Liberté, Egalité, Fraternité

Trois mots mâchouillés à toutes les sauces
Ensemble, il constituent la devise des républiques de France et d’Haïti.

Par les temps qui courent, soumis que nous sommes à la présence toute puissante et envahissante du SRAS-Cov-2, le mot « liberté » revient très souvent. Il est question de La Liberté, de Nos libertés et aussi de Ma liberté, ce qui revient à parler de manière presque aussi vague que d’avancer un pourcentage sans annoncer sur quoi est calculé le chiffre annoncé. Ce billet est une troisième occasion de visiter ce mot un peu plus précisément.
Il est question de « liberté » et toujours en terme d’absence, en terme de recul, de limitation, etc.
La première j’ai parlé de mise en liberté conditionnelle après le grand confinement.

Pourtant, je me sens vraiment libre.
Libre d’écrire tout ce que je veux, même si ça sert à rien.
Libre d’aller acheter à manger ailleurs que chez l’épicier 24h/24h qui est le plus proche de chez moi.
Libre de sortir 20 fois par jour si ça me chante.
Libre de rouler en vélo, le nez au vent.
Et je me sens tellement libre que je fais la liste de toutes les obligations dans lesquelles il est facile de s’engouffrer sans s’en apercevoir.
Par exemple en vélo : le casque est obligatoire seulement pour les enfants, j’ai décidé qu’à mon âge, il était plus important de vivre libre qu’en soumission volontaire à la peur, j’ai donc éliminé le port du casque en vélo. Et ce faisant, j’ai bien regardé autour de moi et j’ai vu toutes les personnes qui font quotidiennement des « trucs » absolument pas obligatoires et se privent ainsi volontairement de « liberté ». J’en connais même qui font des stages spirituels et s’enferment dans de toutes petites cellules en respectant scrupuleusement les ordres des « gurus » aussi longtemps que dure la période qu’elles sont même aller jusqu’à payer! Il y a des gens qui payent pour être privé de liberté, si, si…
Incroyable, non?
Bon, je vais pas écrire dix pages.

Je passe au mot « égalité ».
J’ai même pas envie de disserter pour comparer égalité avec équité.
Sommes nous égaux ? Oui en temps qu’humains au milieu d’autres humains. Un humain est un humain : bipède doté de mains aux pouces opposables, d’une tête surdimensionnée et de sens peu performants.
Une mairie gère les humains qui habitent autour.
Point.
Pas le temps de digresser trop loin.
Ce que j’ai remarqué ces derniers temps au sujet de l’égalité, c’est que chacun revendiquant son individualité exige aussi le « tout le monde pareil » et je pense en conséquence qu’avec de pareilles injonctions paradoxales, il est assez « normal » d’arriver à la folie.

Enfin le mot « fraternité ».
C’est quand même un concept!
Car il faut définir une « famille » humaine pour en arriver au terme de fraternité, non?
La famille humaine serait donc l’ensemble des humains habitant la planète terre (notre « domus »). Et là j’entends déjà le grand éclat de rire qui sort des maisons abritant une famille nombreuse (en France c’est une famille de trois enfants et plus) , car il est quand même super fréquent de s’étriper pour pas grand chose au sein d’une famille. Donc imaginer une belle fraternité lisse et merveilleuse entre 70 millions de personnes (la population de la France) ou plus relève vraiment de l’utopie.

Alors, c’est vraiment « pas juste », les humains ne sont ni égaux ni fraternels et ils sont OBLIGES de vivre ensemble! Encore une privation de liberté… une de plus.

Comme penser toutes ces questions est épuisant, ce matin, j’avais besoin de m’évader.
Un peu après l’aube, j’ai pris mes bâtons de marche, j’ai laissé ma montre, j’ai délibérément renoncé à remplir une attestation avec un mensonge et je suis sortie sans masque, dans le vent, sous la pluie battante.
Je suis sortie pour aller le long de la Loire aussi loin que j’en avais besoin, aussi longtemps que mes vieux os seraient épargnés par la pénétration de l’eau.
J’ai marché pendant presque deux heures.
J’ai marché dans l’eau des flaques profondes, j’ai écouté le chant puissant des bourrasque, je me suis arrêtée devant les envolées de feuilles mortes, j’ai laissé flotter mon regard au milieu des remous du grand fleuve à marée haute.
J’étais « tout », j’étais libre, heureuse.
Simplement.
Et je l’étais parce que dès l’instant où j’avais fait ce choix, en toute liberté, je m’étais dit que devoir acquitter 135 euros serait fort peu payer.
Finalement je n’ai pas déboursé un seul centime.
Ce matin, la ville était déserte.

Dimanche 15 novembre 2020, plus de cinq mois après la sortie du grand confinement, plus de quinze jours après l’entrée dans le carême d’avant Noël décrété au nom du SRAS-Cov-2.
La suite est toujours plus loin.


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