ces chevaux « stars », la tête à la « fenêtre » guettant leur voisin de palier. Attentifs aux humains qui déambulent, ils sont prompts à tendre le cou pour attraper ce qui passe, pour jouer les espiègles ou taper dans la porte afin de se faire remarquer. Souvent aussi, ils font la sieste.
Bien tranquilles à l’ombre, dans le calme de leurs boxes bien propres, j’ignore à quoi ils rêvent.
Ces chevaux là vivent comme au siècle dernier…

Et puis, il y a les autres, le vulgum pecus, ceux qui vivent en troupeau… mais en club.
Il parait que « c’est bien » de vivre en troupeau, les propriétaires en sont certains, et c’est sûrement pas parce que c’est plus économique, non.
C’est seulement plus « étho- logique » selon les préceptes à la mode !
Ces chevaux là vivent sur une plaine terreuse.
Aucune paillasse n’accueille leur repos, ils sont hébergés « à la dure ».
En cherchant bien, au loin de l’entrée, quelques brins d’herbe persistent et « c’est cool » car pour grignoter ils faut qu’ils marchent ces braves chevaux, voire qu’ils fassent la preuve de leur détermination pour grappiller à la place d’un moins entreprenant.
Ils ont l’obligation de s’affirmer, de lutter.
Du foin est déposé dans d’immenses mangeoires, l’eau stagne dans des bacs et dans un coin il y a un distributeur de grains.
Dans cette « écurie » d’un nouveau genre, chaque cheval est muni d’un collier électronique et reçoit sa ration lorsqu’il se présente devant « la machine, c’est à dire que deux à trois fois par jour (selon son régime) le passage du collier électronique devant le badge délivre une dose de granulés.
De fait les chevaux font la queue devant le distributeur.
Certains passent et repassent, espérant sans aucun doute qu’un miracle se produise. En vain.
Et puis, il y a les plus rusés qui campent pas trop loin et rappliquent quand ils entendent le grain couler, poussant celui à qui la ration était destinée pour s’en emparer.
C’est un monde merveilleux où les chevaux sont certainement très heureux comme le sont les chevaux sauvages qui n’existent plus.

Elle est quand même super bien trouvée cette hypothèse selon laquelle la vie sauvage rend heureux.
Impossible de m’empêcher de penser aux humains qui imaginent toujours que l’herbe est plus verte ailleurs !

Quel couple vais-je choisir ?
Sur quels critères ?
J’ai déjà une petite idée.
Mais comment pourrais-je déjà vendre la peau de l’ours alors que je n’ai posé mon derrière que sur un seul des trois chevaux en lice?
Certes, je les ai tous vus.
Certes j’ai déjà bien discuté avec les propriétaires que j’ai aussi vu en selle dans une carrière.
Mais,
C’est un couple que je dois choisir,
Donc,
La patience est de mise.

(à suivre)

De la décontraction (3)

Ultime billet de la trilogie qui débuta ici.

J7 après l’évènement.
Aujourd’hui, j’ai besoin d’aller m’asseoir sur la plage et de me laisser caresser par les vagues. Je vais y aller.
Evidemment.

J7.
J’ai besoin de la chaleur du soleil piquant ma peau.
J’ai besoin d’horizon.
J’ai besoin d’infini.

J7.

Samedi, sous les mains inspirées de mon amie j’ai imaginé que ce qui s’était passé, quelques jours auparavant, avait bousculé des couches très profondes de mon être. J’imaginais (en dessin animé comme d’habitude) qu’une croûte bien sèche, bien collée au profond de l’intérieur s’était décollée sous l’effet du choc puis brisée, lâchant dans le vide une foultitude de questions que j’avais laissées se stratifier faute d’avoir eu le temps de m’en occuper.

Sous les mains soignantes, ou plus exactement sous « l’entre-deux » subtil jouant son propre jeu entre ma peau et la sienne, milles questions se réveillaient, se bousculaient, fusaient, s’emballait dans toutes les directions sans que je ne puisse ni les saisir ni les formuler donc les questionner vraiment.
J’étais intensément présente face à chaque tentative et parfois je constatais mon opposition involontaire.
J’étais soumise à une force tranquille et douce qui essayait, partait, revenait, réfléchissait, tentait à nouveau sous un autre angle, avec patience, en douceur. J’ignorais tout de son intention et c’était bien comme ça. N’étais-je pas depuis le début sans attente, sans espoir, sans autre intention que l’acceptation?

