En roue libre

Passage de vies 7

La réalisation de ce livre fut à l’image de mon quotidien, parsemée de doutes, pimentée d’adrénaline, illuminée de rencontres. Le 1er septembre se profilait et j’étais en roue libre, certaine d’atteindre l’objectif sans effort.

Un dessein improbable se dessinait à la grâce d’un planning éclairci.
J’ai attendu mon fils qui rentrait du bout du monde et je suis partie vers une mise au monde. Loin… Dans le sud. J’emportai l’ordinateur comme principal bagage, il restait quelques jours et je relisais encore à la recherche des grosses coquilles. Je ne les voyais déjà plus, le regard trop absorbé par l’horizon.

Un soir l’amie, fourmi laborieuse dans le système, fit sonner le portable. Après une semaine de lecture attentive, elle rendait son verdict : elle avait reconnu mon discours et n’y avait trouvé aucune médisance, aucune allusion blessante vis à vis de l’univers standardisé qui l’employait. Elle rajouta que plusieurs passages avaient fait germer des questions au sujet de sa pratique.
Rien à retoucher, donc.
Nous en avions terminé avec l’orthographe et une partie de la ponctuation (j’ai la manie des points de suspensions, ils posent des silences à tout bout de champ et signalent l’infinitude au détour du chemin! Ce n’est pas très « littéraire », j’en avais conscience, mais je ne me résignai pas à y toucher!)

Je courais dans la montagne, je sautais dans les vagues, je marchais dans les ruines, j’étais en état d’attente. Il était temps de rendre la copie. Le 29 août, le courriel s’est envolé. Le libre accès en wi-fi de l’office de tourisme narbonnais permettait la reliance.

Un travail de neuf mois s’effaçait. Echappant à l’intimité préservée, il rentrait dans un monde que je ne connaissais pas.

Quelque jours plus tard, ma journée s’enchanta.

Le premier week end de septembre, j’étais de retour à Nantes avec la ferme intention de travailler sur le projet nourri d’attraits communs.