Points de vues

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Je viens de m’offrir de nouvelles lunettes.

Le scoop, c’est que pour la première fois, je suis passée par l’obscur office d’un délivreur de prescriptions officielles, parce que théoriquement la loi française oblige à passer par lui pour essayer des lentilles mais en fait, parce que c’était « la solution » sans tâtonnement ni perte de temps pour obtenir rapidement les invisibles auxiliaires à la bonne correction.

Me voici donc dotée d’une multitude de points de vue.

Sans lunettes, une vision du juste milieu apportée par l’âge, une bonne vision où il est devenu impossible de regarder les petits détails en détails et impossible de regarder trop loin sans me confondre avec l’horizon. Une vision du coeur et de l’expérience qui me réjouit si souvent que je souhaite fort l’entretenir.

Avec les lunettes rondes, une vision de près, pointilleuse, minutieuse, une vision de près qui épluche, qui découpe, qui juge, et qui rejète inexorablement ce qui sort du champ.

Avec les lunettes carrées, une vision de loin pour conduire, exclusivement pour conduire et pour filer à toute vitesse sur des chemins bien pavés mais non dénués d’imprévisible.

Avec les lentilles, une vision superficielle qui m’était devenue étrangère en pratique, une vision qui s’impose, m’obligeant à mesurer la profondeur des rides de mon visage quand je passe devant le miroir, une vision qui me renvoie la perfection du teint de l’enfance, une vision toute crue mais souriante d’une certaine réalité à laquelle il est impossible d’échapper.

Porter des lentilles, avoir une vision de jeune à mon âge de « pas jeune », c’est un exercice plaisant, un amusement, un jeu qui prend toute sa place parce que je décide du moment qui me plait pour m’y transporter.

C’est mon point de vue.

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