L’unique pensée qui allait et venait assez clairement pour s’imposer était que ce qui était en train de s’accomplir avait tout à voir avec ce que je cherche à réaliser à cheval : obtenir la décontraction autant que possible et goûter à l’harmonie fugace qui en découle.
C’est mon intention lorsque je suis à cheval tandis que le cheval, lui, n’a aucune intention.
(La gourmandise est une aptitude, peut-être un défaut à moins que ce ne soit un péché capital… C’est très différent d’une intention, n’est-ce pas ?)
Le cheval vit le moment présent et se laisse « manipuler » en cherchant à chaque instant et sans le vouloir comment restaurer un plus grand confort dans ces déplacements qui l’écartent de ses préférences innées. Il peut s’opposer à une force qui l’incommode, et il peut le faire à sa manière de cheval mais sans jamais la moindre intention de nuire.
C’est au cavalier, à celui qui choisit intentionnellement d’encombrer le cheval et de le mettre « à sa main » qu’il convient de changer, d’essayer, de tenter, de réfléchir sans s’appesantir.

Les chevaux m’ont appris la patience et j’ai exercé ma patience professionnellement. Au fil du temps qui passe, j’ai expérimenté la force de la relation à travers toutes les tentatives de communications établies et j’en parle encore à propos des chevaux.
Je sais désormais sur le bout des doigts tout ce qui me définit en temps qu’individu à la fois terriblement semblable aux autres et formidablement unique, plutôt non conforme bien que dépourvue de toute étiquette « anticonformiste ».
C’est faible de ce « savoir » que j’écris chaque mot comme une interrogation.

Après le départ de l’amie, alors qu’un certain mouvement s’était rétabli à la rencontre d’une multitude de microémotions, j’ai commencé à sérieusement porter mon attention en direction des questions libérées.

Par curiosité je suis allée clavarder du côté du symbolisme, fascinée comme toujours par le pouvoir de conviction de certains auteurs en appui sur… rien!
Puis, j’ai regardé encore et encore les descriptions anatomiques, les insertions musculaires, les trajets des faisceaux musculaires pour tenter d’expliquer mes propres défenses provoquant des douleurs fulgurantes.
En vain.
Je peux accomplir des mouvements étonnants sans douleurs et parfois un tout petit mouvement parasite encourage un tendon tendu à crier fort.
C’est étrange.

Hier je constatais un véritable « mieux » avec beaucoup moins de rappels douloureux et curieusement je me suis dit que la douleur me manquait.
C’est complètement fou, non?
Alors je suis allée marcher, sans doute un peu trop loin, bien appliquée pourtant à poser mes pieds bien droits entre les cannes et tellement lentement à la fois.

J’étais plutôt algique à l’heure du repos vespéral.

Mais j’ai super bien dormi, exactement comme je le fais habituellement, jusqu’à l’heure sacrée ; ce sacré moment du milieu de la nuit où je me réveille « normalement » avant de replonger jusqu’à l’aube.

Et aujourd’hui est un nouveau jour,
Un passage vers demain,
Vers l’inconnu.

Il est certain que je tire une leçon de chaque expérience,
C’est ma façon d’avancer vers plus loin.

La semaine dernière je partais monter à cheval.
Aujourd’hui je pars à la plage avec mes questions nouvelles.



De la décontraction (2)

Comme dans le billet précédent, aucune illustration ne vient en préambule.

Après m’être blessée,
Après m’être recroquevillée sur la douleur,
J’expérimente avec bonheur le retour vers la décontraction.

Quelques instant après l’évènement traumatisant, j’ai marché.
Il n’y avait pas d’autre choix.
Marcher, avancer, atteindre ma voiture…
C’était la priorité avant de réfléchir à quoi que ce soit d’autre.
Plus j’avançais et plus mes pas vacillaient mais je restais debout.
Parfois j’arrêtais afin de reprendre mon souffle, de stopper les étoiles qui s’allumaient comme des clignotants inquiétants et je repartais.
J’ai atteint la voiture et le bonheur d’une douleur provisoirement en évasion.
Alors j’ai pu réfléchir un peu.
Et je suis rentrée.
Et je fus incapable de marcher un mètre de plus.

