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Humeur du jour

Et donc je suis allée à Paris.
Et donc, j’ai rapporté de nouveaux projets.
Et, ça, c’est assez drôle car en ce moment il y a plein de projets qui débarquent.

L’année dernière à la même époque, je faisais le ménage, certaine que j’étais que les boucles était bouclées dans pas mal de domaines.
Là, je sais plus trop.
Un flottement est perceptible, assez semblable avec celui vécu l’année dernière,
A la même époque.
Aussi joyeux qu’il était chagrin, il m’emporte.

Parmi ce débarquement de projets, il y en a qui parlent d’écrire.
C’est le coté comique de ma vie que j’étale aujourd’hui ici et sans  vergogne.
Un comique de répétition.
Ecrire!
Publier!!

Quand le monde de l’édition est plus terrifiant que jamais.

Avec l’avènement de l’impression à la demande, tout se publie, à toute vitesse et sans autre risque que celui  de l’imposture.
Car, si le nombre de titres publié a été multiplié par deux depuis la fin du 20ème siècle, le nombre de lecteurs est à la baisse.
« Il y a énormément de livres qui se vendent à moins de 500 exemplaires, tous éditeurs confondus, de Gallimard à Grasset en passant par P.O.L. Et dans ces livres-là, beaucoup ne dépassent pas les 250 exemplaires vendus. En fait, ce n’est pas rare qu’un livre se vende à moins de 100 exemplaires »

Je suis tellement claire avec ce fait,  et depuis si longtemps que j’en suis venue à modifier la page d’accueil de ce site. Pour mémoire, créé en 2008, cet espace était destiné à promouvoir un titre particulier… Je vous laisse deviner lequel!

Les plus fidèles personnes qui passent ici ne peuvent ignorer la répétition de mes questionnements quasi existentiels au sujet de l’écriture et de la publication.
Ces questionnements naissent logiquement de ma non-crédulité pathologique associée avec une curiosité tout aussi pathologique qui mène à une certaine forme de connaissance.

Mon père disait « la vie est un éternel recommencement » et je me suis appropriée cette petite phrase en la projetant de manière multidimensionnelle  sur l’écran de mon imagination débridée. Une imagination incapable de faire un roman mais super douée pour transformer mon environnement en dessin animé géant, entre humour noir, réalité augmentée et joyeuses comédies. Donc, oui sur une espèce de spirale qui représenterait la vie, il est normal de passer devant la même verticale à chaque enroulement. Toujours la même verticale, mais jamais le même point!

Me voilà donc partie en plongée, en immersion.
Ca se terminera comme ça,
Mais pas au même point!

Timidité

Enfant, j’étais timide.
Oh, certes, je n’étais pas du genre rougissante au moindre contact.
Non, simplement je refusais toute ouverture, restant sur mes gardes.
Très très méfiante, je préférais me taire.
Et se taire sans baisser les yeux,
Se taire calmement et avec attention,
Se taire avec des yeux sombres,
A tout les coups,
Ca menait à recevoir un coup de bambou : « Et ben, elle n’est pas aimable cette petite fille là! »
Sous le choc, il était inévitable de baisser la tête,
Et quand une personne compréhensive était dans le coin,
Quand elle venait à la rescousse.
La sentence tombait : « Elle est timide, c’est normal. »

Donc, j’étais timide.
J’étais timide partout : à l’école comme dans la rue ou en famille.

C’était pas le truc qui me plaisait vraiment, cette histoire de timidité.
J’admirais toutes les personnes capables de s’exprimer instantanément, toutes celles qui donnaient des réponses même fausses sans ciller, celles qui étaient capables d’aller au devant, de « demander », de questionner sans la moindre hésitation.
Moi, ça me prenait des plombes et je finissais toujours par renoncer.

Un jour, j’étais déjà adolescente, une personne de bon conseil m’expliqua que la timidité, c’est de l’orgueil, argumentant que c’est parce qu’on refuse l’échec qu’on hésite à se mouiller. Ca me paraissait crédible et je tenais là un fil et à partir de ce jour, j’ai travaillé (oui travaillé!) pour effacer tout orgueil dans le but de perdre ma timidité.
Petit à petit, laborieusement, très laborieusement j’ai appris à enfiler une carapace et à foncer dans le tas.
Le fait est qu’aux environs de la quarantaine, j’ai considéré que toute trace de timidité était effacée et que c’était principalement un effet de la « maturité » survenue.
Il est certain que dans la vie d’adulte, il est souvent nécessaire d’avancer seul, sans compter sur l’assistance de quiconque… A moins d’accepter la soumission… tomber de Charybde en Scylla ne fut jamais dans mes objectifs!

En cueillant les reflets éclaboussés par mes fils, en avançant un peu plus loin sur mon chemin, force fut de constater que l’histoire était ailleurs.

Aujourd’hui, n’ayant plus aucun besoin de travailler ( travailler pour donner le change d’une apparence jugée aimable, cf le début de l’article) puisque j’ai laissé filer toutes les activités qui « rapportent » de l’argent, je vois bien que, globalement, tout est plus simple.

Mais pas toujours.

Hier, j’avais RV avec une charmante personne. Nous avons passé un excellent moment et c’était vraiment super doux de la revoir, de parler d’utopies, de réalités, de vie et de passages.
Ce qui fut remarquable, c’est le moment où j’ai reçu, comme une bombe à retardement, la question : « Tu seras là »?
 » Ben, non, qu’irais-je faire là-bas, je n’ai plus rien à faire dans ces endroits! » Ai-je répondu très spontanément.
 » C’est drôle, j’ai toujours imaginé que tu serais là » est arrivé façon boomerang.

Alors, un déluge s’est abattu, une tempête s’est levée sous mon crâne.

Résultat des courses, une fois rentrée à la maison, j’ai validé un billet de train.
C’est un AR dans la journée.
J’ai pas du tout envie de voir les gens qui seront là-bas, je n’ai rien à faire dans ce navire, d’ailleurs, je n’ai pas de ticket d’entrée et je n’en demanderai pas.
J’y vais pour elle, il y a un sens  et j’y vois un sens.
Je prendrai le train, j’arriverai à l’heure devant l’entrée.
Je suis prête à montrer mes yeux sombres, à me taire, à fuir s’il le faut.
La suite est à vivre.

J’étais timide.
C’était un faux diagnostic.