Archives de catégorie : A Traits Communs

compilation d’un ancien blog

Fragile

En marge 16

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De retour…

J’étais sur une île, mesurant une fois de plus la fragilité de cette condition ilienne.

Il faut du temps pour que s’apaise le brouhaha.
Il faut du temps aussi, pour organiser ce qui vient, et ce que j’ignore encore…

En ce moment, je jette sur la toile, à droite, à gauche, ici, là et partout, ce qui est en surface, ce qui abonde. Puis, il faudra que je me retire afin de trouver ce qui dort encore, afin d’achever la rencontre entre Annette et Lorie. Aurais-je assez de temps avant de décoller à nouveau ?

Je ne sais pas et je ne veux pas savoir.

Tout vient à point.

Et… est-ce un hasard, si j’ouvre à nouveau ce livre* trouvant plus de mille échos étincelants en laissant ce sable couler entre mes doigts ?

 

* « ce livre » croisé un jour, acheté illico (200 FF de l’époque) et jamais abandonné : Déserts de Jean-Yves Leloup publié en 1993 aux Editions Le Fennec, desormais introuvable.

Septembre 2007

A traits communs 3

Pas de doute, l’heure était venue de dérouler le fil.
Auparavant
J’avais dû affronter plusieurs casses-tête.

La passage du rêve à la réalité passe obligatoirement par les comptes. C’est inévitable, incontournable! Aucune escalade, aucune aventure n’est jamais gratuite, ni en terme d’efforts, ni en terme de finance. Un des leurres de notre société se situe là, dans une propension à laisser croire que le rêve est d’accès facile, offert sur un plateau.
Et moi qui voulait tout, enfin le meilleur!!! L’idée était celle d’un livre qui ne tue pas les arbres, qui ne pollue pas les rivières, qui ne brise pas les hommes, un livre qui soit beau, relié, cousu, vivant… Un livre aventure, sans concessions! J’en acceptais par avance le prix, je savais qu’il serait conséquent, au moins pour mes maigres économies.

Il restait à en définir le contenu et je détournais inlassablement le projet facile d’un regard unique et immobile. Comment pouvais-je choisir, et figer un reflet plutôt qu’un autre?

C’est là-bas, au fond du Canada, que doucement l’évidence avait émergé…
Il fallait un regard.
Un regard de femme.
Il fallait qu’il soit celui d’une femme accomplie déjà, capable de sentir la rugosité,
Autant que la tendresse de la vivance.
J’avais bien une idée…
Une idée grandiose et magnifique.
Etait-elle réalisable?

Province de Québec, été 2007

A traits communs 2
Le Monarque n’est pas tout à fait un papillon comme les autres puisque c’est un migrateur. Il passe l’été au canada et s’envole ensuite au Mexique. Chaque fois que j’en croisais un, c’était toute une histoire de vol, d’envol, de passage et d’impermanence qui remuait mes émotions.
Ce séjour là fut placé sous le signe du papillon. J’étais libre comme l’air, l’attente était suspendue à celle d’une seule famille, donc très légère. Chaque fois que je me posais au milieu de nulle part, un monarque voletait et m’effleurait parfois. J’étais une touriste et je le remarquais, je le guettais même.

Au milieu des asclépiades*, il était incontournable, mais au bord de la rivière, j’avais l’impression qu’il venait juste pour moi… L’imagination courrait alors au fil de l’eau. Les pensées allaient et venaient, escaladant des arcs-en-ciel éphémères accrochés dans la brume. Parfois le vrombissement d’un grand héron en phase d’atterrissage me sortait de la rêverie, alors immanquablement, une remarque s’imposait: les plus belles histoires sont celles que l’on invente, à partir d’un mot, d’une émotion, d’un bruit ou d’une odeur…
Quelle que soit la qualité d’un conte, d’un roman, d’une poésie, d’une musique, d’une oeuvre d’art, on ne s’y laisse emporter qu’en se laissant toucher. Et pour se laisser toucher… Il faut en avoir besoin!

J’ai passé beaucoup de temps à marcher cet été là.
J’ai passé beaucoup de temps à lire.

En passant à Montréal, j’avais fait encrer un souvenir indélébile sur un espace encore vierge. La brûlure s’estompait mais le relief en racontait la naissance toute fraîche. Je sentais se dessiner un fil sous mes doigts qui prenait la forme d’un projet indéfini mais grandissant…
L’histoire était là, dessinée en entier et jamais achevée. Si l’idée avait bien un point de départ, si la réalisation était pointée sur le calendrier, la suite n’était qu’une question de temps.
Qu’est-ce qu’une empreinte sinon le pas posé?
Qu’en reste t-il sinon ce que le passant en imagine?

Ces trois semaines furent riches d’enseignements.

*asclepios