Mon corps avait encaissé, il usait déjà de tous ses stratagèmes pour passer l’obstacle.
Douleur intense à la moindre stimulation de la partie blessée (pour forcer au repos)
Inflammation (pour lancer la cicatrisation)
Sommeil (pour relâcher)

J’ai bien respecté ces lois basiques qui ne s’écrivent nulle part alors qu’elles sont essentielles.
J’ai farfouillé sur la toile, comme il se doit désormais.
Comme d’habitude, j’ai trouvé le pire et le moins pire,
Et comme d’habitude, j’ai agi à ma sauce!

En premier, puisque le temps avait déjà largement coulé, j’ai eu besoin de chaleur sur la zone douloureuse. Et j’en ai mis.
Quelques jours plus tard, j’ai eu besoin des mains d’une amie thérapeute, et je lui ai demandé de venir les apporter jusque chez moi.
C’est en sa compagnie que la décontraction a pu refaire surface.
Et ce fut possible parce qu’il était juste temps.
Avant eût été trop tôt.

J’avais préparé une belle boisson d’été à base d’hibiscus. Une boisson qui exhibait sa robe chaude dans la théière transparente et nous savions l’une comme l’autre qu’il était possible d’y épuiser notre soif.
Puis, sur le parquet de chêne blond, devant la fenêtre illuminée par le soleil, entre la blancheur paisible des grands murs, nous nous sommes installées.
Moi allongée immobile, sans attente, sans espoir, disposée à recevoir ce qui était possible sans savoir ce qui serait possible.
Elle pouvait bouger tout autour, glisser sur la parquet, utiliser tous les coussins nécessaires.
Alors, il n’y avait plus rien à dire.
Nous avons l’une et l’autre fermé les yeux.
Et le ballet fut.
Silencieux.
Il se dansa mobile et immobile,
Il se joua dans l’interface où tout se joue.
Et après bien plus d’une heure,
Il prit fin.

Alors nous avons partagé nos actualités, bavardé de choses et d’autres, vidé la théière et elle a pris congé.

Dans mon corps, je sentais circuler la vie jusque dans les moindre recoins.
Je savais que j’entrais dans la phase laborieuse où il est à la fois nécessaire de cultiver la patience et à la fois important de s’émerveiller de chaque petit progrès.

Dans le billet suivant, sur ce sujet de la décontraction, je vais passer de l’autre côté des faits palpables et entrer dans le monde merveilleux des questions faisant écho aux questions, ce monde qui fait agréablement vibrer mon quotidien au long cours.

(A suivre)

De la décontraction (1)

Après avoir parcouru l’intégralité de ma photothèque, il faut bien en arriver à la conclusion qu’aucune image n’est envisageable pour illustrer ce billet.

De la décontraction.
Décontraction

Aucune image ne peut rendre compte, même à travers mon imagination facilement galopante, de ce que signifie ce mot.
Car ce mot en contient tant d’autres, dans de multiples dimensions et toujours en mouvement, que toute image plaquée dessus ne fait que le réduire à une illusion.

De la décontraction.
Les deux derniers billets publiés ont fait une allusion à ce mot.
L’un dans le rayon « cheval », l’autre associant ma quête botanique avec mon retour vers les chevaux.
J’avais omis de le définir un peu plus précisément.
Et voilà que mon actualité récente me plonge au coeur même de la réalité, de la vie, de la danse très particulière que je ressens lorsque je l’utilise, ce mot là.
Décontraction.

Je me suis récemment blessée.
Pour la première fois dans toute ma vie consciente (excluant de fait la toute petite enfance et seulement la toute petite enfance) je suis blessée sans avoir besoin d’en rendre compte à aucune collectivité, sans avoir besoin de faire un mot pour l’école, sans avoir besoin de prouver quoi que ce soit à l’université, à un employeur , à des collègues ou à qui que ce soit qui n’en à rien à faire sinon pour remplir des cases, des papiers, des étiquettes.
Contrainte par mon corps, je suis obligée de ralentir, de me poser, d’interroger, de décider avec une certaine liberté car il ne s’agit que de ma petite personne, de ma propre responsabilité à assumer les conséquences auprès d’autres personnes certes, mais loin de tout système.

Je me suis blessée.
J’ai fait mon propre diagnostic.
Je me soigne.

Que j’avance rapidement ou lentement me touche en premier chef.
Jamais je n’avais goûté cela.
Les dernières blessures m’avaient obligée à jongler avec les obligations de la vie de famille, du boulot, m’avaient obligée à être pressée, à faire au plus vite, à faire « comme si » à imaginer que des « recettes » pourraient accélérer le processus inexorable de la guérison.
J’accepte de penser que c’est le moment idéal pour expérimenter.
J’ai la chance de disposer d’un corps encore souple, efficace, fonctionnant sans aides chimiques exogènes. J’ai cette chance car c’est ainsi que je peux rester chercheuse autonome, juste face à moi-même.

