Reconnaitre, chercher et enfin… trouver!

Listera ovata (une des orchidées les plus répandues de France)

Après avoir beaucoup cherché, il arrive qu’enfin nos pas nous portent vers « TROUVE »!
C’est une réalité quelques soit le domaine de recherche.

Dans le domaine des orchidées sauvages, il existe des espèces presque courantes, de celles qui sont visibles aux rond-points des autoroutes comme l’orchis bouffon près de Nantes. Néanmoins, comme il n’est pas facile de s’arrêter dans ces endroits, il faut parfois chercher ailleurs.

Trouver après avoir cherché me procure une joie plus intense que celle qui surgit lorsque je trouve sans chercher, cadeau imprévisible sur un chemin programmé.
C’est certainement en rapport avec le temps passé, avec l’attente nécessaire, avec la patience cultivée.
Il faut de la chance, à moins que ce soit un coup de pouce du ciel, un éclairage particulier, un guide suprême, je ne saurais dire.

Récemment, je cherchais activement une espèce rare, en voie de disparition, protégée au niveau national.
J’avais fait pas mal de déplacements à sa recherche.
Sans la rencontrer.
J’avais cent fois remis l’affaire sur mon écran, fouillé le web avec différents mots-clés et c’est après la dernière « fouille » de terrain que je suis « tombée » sur un article signalant sa disparition dans tout le département.
Alors, comme par magie, j’ai reçu un message d’un vieux chercheur qui me parlait d’un « spot » visité par lui en 2016, un « spot » par lui définit avec le mot « station ».

Je fais une parenthèse à propos de ce mot que je n’aurais jamais employé (et que je n’emploie pas) à propos d’un endroit où une espèce est visible, où elle est stationnée, donc. Je suis toujours amusée par le vocabulaire spécialisé, un vocabulaire qui pose une apparence « je parle ainsi parce que c’est ainsi qu’il faut parler dans ce domaine, donc je fais partie de ce groupe ».
Il convient cependant de retenir qu’il existe des stations qui ne sont pas des stations balnéaires! Cependant en fonction du nom d’espèce accolé au mot « station » ce sera un « spot » à la mode, un « spot » pour privilégiés ou un « spot » populaire.

Pour revenir à l’anecdote précédente, le « spot » potentiel (ce sont les surfeurs qui parlent souvent de spot… je fais ici référence à ce qui m’amuse dans l’utilisation du vocabulaire!) était proche d’une plage de surf que je connais bien.

Je suis donc partie, armée de patience, dans le but d’explorer méthodiquement tous les prés accessibles d’un point à l’autre, soit sur le papier, plusieurs hectares!
En fin de matinée, j’étais arrivée à la moitié.
J’avais déniché les dernières hampes fleuries d’A.Laxiflora, les squelettes aux graines envolées d’O.aranifera, les fruits murs de quelques A.morio mais point ce que je cherchais.
J’avais les yeux fatigués par trop d’attention.
J’avais des doutes à la pelle : Etais-je réellement le bon jour au bon endroit? Etait-ce trop tard? Trop tôt? L’espèce avait-elle disparue depuis 2016? la sécheresse printanière avait-elle annulé la pousse de cette saison? Mille questions m’assaillaient et j’avais faim.

Sortant du dernier pré visité, je décidais pourtant d’aller jusqu’au point limitant la zone de recherche, simplement histoire de mesurer ce qui me restait à explorer une prochaine fois. Libéré de la pression de la recherche, je marchais d’un pas franc, le regard plus au loin que précédemment.
C’est alors, que dans mon champ de vision, une silhouette entra.
Dans le même instant fugace, tout en me disant que les orobanches était capables d’espièglerie en ce moment, je me suis dit « c’est ce que je cherche ». Et hop, j’ai enjambé la barrière, il n’y avait personne alentours.
Wahooooooooooo! J’y étais!
Contre toute attente, j’y étais.

Il fut temps de ne plus avoir faim, de ne plus compter le temps, de m’agenouiller et de capter l’instant sous tous les angles.
Puis, regarder plus loin, à côté, survoler l’espace, compter, m’agenouiller encore, simplement ravie.

Et puis, la faim est revenue. Je suis partie, heureuse de cette matinée passée.
Impatiente impassible imaginant déjà une autre recherche et la patience indispensable pour y parvenir.

5 réflexions sur « Reconnaitre, chercher et enfin… trouver! »

  1. HUGUES CHEILLAN

    Je suis entré dans tes publications de manière pragmatique (Généralités, listes des articles…) avec beaucoup d’intérêt pour ce que je lis car c’est un parcours botanique bien sûr mais aussi humain. Aussi, beaucoup de similitudes dans la manière d’aborder notre quète. Avec Nicole, nous formons un tel binôme que je peux dire que nous ne sommes qu’une seule personne, chacun avec sa sensibilité. Elle a une démarche très proche de la tienne et fonctionne au feeling …. elle SAIT qu’il y a des Orchidées avant de les voir. Aussi, avançons nous souvent comme tu le fais et souvent ça marche! Ensuite, c’est plutôt moi qui arpente le site précautionneusement pour une vision globale de l’endroit . Je suis moins à cheval qu’elle sur la notion de propriété. S’il y a une sonnette, j’appelle sinon, j’y vais!

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    1. Joelle Auteur de l’article

      Quelle joli compliment Hugues!
      M E R C I
      Et c’est un plaisir de lire votre fonctionnement en binôme comme une seule personne 😉
      Je suis comme toi, très peu à cheval sur la notion de propriété, tout en restant très respectueuse évidemment, et puis c’est toujours une petite dégoulinade d’adrénaline qui me ravit 🙂

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      1. HUGUES CHEILLAN

        Je continue la lecture … cela va être plus facile car le bricolage extérieur et le jardinage sont moins chronophages !

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