Archives de catégorie : A propos

A propos des vacances

La vie de maman active est plus que nulle autre une vie où il faut user de super pouvoirs afin de rester dans la danse.
Consciente de ce fait, aspirant souvent à des espaces « rien qu’à moi » longtemps cantonnés dans la compétition sportive, donc loin de tout repos, j’avais posé l’idée d’une pause nécessaire.
Pensant que l’adolescence se termine aux alentours de l’âge de la majorité civile, j’avais dit à qui voulait m’entendre que j’allais lever le pied une fois que notre dernier fils aurait atteint vingt ans.
Soit en 2010.
J’ai fait preuve de patience, le simple fait d’avoir noté cette date m’apaisait et me permettait de cultiver la patience.

Ce n’est qu’en 2012 que le temps a commencé à s’élargir, s’ouvrant sur de nouveaux possibles et de véritables vacances.
Enfin, je pouvais disposer de quelques semaines vidées des habitudes quotidiennes, libérées des personnes connues, enfin je pouvais vivre quelques semaines sans la moindre routine, uniquement riche des incontournables contraintes inhérentes à mes seuls choix.

En 2012, je suis montée à la source, j’ai déboulé une centaine de kilomètres à pieds puis debout sur un frêle esquif, j’ai suivi le fil de l’eau, et j’ai fini sur la plage.
Heureuse.
En solitaire.
Autonome.
Je n’avais qu’une envie : recommencer.
Il fallait attendre les prochaines vacances, celles que je m’accordais enfin : les miennes, rien qu’à moi sans personnes sur qui veiller, sans personne à suivre sinon moi-même!

En 2013, j’ai vérifié que tous les chemins mènent à Rome.


En 2014, je suis partie explorer des îles au large des côtes africaines.


En 2015
, j’ai décidé de porter ma planche à proximité des sommets en explorant les lacs alpins.

En 2016, de rivière en fleuve et en méditerranée, je suis allée jusqu’à Barcelone.

Et alors, je n’ai plus eu la moindre imagination pour donner un sens à une quelconque randonnée « debout sur l’eau ». Les plus belles « choses » doivent se terminer pour que d’autres puissent naître.

La planche elle-même était fatiguée, incapable de repartir. Je l’ai accroché au mur.

Puis, j’ai envisagé la marche, les sentiers et leurs détours, le sac toujours trop lourd aussi léger soit-il, les chemins plein d’empreintes où le monde tintinnabulle à travers une multitude d’itinéraires.

En 2017, mon escapade reliait la méditerranée à l’atlantique.

En 2018, pour le plaisir de suivre un de nos fils dans un de ses exercices, j’ai fait un pas de côté et abandonné la solitude en partant vers Hawaï à la découverte de l’inconnu.

En 2019, La Loire m’appelait et je suis partie à sa rencontre dans ses gorges les plus sauvages, dans son lit le mieux caché. Ce fut une merveilleuse randonnée qui m’a entrainée sur des versants magiques que je n’espérais même pas.

En 2020, sous le règne d’un certain Sras-Cov-2ème, il y avait beaucoup trop d’incertitudes pour envisager sereinement une balade hors des sentiers battus.

En 2021, j’ai eu un énorme besoin de verticalité minérale. Un créneau météorologique favorable m’a conduit dans les Pyrénées en juillet et en septembre je suis partie le long des côtes rocheuses Normandes et Bretonnes.

La suite est à vivre, plus loin!

A propos de balade à thème

Toute action entreprise doit avoir un sens, une direction, une intention.

Incapable je suis d’agir par habitude ou parce que c’est « comme ça », j’ai besoin de sens.
Partir un mois, partir un jour, sortir à côté ou voyager au loin est, et fut toujours, la conséquence d’une réflexion complexe, d’une recherche attentive, d’un choix qui laisse de côté tous les autres. Cependant, je ne pose aucune attente particulière sinon une patiente attente d’être surprise, attente qui germe sur une intense curiosité au sujet de l’heure de venue d’un imprévisible certain.
Après ces quelques lignes, j’ai pensé que forcément « tout le monde » à besoin de sens, que forcément il ne viendrait à l’idée de « personne » de poser un pied devant l’autre sans avoir préalablement choisit une direction, ne serait-ce que celle qui consiste à suivre un mouvement venant des autres.
Alors, je me suis regardée en train d’écrire pour ne rien dire!

Et pourtant j’ai envie d’écrire un truc juste à la sortie de ce printemps 2021, le deuxième printemps sous le règne de Sras-Cov-2ème (un sacré tas d’ARN qui en distribuant une maladie nommée COVID19 fait la loi dans le monde entier), car c’est bien en raison des restrictions imposées, restrictions pesant sur la recherche de sens, que j’ai dû organiser mes balades.
Quand tout semble figé dans la dualité, j’ai besoin de bouger pour ouvrir mon point de vue.
Quand le tempo est à l’enfermement, j’ai besoin d’air.
Non seulement je suis incapable de m’habituer aux contraintes mais en plus, certaine qu’il est absolument nécessaire de ne jamais s’y habituer, je cherche chaque faille, aussi petite soit-elle, pour aller chercher la lumière.
Quand le ron-ron des réseaux sociaux oscille entre ronpour et roncontre, à une cadence ininterrompue, parfaitement rythmée, quasi hypnotique, c’est vers la complexité du dehors que j’ai besoin d’aller, comme un besoin viscéral d’échapper à l’apparente simplicité d’une captivante série de télé-réalité à succès populaire.