Une blessure, c’est une rupture de l’harmonie.

Sans harmonie, l’aisance disparait, la facilité aussi.

Par principe, j’ai toujours pensé qu’une blessure contactée à une vitesse humaine (15-20 km/h maximum, le pas de course d’un humain, le trot d’un cheval) survient mécaniquement en protection de l’essentiel, c’est à dire qu’elle survient de telle manière qu’elle évite, en fonction de ses conditions de survenue, une blessure vitalement plus grave.
Par exemple, un os ou une articulation qui cède joue le rôle d’amortisseur pour éviter une blessure viscérale beaucoup plus dramatique.
Ce coup-ci, aucun os, aucune articulation n’est lésé. Seul, un faisceau musculaire puissant a cédé quelques fibres afin d’amortir une chute qui, de fait, ne m’a occasionné aucune égratignure et aucune casse délétère.
Mon principe est donc sauf une fois de plus !

Mais je suis bel et bien blessée.
Donc il existe une réelle douleur
Et j’ai besoin de regagner la décontraction…

(à suivre)

Et un et deux et trois

Trois paires d’oreilles, trois tempéraments, tant à apprendre



En septembre, lorsque j’écrivais au sujet de l’importance du chemin passé, j’étais incapable d’imaginer ce printemps… et pourtant mon imagination est capable de bien des films!

Depuis, les billets se sont accumulés au sujet du cheval, j’ai même ouvert une rubrique dédiée tant les réflexions se sont accumulées au point de déborder. (pas moins d’une quinzaine de billets déjà…)

J’avais besoin de sens pour avancer et je pensais en être arrivée à l’âge où je pouvais me contenter de balades salutaires.

Mais…

Mais j’ai découvert un nouveau monde,
J’ai questionné la relation,
Et aussi la notion de « bien-être » qu’elle soit appliquée aux humains ou aux animaux,
J’ai fait un retour express dans mon passé de cavalière,
J’ai réfléchi, douté, questionné, appris plus loin encore
Et j’en suis revenue à mes convictions profondes,
Celles qui avaient germées auprès de F.Knie senior,
Celles que j’avais entretenues avec la lecture passionnée des grands écuyers,
Des humbles écuyers d’avant l’époque du commerce opportuniste,
Celles qui finalement avaient grandi en même temps que grandissait
Mon goût pour l’éducation des chevaux.
Patiemment laborieuse.

Et force est de constater aujourd’hui que non, les simples balades à cheval ne m’offrent aucun sens.
La chasse aux orchidées sauvages se pratique en marchant, le regard rivé au ras du sol.
Mon exercice physique « de santé » se pratique à bicyclette au quotidien, la tête dans les étoiles.
Mon besoin d’adrénaline diminue avec l’âge qui avance et par ailleurs, j’ai appris à entretenir le flux des hormones qui contribuent à l’état de bonheur au long cours.

Mais…

Mais, il me reste le plaisir intense et toujours renouvelé d’établir une relation.
Il me reste le besoin de sentir la merveilleuse décontraction d’un cheval qui se déplace harmonieusement sous ma selle, sa capacité à jaillir en équilibre à la demande et la confiance à élargir aussi souvent qu’elle vacille.
Un besoin qui nécessite labeur et patience.

Monter à cheval, c’est chaque jour un nouveau passage de vie.

Aucun cheval ne ressemble à un autre, même si chaque cheval appartient à l’espèce « cheval » si différente de l’espèce humaine.
Grâce au petit cheval appaloosa découvert en septembre dernier, la porte s’est grande ouverte sur d’autres possibilités de chevauchées, de rencontres et de relations à établir.
A l’impossible nul n’est tenu,
Je fais confiance au vent pour me pousser en sagesse au fil des jours qui passent.

« Nous devrions rendre grâce aux animaux pour leur innocence fabuleuse et leur savoir gré de poser sur nous la douceur de leurs yeux inquiets sans jamais nous condamner »
Christian Bobin, Ressusciter, Gallimard 2001

Comment oublier le bleu marine si particulier des yeux qui s’ouvrent à la vie terrestre, leur innocence formidable, leur absence de jugement ?

Monter à cheval est chaque jour un passage de vie.