J’ai plein d’histoires de papillons.
Comme…
Par ici et par là
Et toujours plus loin
Je suis un papillon
Butinant inlassablement.
Récemment, en vidant la maison dont l’âme de ma mère s’est envolée, j’ai retrouvé ce papillon bijou que je pensais avoir perdu.
Je me souviens avec précision d’un jour où nous étions parties en ville.
J’avais environ l’âge de raison.
Maman avait pris soin de « me faire belle » comme une petite fille modèle à laquelle elle rêvait sans doute. Elle avait donc accroché la petite broche papillon (offerte par ma marraine) sur l’unique manteau que j’ai jamais eu, remonté mes chaussettes et blanchi mes chaussures blanches du dimanche.
Où devions nous aller?
je n’en sais rien.
Ce dont je me souviens c’est que lorsque nous sommes rentrées, le papillon était perdu.
En le retrouvant dans son écrin, j’ai pourtant constaté qu’il n’avait jamais été perdu.
Il y a des mystères,
Des histoires de « grands » qui dépassent l’imagination des enfants.
C’est ainsi.
Les parents font toujours de leur mieux pour emmener les enfants vers la vie dont ils rêvent pour eux, n’est-ce pas ?
En cette période d’examen où des parents annoncent au monde entier la « réussite » de leur rejetons avec force mentions et félicitations comme s’ils se félicitaient eux-même, j’ai une pensée toute particulière pour ces papillons multicolores qui questionnent les parents.
Ces êtres un peu à la marge, toujours lumineux au point d’inquiéter souvent, de semer le trouble toujours, ces merveilleux papillons qui butinent à leur gré, passant d’une fleur à l’autre, par ici et par là, sans s’arrêter sur une recette, fut-elle vantée comme infaillible.
Ils l’ignorent, la recette… ils ont la leur et jamais ne la connaissent vraiment.
Aucune vie n’est vraiment traçable à l’avance.
J’entends les aspirations des « grands » qui se targuent d’éléver « les petits »,
Je comprends avec mes tripes de mère-poule.
Mais je sais
Avec les deux L de mon prénom, je sais tout au fond de mon ventre,
Que les papillons ont besoin de casser eux même leur cocon pour devenir fort,
Pour s’envoler loin dans le sens qui leur va bien
Et je sais que certaines variétés commencent avant les autres!
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Dimanche 10 septembre, étape 11
« Une métamorphose se produit quand les images vues se transforment en images remémorées, qui trouvent dès lors un nouveau lieu dans notre réserve iconique personnelle. »
Hans Belting, Pour une anthropologie des images, traduit de l’allemand par Jean Torrent, Gallimard, 2001, ISBN 2-07-076799-X
En ouvrant mon carnet à ce jour apparaît en premier
« Globalement, super journée »
C’est drôle de lire, de revoir les images avec du recul, quand les souvenirs sont là, mais déjà un peu loin, un peu fondus et interprétés, intégrés dans la réalité d’aujourd’hui.
Dès potron-minet, j’étais prête pour une nouvelle journée.
L’énorme 4×4 de mon voisin était passé chercher les chiens sans écraser ma tente puisque je l’avais déjà pliée.
Pas un mot de sa part alors que je m’écartais en le saluant. Il y a des personnes comme celle-ci qui pointent fort à quel point il est possible d’être transparent à leurs yeux.
En route pour le col des Ares!
C’était vraiment tout près, et là, magie, magie, il y avait un gite, un restaurant et de la lumière. Je suis entrée. Il y avait partout des statuettes de Bouddha, des petites cascades et une décoration très zen. Quand j’ai demandé s’il était possible d’avoir un bon petit déjeuner, la réponse fut positive avec un grand sourire.
La journée commençait à merveille.
A l’approche d’Antichan, le marquage est devenu très très présent. Un simple détail me compliqua pourtant l’existence. A un carrefour, sous les marques habituelles était rajouté GR87.
Le doute m’envahit quant au chemin à suivre.
Je suis allée me renseigner dans le village.
Dans une belle maison, louant le maire qui prend grand soin du balisage, un aimable monsieur eu l’obligeance de se pencher sur ma carte pour comprendre mon dilemme.
Il alimenta mon doute en montrant la direction de la vallée du côté opposé au balisage.
Je lui ai demandé l’autorisation de prendre une des poires qui jonchaient le parterre bien carré.
Une poire à la main, Je suis partie à l’aventure, délaissant les marques.
Quelques virages plus loin, c’est une infirmière libérale en vadrouille qui m’a aidée par sa connaissance des sentiers locaux. Bien que je n’aie pas été tirée d’affaire dans l’instant, j’ai réussi à tâtonner et à rejoindre « le chemin » après quelques circonvolutions erratiques.
En écrivant ce billet, aujourd’hui et après quelques recherches, je ne trouve pas de GR 87…
D’ici à imaginer que le marqueur était dyslexique, il n’y a qu’un pas que je me garderai de franchir aveuglément !
« Globalement, super journée »
Probablement.
Pourtant, comme pour la veille, les souvenirs sont assez lisses.
La sensation qui planait, et je garde cette sensation en mémoire, était semblable à celle que je peux ressentir certains jours sans éclat, certains jours de « ciel blanc », des jours où il n’y a rien à signaler sinon la routine.
Sur la route, ces jours existent aussi.
Comme des respirations nécessaires.
Comme existent les jours sans vague où l’océan semble devenu muet.
Arrivée dans la « plaine », après avoir traversé le village sans charme de Lombres, j’ai trouvé refuge sous les chênes et j’ai monté « mon hôtel » sous le regard attentif d’une belle jument baie.
A suivre…