Dans ce contexte,
Tenir un thème qui me ressemble,
Un thème qui me rassemble est essentiel.
Un thème dans la distance impartie.
Les orchidées sauvages?
Yes, les orchidées sauvages!

Alors, chaque sortie devint une recherche.
Alors le temps s’est écoulé passionnément.
Passion
Patience
Patience.

Et lorsque l’horizon s’est ouvert, lorsque les balades ont pu s’imaginer au bout de quelques heures de route en voiture, en l’absence du moindre stress*, j’ai poursuivi ma quête plus loin, au delà du département, au delà de la région.
J’ai ainsi marché des heures.
J’ai ainsi marché, certains jours, du lever au coucher du soleil.
Chaque fois, je scrutais alentour, intensément, sans toujours savoir ce qui devait accrocher mon regard sinon l’invisible au regard commun. (Je pense par exemple au Liparis de Loesel ou à l’Orchis grenouille)
Parfois, souvent, je fus attirée par des connaissances, émerveillantes, impossibles à ignorer. Je me laissais charmer, incapable de résister à l’envie d’immortaliser la belle dans une image, peut-être pour simplement prolonger l’instant en posant mon sac, en contemplant les robes, en me perdant dans la perfection des graphismes, en respirant des parfums subtils, en admirant une capacité d’adaptation échappant aux algorithmes machinaux.
Et je marchais plus loin.
Remettant au lendemain une rencontre improbable.
Ou,
Tout à la joie d’avoir déjà trouvé, à nouveau tournée vers une autre recherche.

Juillet est arrivé sans crier gare et les plantes de printemps sont maintenant en graines. Préparant un prochain printemps, elles m’invitent déjà, porteuses d’un sens certain, bien plus grand, bien plus loin.

J’ai encore besoin de chercher, j’ai encore besoin d’être curieuse, je n’aurai jamais « tout compris », tout m’apparait extrêmement complexe, me dépassant toujours et c’est vraiment ce qui me fascine et m’attire et me tient debout.

Et… n’est-ce pas au final, comme « par hasard », le tissage d’une histoire de graines, de laborieux jardinage, de récolte et de récolte à partager ?

* Stress : oui, parce que durant ces deux années écoulées, plus encore que par le passé, j’ai ressenti au long cours combien pèse la sensation de « transgresser la norme imposée ». Quand bien même la transgression demeure paisible, non militante, pacifique donc, et respectueuse d’autrui, elle impose à mon animalité humaine un certain effort, donc un certain stress d’effort simplement parce qu’en temps qu’animal grégaire, je suis principalement programmée pour suivre le troupeau.
Un vaste sujet à méditer dans tous les sens.

A propos des vacances 2014

C’est le 18 août 2014 que j’ouvrais une nouvelle page d’aventure à l’attention de ceux qui avaient pris l’habitude de me suivre les deux années précédentes.

Comme les deux autres fois, il ne s’agissait ni d’un défi, ni d’un record à établir, il s’agissait une fois encore simplement de « vacances », juste comme je les aime.
J’avais hésité entre plusieurs projets, et finalement je m’étais décidée pour celui qui avait le plus de sens, une fois examiné dans tous les sens.

C’était à nouveau en mer, en solitaire, sans bateau suiveur, sans assistance programmée à terre.
A la différence des autres années, j’avais décidé d’emporter une petite balise car je doutais de la possibilité de pouvoir à tout instant utiliser mon téléphone portable (particulièrement en cas d’urgence) et j’avais ouvert une page facebook spécifique (page aujourd’hui supprimée)

Néanmoins, le principal restait le principal : quelques rares nouvelles relayées par Michel sur les réseaux sociaux, une pagaie, une planche, une bonne femme et quelques bagages.

Alors ???

Et bien, après avoir parcouru debout le grand fleuve sauvage, après avoir longé les côtes du berceau de notre civilisation, j’allais tenter de faire le tour d’un archipel qui fut peut-être cité dans les contes de la mythologie grecque soit sous la forme de « Champs Elyséens », soit sous la forme d’un jardin des « Hespérides ».

Les avis divergent au sujet des « îles fortunées » ou « îles des bienheureux » mais tout le monde semble d’accord pour affirmer qu’elles ont longtemps constitué le « bout du monde occidental » sur les cartes des « terres connues » dans l’antiquité et le moyen-âge.
Les plus proches du continent, donc les premières explorées furent celles qui s’appellent aujourd’hui Fuerteventura et Lanzarote. Los Lobos et La Graciosa allaient aussi faire partie de l’aventure : quatre îles, c’est déjà un archipel !

