De la décontraction (2)

Comme dans le billet précédent, aucune illustration ne vient en préambule.

Après m’être blessée,
Après m’être recroquevillée sur la douleur,
J’expérimente avec bonheur le retour vers la décontraction.

Quelques instant après l’évènement traumatisant, j’ai marché.
Il n’y avait pas d’autre choix.
Marcher, avancer, atteindre ma voiture…
C’était la priorité avant de réfléchir à quoi que ce soit d’autre.
Plus j’avançais et plus mes pas vacillaient mais je restais debout.
Parfois j’arrêtais afin de reprendre mon souffle, de stopper les étoiles qui s’allumaient comme des clignotants inquiétants et je repartais.
J’ai atteint la voiture et le bonheur d’une douleur provisoirement en évasion.
Alors j’ai pu réfléchir un peu.
Et je suis rentrée.
Et je fus incapable de marcher un mètre de plus.

Mon corps avait encaissé, il usait déjà de tous ses stratagèmes pour passer l’obstacle.
Douleur intense à la moindre stimulation de la partie blessée (pour forcer au repos)
Inflammation (pour lancer la cicatrisation)
Sommeil (pour relâcher)

J’ai bien respecté ces lois basiques qui ne s’écrivent nulle part alors qu’elles sont essentielles.
J’ai farfouillé sur la toile, comme il se doit désormais.
Comme d’habitude, j’ai trouvé le pire et le moins pire,
Et comme d’habitude, j’ai agi à ma sauce!

En premier, puisque le temps avait déjà largement coulé, j’ai eu besoin de chaleur sur la zone douloureuse. Et j’en ai mis.
Quelques jours plus tard, j’ai eu besoin des mains d’une amie thérapeute, et je lui ai demandé de venir les apporter jusque chez moi.
C’est en sa compagnie que la décontraction a pu refaire surface.
Et ce fut possible parce qu’il était juste temps.
Avant eût été trop tôt.

J’avais préparé une belle boisson d’été à base d’hibiscus. Une boisson qui exhibait sa robe chaude dans la théière transparente et nous savions l’une comme l’autre qu’il était possible d’y épuiser notre soif.
Puis, sur le parquet de chêne blond, devant la fenêtre illuminée par le soleil, entre la blancheur paisible des grands murs, nous nous sommes installées.
Moi allongée immobile, sans attente, sans espoir, disposée à recevoir ce qui était possible sans savoir ce qui serait possible.
Elle pouvait bouger tout autour, glisser sur la parquet, utiliser tous les coussins nécessaires.
Alors, il n’y avait plus rien à dire.
Nous avons l’une et l’autre fermé les yeux.
Et le ballet fut.
Silencieux.
Il se dansa mobile et immobile,
Il se joua dans l’interface où tout se joue.
Et après bien plus d’une heure,
Il prit fin.

Alors nous avons partagé nos actualités, bavardé de choses et d’autres, vidé la théière et elle a pris congé.

Dans mon corps, je sentais circuler la vie jusque dans les moindre recoins.
Je savais que j’entrais dans la phase laborieuse où il est à la fois nécessaire de cultiver la patience et à la fois important de s’émerveiller de chaque petit progrès.

Dans le billet suivant, sur ce sujet de la décontraction, je vais passer de l’autre côté des faits palpables et entrer dans le monde merveilleux des questions faisant écho aux questions, ce monde qui fait agréablement vibrer mon quotidien au long cours.

(A suivre)

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