
Hier il était sous l’orage, trempé et heureux.
Passage imprévu.
Un énorme nuage noir était arrivé sous son propre vent,
Occultant l’azur qui régnait en maitre auparavant.
Dans les rues désertes, les rares passants se pressaient,
Tête baissée.
Le tonnerre grondait, d’énormes gouttes venaient exploser
Sur le macadam en ruisseau transformé.
Et nous étions là, au coeur de cette formidable énergie soudain libérée.
Tranquilles.
Heureux.
Dans l’instant, il me murmura qu’il était délicieux de sentir la vraie vie.
Et puis, il se rapprocha, un peu chagrin.
Il me confia qu’il est déjà fatigué de devoir subir les fenêtres artificielles, le monde qui suit sans savoir où il va, qui applaudit parce que le voisin le fait, qui accuse parce qu’il entend que c’est à la mode, et qui a peur, et qui transgresse pour survivre ou pour exister.
Il ajouta que rien n’est gratuit, rien ; que les gens ne pensent qu’à eux et encouragent ce qui peut leur être utile, que la compassion est un mot vidé de sens, que l’opportunisme est en pleine forme autant que la défiance et qu’il est triste chaque fois qu’il y pense.
Ensemble nous avons regardé le ciel.
Le nuage noir restait bien noir.
Tout autour le ciel était limpide.
Alors, très vite, l’oiseau radieux
Retourna sous la pluie qui chantait.
Et je l’ai suivi, parce que lui, j’aime le suivre.
Et nous avons dansé.
L’énergie était palpable
Véritable
Elle avait un goût d’océan.
12 avril 2020, J+26 après la réduction de vie sociale imposée, on attend une espèce de liberté conditionnelle, l’espoir fait vivre.