Le périple n’était pas aussi long que les deux premiers. Cependant, plus que jamais, j’allais devoir me soumettre aux vents et aux vagues. Comme les autres années, je disposais d’un petit mois pour partir et revenir à mon point de départ.

Outre les conditions météorologiques, le principal souci à envisager était celui de l’approvisionnement en vivres et en eau douce.

Je m’apprêtais à réaliser un véritable rêve : allier mon goût pour l’océan avec mon goût pour le désert !

Ce fut fait.

Il est inutile d’en relater les étapes, le risque serait de lasser en racontant toujours la même chose : le bonheur d’être soi au milieu de nulle part!

A propos des vacances 2015 et 2016


En 2015 j’avais d’abord imaginé un trip outre atlantique dans le lointain Canada.
Comme là-bas les étendues sont immenses et la population dispersée, il fallait absolument que j’ai l’assistance de « complices » sur le terrain afin d’espérer ne serait-ce que me nourrir. J’avais lancé un appel aux personnes que je connaissais sur place.
Lucide, j’avais posé une espèce d’ultimatum dans mon planning : sans nouvelles en mars, il était vain de poursuivre le projet.
En mars, point de nouvelles.
Il fallait que je change mon fusil d’épaule.
Partie comme j’étais à solliciter une certaine assistance,
Partie comme j’étais à affronter le froid et la verdure,
Je lorgnais du côté des Alpes.
Sitôt le message envoyé en direction de la Suisse, sitôt le retour enthousiaste tombait dans ma boite mail.
Top là.
2015 serait l’année des lacs alpins, du Lac Léman et de la partie du Rhône qui le précède comme de celle qui le suit. L’arrivée se ferait à Lyon où j’avais prévu de participer en SUP (et sans bagages) à un grand rassemblement de pagaies.

La vie étant espiègle, à peine avais-je tout bien calé que je recevais un message du Québec. Une personne me proposait l’assistance de son mari pilote d’hélicoptère!
Il était trop tard.
Ce fut un grand bien pour mes principes où la simplicité et l’écologie sont au centre. Quelle mouche m’avait donc piqué de vouloir partir si loin!

A quelques heures de « chez moi », seule au milieu des montagnes, sur des lacs plus ou moins connus, j’ai ramé par étape ou par jeu et mes vacances furent parfaites.

Et 2016 s’en vint.
Il fallait que je trouve une nouvelle aventure pour remplir mes vacances d’étoiles.
J’étais désormais convaincue qu’il est inutile de chercher loin.
Le Rhône que j’avais commencé à suivre dès l’amont du Lac Léman, chuchotait à mes oreilles des berceuses d’enfance.
Lyon n’est-elle pas ma ville de naissance?
Et qui parle de Lyon parle aussi de la Saône, n’est-ce pas?
Et la Saône fait aussi partie de mes souvenirs d’enfance.
J’avais un début de fil, un début d’aventure, mais le trajet était bien trop court!
C’est à ce point de réflexion que j’ai tilté : il me restait à explorer une partie des côtes françaises de la Méditerranée et tant qu’à faire, pourquoi ne pas pousser jusqu’en Catalogne et rejoindre Barcelone ?
J’ai pris une règle et je l’ai posé sur la carte de France au niveau de Nantes. Presqu’en face, tout à l’est sur la Saône, j’ai trouvé le joli port fluvial de Chalon-sur-Saône : c’est là-bas qu’il fallait que je parte.

Et ce fut fait.

De la Saône, je suis passée au Rhône à la confluence lyonnaise, puis du grand Rhône je suis passée aussi souvent que possible sur le vieux-Rhône beaucoup plus bucolique.
Je suis arrivée au pied du célèbre Pont d’Avignon sous lequel plus personne ne danse, j’ai longé Beaucaire, puis j’ai bifurqué sur le « petit Rhône » qui se balade en Camargue jusqu’à ce que s’ouvre devant ma planche le canal du Rhône à Sète.
Là-bas, la grande Bleue attendait mon arrivée.


J’ai caboté de caps en criques et j’ai fini par arriver au coeur de Barcelone.

Ce fut une fois de plus une grande et belle aventure, remplie d’imprévus, de surprises joyeuses et de rencontres avec les fondements de ma personne.

Une fois rentrée, j’ai vraiment eu l’impression, d’avoir bouclé une nouvelle boucle de l’infinie spirale qui s’appelle la Vie.

Après trois années de trip, avec des milliers de kilomètres au compteur, ma belle planche Earth était fatiguée. Je savais qu’il était impossible de compter sur elle une année de plus.
A défaut d’investir à nouveau, il fallait désormais que j’invente une autre manière de voyager lentement.
Et pourquoi ne pas m’en aller tout simplement à pieds et sac au dos?

J’étais prête pour cette idée là!