Toujours!
Choisir c’est renoncer.
J’étais en train de trier mes photos ce matin, lorsque s’est imposée cette locution.
Ce matin, premier jour d’une campagne électorale express où pleins d’individus préfèrent penser qu’il est possible de choisir sans renoncer.
Plein d’individus… des grands et des petits, des connus et des inconnus, plein…
J’étais en train de trier mes photos.
Mes pensées vagabondaient allant de souvenir lointains à souvenirs récents.
Je pensais à très longtemps « avant » lorsque les images étaient rares et je touchais du bout de mes sens la saveur des souvenirs sans images.
Et je voyais défiler les centaines d’images capturées lors de la dernière balade et je supprimais allègrement des lignes entières, de ces lignes qui apparaissent sur l’écran selon le choix fait du nombre d’images qu’elles doivent contenir. Sur mon écran, il est possible de choisir entre 3 et 39 et j’ai choisi 15 parce que ça va bien avec mon acuité visuelle présente, renonçant à la possibilité de voir en détail mais acceptant celle de pouvoir supprimer assez rapidement par multiple de 15.
Choisir.
Choisir de garder, choisir d’abandonner.
Prendre le risque d’oublier,
Comme si chaque image était si importante qu’il fallait absolument ne jamais les supprimer.
L’abondance nous enserre,
L’abondance nous étouffe, nous aveugle, nous dépasse et nous perd dans une consommation infernale dont nous oublions les sources et repoussons au très loin les poubelles.
Nous habitons en France au 21ème siècle.
C’est un fait avec lequel nous vivons.
C’est un fait avec lequel nous vivons souvent sans en avoir conscience.
Combien de comparaisons avec un avant disparu ?
Combien de comparaison avec un « ensuite » dont nous ignorons absolument tout?
C’est amusant de trier les photos et de me retrouver en train de poser quelques mots sur un billet que pas grand monde ne lira.
En cherchant d’autres billets sur le même sujet, je me suis relue, je me suis reliée à l’essentiel, à ce qu’aucune photographie ne montre vraiment, à ces moments « en équilibre » que j’ai l’immense chance de pouvoir vivre consciemment et qui jamais ne s’effacent dans ma tête et qui pourtant disparaitrons, à l’heure où je m’effacerai définitivement.
Choisir c’est renoncer
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