« Ils peuvent tout faire entrer dans leurs calculs sauf la grâce, et c’est pourquoi leurs calculs sont vains »
C.Bobin, Ressusciter, Gallimard 2001
Sans être vraiment capable de donner une définition précise à la grâce, j’ai recopié des centaines de fois cette phrase en illustration de propos très variés. Le livre qui la contient est marqué à la page sur laquelle elle trône en tête.
Une fois de plus je la note ici, elle résume un flot de pensées débarquant après une session en compagnie du p’tit pur-sang.
J’ai l’immense chance de ne plus avoir d’autre objectif que le plaisir.
Autrefois bien que la patience ait toujours fait partie de mes outils, autrefois j’avais des objectifs sportifs.
Je mesure aujourd’hui à quel point ces objectifs étaient aussi ceux d’un passage de vie, à quel point je reprenais les arguments qui m’allaient bien pour les mettre en oeuvre, parfois dans la souffrance.
C’est vraiment toute une aventure que celle qui consiste à traverser la Vie en se nourrissant au jour le jour de façon très éclectique tout en gardant le cap afin de rester qui nous sommes en réalité.
Désormais dans l’éducation de ce nouveau cheval, j’avance avec une patience plus grande que jamais. Chaque jour est un cadeau.
Il n’a rien demandé ce petit cheval.
Personne, aucun être vivant ne demande rien le jour où il vient au monde, sinon de pouvoir se nourrir, grandir s’élever, en paix. C’est un fait.
Pourtant, dans l’environnement, dans chaque société, il faut faire ses preuves pour exister et il existe mille voies pour y parvenir.
Pour ce qui concerne les animaux domestiqués, à l’instar du cheval, il s’agit de rentrer dans le cadre pour lequel il a été conçu et de montrer au plus vite s’il convient ou pas.
Il parait que le temps c’est de l’argent!
Le p’tit Prodi a faillit. Il fut nul sur la piste de galop.
Réformé.
Son avenir tenait à un fil et il suffit de lire les petites annonces pour constater comment les marchands de chevaux valorisent « les tas de viande » : ils les bousculent, exigent d’eux la réalisation de consignes inconnues, les obligent à franchir des barres, l’objectif étant de les faire rentrer dans un nouveau cadre au plus vite.
Le plaisir est étranger.
Du côté du marchand comme de celui du cheval.
Quoiqu’en dise… le marchand!
Le temps est la clé.
Une clé en or pur.
Les animaux ne savent pas lire l’heure !
Là est peut-être la grâce.
Le temps est la clé : je pense que chacun en a pu faire l’expérience et la preuve au moins une fois dans sa vie.
Ce billet résonne en moi. Je suis impatiente à divers degrés variant suivant les sujets. Impatiente d’avancer entre autres. Te souviens-tu de cette pause café au LU où tu m’avais fait la remarque que j’étais pressée de m’élever ? Ça a été un petit déclic pour moi, sans pour autant que je parvienne, 10 ou 15 ans plus tard, à réfréner mon impatience.
Alors traverser la Vie en se nourrissant au jour le jour de façon très éclectique tout en gardant le cap… oui, c’est bien l’objectif mais comme je peine à l’atteindre !
Oui, oui, je me souviens.
En fait je n’arrête pas de radoter 😀 et je m’en aperçois très fort lorsque je plonge dans les entrailles de ce site créé en 2008! Même en parlant désormais « à travers les yeux des chevaux » ce sont toujours les mêmes sujets qui me tiennent a coeur 😉
Merci pour tes commentaires qui viennent se poser comme autant de reflets, j’aime ça, impossible de m’en lasser. 🙂