
(Comme toujours, il y a un lien entre l’image et mon propos)
Et je me suis vue hurler avec les loups!
L’instinct grégaire est vraiment fort, constitutif de notre humanité, et donc de mon être.
C’est qu’en début de cette deuxième période de limitation de « libertés » il y a dans l’air un souffle de rouspétance.
La soumission de l’ensemble de la population aux ordres « venus d’en haut » est indissociable de son goût actuellement porté au paroxysme pour ce genre de question/réponse : « Pourquoi lui et pas moi? Je veux que « toi-la haut » tu fasses quelque chose pour « moi-je » parce que je le vaux bien »
Donc, que certains commerces soient ouverts et immédiatement d’autres devraient l’être.
Certaines activités sont permises et/où limitées et d’autres devraient s’en inspirer.
Ainsi il suffit d’ouvrir une page sur les réseaux sociaux pour voir qui s’insurger de la fermeture de la « culture », qui de la trop faible ouverture des « sports de plein air », qui du manque de possibilité d’acheter des fleurs alors qu’il est par ailleurs possible de se gaver de chocolats ou de tout un tas de nourritures absolument non indispensables.
Bref.
J’ai bien failli hurler avec les loups!
Particulièrement parce que je suis actuellement obligée de laisser ma pirogue sur son étagère!
Post hoc, ergo propter hoc.
Ouf, je me suis reprise à temps.
Car, sérieusement, qui parle de culture? Les personnes qui disposent d’une bibliothèque digne de ce nom peuvent avec joie relire l’intégrale de Spinoza, se plonger dans la noirceur de Zola, s’enivrer avec la Provence de Giono ou s’endormir en essayant de déchiffrer un roman en langue étrangère non suffisamment pratiquée.
Car sérieusement, de quoi est-il question en terme d’activité physique? Les personnes qui ont l’habitude de s’agiter physiquement peuvent aller faire leurs courses essentielles (et parfois très loin) à pieds ou en vélo.
Car sérieusement, des végétaux poussent partout dans la ville, il suffit de se baisser à peine pour faire un bouquet! OUI me direz vous, mais j’aurais voulu offrir des roses!!!! Oui, vais-je vous répondre et à quand date la dernière fois où tu as acheté des roses chez le fleuriste du coin de la rue ? Honnêtement ?
Et puis, plus loin, alors que le web nous offre la plus grande bibliothèque du monde (même que plus grand monde n’achète des livres papier à ce qu’il était dit les années d’avant 2020), alors qu’en un clic il est possible de visiter plein de musées, alors que sur canapé il est possible de parler avec une amie à l’autre bout de la planète, c’est quoi ce délire de tout d’un coup ronchonner parce que « ils » nous enlève ce que nous n’utilisons pas vraiment… en fait ?
Sincèrement ?
Et puis, plus loin aussi, qui peut imaginer que le mec qui a passé sa journée à courir sur une structure métallique, en plein air, pour construire un immeuble dans lequel son salaire de m…de ne lui permet pas de rêver, que ce mec est forcément impatient de pratiquer « un sport de plein air » après son travail de forçat ?
N’est-ce pas un tantinet élitiste que d’hurler avec les loups sur ces sujets là ?
Je rêve à l’idée de voir des gens dits « cultivés » capables d’adaptation, d’imagination, de non démagogie comme je rêve à l’idée de voir atterrir tous les soi disant sportifs qui dépensent autant d’argent dans leur matos que certains travailleurs en dépensent en sueur véritable sans en tirer de quoi vivre dignement.
Et au delà des rêves, j’organise au quotidien ma vie de nantie avec ce qui m’est offert.
Je me déplace en vélo, le nez au vent, le sourire aux lèvres.
Je marche autant que je le souhaite.
Je respecte les consignes en remplissant autant de bons de sorties que nécessaire.
Je garde mes distances et même je me lave les mains avant de préparer à manger.
Je fais tout bien
Et je le fais seule, sans demander de « dérogation » pour « moi-je » même si le soleil me manque, même si le sel va me manquer bientôt.
Je vais chercher des piments où j’en trouve.
Je vais décrocher des étoiles où il y en a.
Un jour de mon enfance lointaine, j’avais décrété que je devais vivre comme si j’allais mourir le lendemain, donc avec gourmandise, curiosité, passion et hâte.
J’ai largement dépassé la mi-temps de ce qui m’est accordé de vie et moins que jamais je ne vais gaspiller ce qui est offert. Pas question de cracher dans la soupe, pas question de me mêler à la meute, il n’y a pas de temps à perdre, il me reste tant à apprendre avant demain.
Mardi 3 novembre 2020, plus de cinq mois après la sortie du grand confinement, lendemain du jour des morts, cinq jours après l’entrée dans un carême contemporain décrété au nom du SRAS-Cov-2.
Dans ma ville comme ailleurs en France, la population est assez soumise à cette nouvelle religion et chacun fait dans son coin ce qu’il croit « bon » de faire et de ne pas faire.
La suite est encore plus loin.