Partir à la conquête des archives en ligne

Pendant longtemps, les recherches généalogiques sont restées l’apanage de personnes spécialisées.
Il était non envisageable, pour quiconque était dénué de fortune, de remonter bien loin les lignées de ses ancêtres.
Et puis, dans les années 1990, la numérisation des archives publiques fut initiée.
Petit à petit, chaque commune s’y est mise que ce soit à l’aide d’entreprises privées, de sociétés généalogique ou de bénévoles passionnés.
Finalement une bonne partie des archives numérisées fut mise en ligne et offerte au public. Il suffit aujourd’hui de rester chez soi et de cliquer sur un site d’archives départementales pour accéder rapidement aux registres d’état civil et, peut-être, découvrir la trace d’ancêtres.

Ainsi décrite, l’affaire parait triviale.

Comme toujours, dans la vraie vie, c’est un peu plus compliqué.
Partir explorer les archives, c’est un peu comme partir à la découverte d’un pays inconnu.
En temps que randonneuse curieuse, je peux facilement comparer avec mes longues marches.
Il faut pouvoir se mouvoir en terrain varié : les présentations diffèrent et sont plus ou moins facile à dérouler.
Il faut accepter les traversées de marécage, les route coupées par des abîmes infranchissables, les buissons d’épines qui font « perdre du temps »… Il faut accepter sans jamais se départir d’une curiosité inlassable occasionnant tellement de détours parfois tellement vains.
Enfin, il faut savoir que c’est à haut risque d’addiction : s’embarquer dans une expédition nécessite une bonne part de réflexion pour qui doit aussi consacrer du temps à son boulot et à sa famille.

Une fois que la décision est prise et que quelques balades d’entrainement ont donné le ton, il est prudent de s’équiper à minima.

Pouvoir disposer de deux écrans n’est pas un luxe.
Si j’en avais un de plus, il est certain que je l’utiliserais aussi!

Faire entrer un logiciel de généalogie dans son PC est indispensable.
Acquitter son obole auprès d’un site de généalogie, c’est comme monter dans un bus ou comme faire du stop : c’est une solution pour avancer plus vite quand il semble impossible de faire un pas de plus. Mais ensuite,  exactement comme après la descente d’un bus ou d’une voiture, il faut reprendre la marche lente et piégeuse de la randonnée ordinaire. A mon avis, il faut attendre d’avoir fait assez de chemin avant de choisir ce « coup de pouce », simplement parce que pour pouvoir « aller plus loin » il faut déjà avoir marché bien loin.

Et donc, grâce aux archives numérisées, il est possible, tout en restant devant les écrans, une tasse de café (ou de thé) à la main, il est possible de monter un bel arbre généalogique à condition de rester dans les départements où un maximum d’archives est mis à disposition.

Dans ma recherche, je dois dire que j’ai été bien gâtée par le deuxième passage sur le site des archives de Lyon : en cinq ans une quantité industrielle de registres a été ajoutée.
Cependant, que j’élargisse aux archives du Rhône et je me retrouve devant des marches infranchissables, incapable de passer le cap entre ce que je sais déjà parce que je suis un peu vieille et  les registres absents de l’époque de mes grands-parents.

Or, de mon point de vue, ce qui est le plus passionnant, ce n’est pas de savoir qui étaient mes ancêtres au 17ème siècle, mais de réussir à connecter entre eux les grands oncles, grandes tantes et autres cousins dont parlaient les parents, mais de réussir à trouver ce qui faisait que nous allions visiter telle ou telle personne à tel endroit, mais de découvrir la réalité derrière les souvenirs interprétés en vrac lors de ma traversée de l’enfance.

Dans ma recherche, le plus compliqué reste le terrain alsacien. Entre 1871 et 1902 (rien d’autre après) les archives sont rédigées en allemand, il n’y a aucune trace de recensement et un bon paquet de registres détruits. Et pour corser l’aventure, il y a dans le village de naissance de ma grand-mère une quantité incroyable de familles avec le même patronyme !
Têtue, je poursuis l’exploration, saisissant chaque fil, imaginant parfois qu’en suivant les cailloux blancs, je vais trouver un chemin qui débouche… en vain pour l’instant.

Qui aime randonner apprend à faire l’éloge de la lenteur.

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