Les captifs de la toile ont peut-être déjà croisé une histoire d’arbre et de pirogue qui se partage en un clic sur l’air de « mouais, c’est pas mal ce truc ! Je vais partager et hop, c’est quoi le suivant? » C’est signé « mythe mélanésien de l’île de Vanuatu »…
A la source, il y a un travail effectué en vue d’une thèse de recherche de Joël Bonnemaison, et c’est un peu plus complexe que la métaphore colportée ne le laisse entendre.
Comme d’habitude quoi!
Sous nos latitudes, il y a belle lurette que les pirogues monoxyles sont rentrées dans les musées quand elle ne sont pas l’oeuvre récente de quelques gentils bricoleurs qui jouent avec le bois plus qu’ils ne navigueront jamais.
Je possède une pirogue, elle est en « composite », c’est à dire que c’est un assemblage de tissus en fibre de verre et de résines polyester… Pas vraiment des « trucs » directement cueillis dans la nature, donc…
Pourtant, ma pirogue, un va’a sans gouvernail, je la compare volontiers à un cheval qu’il faut apprivoiser, un « truc vivant » plus puissant que moi.
Car elle m’emporte, elle décide de sa trajectoire sur les vagues, elle n’obéit jamais à des ordres simples et tranchants, elle a besoin d’être habitée, elle a besoin que je sois « avec » elle, que je l’apprivoise à chaque sortie, que mes propositions soient douces et déterminées.
Les moments de grâce sont ceux où je suis à la fois moi, l’océan et la pirogue !
Ils existent.
Et comment en parler sinon en usant de métaphores?
Ce long préambule pour essayer de décrire le lendemain d’une « organisation » réalisée.
Qui osera lire et suivre chacun des liens jusque dans ses profondeurs pourra peut-être un peu comprendre. Un peu seulement! 😉
Dimanche soir, de retour dans la vie « normale » il y eut comme toujours un « vidage de carte mémoire ».
C’est subtil ce genre de vidage.
La symptomatologie est claire et précise : j’arrive face à une personne en disant « je voulais te dire quelque chose à propos de l’évènement et je sais plus du tout ce que c’était ».
Il y a un instant de silence où j’essaye de rembobiner, un regard probablement vide, le mot FIN qui flash devant mes yeux et hop, j’actualise sur le temps présent.
Tout ce que j’avais consciencieusement enregistré en double, à la fois sur le laptop et dans ma mémoire, tout ce qui s’était amoncelé au point d’encombrer mon bureau, ma chambre et mes pensées s’envole instantanément sans être perdu pour autant.
Et qui dit vidage, dit vidange.
Aucune vie n’est jamais vide tant qu’elle est vivante!
Qui dit vidange parle aussi de remplissage, non?
Donc, le lundi était jour de remplissage.
Imaginez un réservoir qui se remplit à grande vitesse, imaginez le flot qui entre, imaginez les turbulences qui se créent au contact des parois, imaginez les vagues, imaginez une vaine tentative pour réguler le débit, le trop plein qui guette… imaginez mon lundi!
Puis, le calme revint en surface, il revint d’autant plus apparent que tout était rangé : le matos, la maison, mon bureau en bois et mon bureau virtuel.
Invisibles aux yeux, inaudibles, il ne persiste que doux frémissement intérieur, intense et bien connu. Il n’est que pensées qui tournent, vagues de questions qui déferlent inlassablement, bosquets qui ramifient à foison, envie d’écrire, doutes, hésitations, certitude de solitude.
Ma routine, quoi!
Comme toujours quand je prends le temps de te lire, le temps s’arrête, la poésie s’installe en dedans. Un quelque chose qu’aucun mot ne saurait dire… un quelque chose de la vie, simple et puissante à la fois.
Je rêve les yeux ouverts, ne sachant si je rêve la vie ou si je vis mon rêve. Et peu importe si ce n’est l’instant.
Merci Marine, c’est doux de te lire et de recevoir en écho l’expression de ta poésie 🙂
A très bientôt