Il y a cet extrait en illustration.
Et il y a l’ouvrage en entier avec son quatrième de couverture :
« Entre le désir profond de se lier, de s’engager corps et âme, et le désir tout aussi profond de préserver sa liberté, d’échapper à tout lien, quel tohu-bohu !
Or, pour vivre ces exigences contradictoires et d’égal dignité sans être écartelé, il n’y a aucun secours à attendre ni de la philosophie, ni de la morale, ni d’aucun savoir constitué.
IL est probable que les seuls modèles adaptés pour nous permettre d’avancer sont la haute voltige et l’art du funambule. «
Et il y avait Christiane, la voix de Christiane, la voie qu’elle incarnait, humblement, passionnément.
Mais là n’est pas ce qui m’amène devant le clavier.
Ce qui m’amène, c’est l’éloge de l’engagement et autres folies.
L’engagement!
Quel engagement ?
Ce « truc », par exemple, ce « truc » qui prend vie le jour où un enfant pointe le bout de son nez et où nous affirmons que cet enfant est le nôtre.
C’est un jour sacré, qui au delà de tous les textes profanes ou spirituels, nous oblige à nous engager, corps et âme.
Combien de fois dans ma vie, accueillant la vie à mains nues, combien de fois ai-je formulé des bons voeux, silencieusement, consciencieusement, m’imaginant « bonne fée » capable de contrecarrer le sort jeté par la Carabosse.
Car dans mon imagination où les dessins animés se succèdent, il y a, penché sur chaque berceau un bon paquet de fées pas toujours bienveillantes et ce, sans même parler de la vie bien réelle dans laquelle débarquent les enfants.
Combien de fois ?
Tout en connaissant l’immensité de ma non-puissance…
Tant de fois !
Après avoir pris conscience en vivance et à la bonne heure, de la notion d’assemblée bienveillante, assemblée capable de former un filet protecteur sous chaque funambule de haute voltige, silencieusement, consciencieusement lors des jours sacrés où un engagement prenait son vol, je rajoutais ce voeu là : qu’une assemblée de qualité soit présente pour permettre à cette/ces personne(s) de s’élever.
Et aujourd’hui encore, quand des parents restant engagés auprès de leurs enfants devenus adolescents, se trouvent propulsés dans des numéros de haute voltige qu’ils n’avaient jamais imaginé, je pense à l’importance d’une assemblée invisible assez forte pour tisser un filet protecteur, je pense à la toute puissance du temps si précieux et tellement nécessaire au tissage.
Bien plus loin que les recettes toutes faites, que la philosophie ou la morale, je sais que l’unique différence entre une personne d’expérience et une personne novice, c’est que la personne d’expérience est tombée un nombre de fois bien supérieur au nombre d’essais effectués par la novice.
Et je sais aussi qu’il faut beaucoup de patience parce que la chance n’est jamais pressée…
Parce que la chance, c’est autre chose que le hasard!
Comme ce billet me parle… dès que j’ai lu les premières lignes de l’extrait j’ai su immédiatement qu’il s’agissait de Christiane Singer. Ce livre tu m’en avais conseillée la lecture, mais je me sentais réticente à le lire… cette résistance est le signe que j’ai un travail intérieur à accomplir.
Pour ma part, tout se résume là : « Entre le désir profond de se lier, de s’engager corps et âme, et le désir tout aussi profond de préserver sa liberté, d’échapper à tout lien, quel tohu-bohu !
Or, pour vivre ces exigences contradictoires et d’égal dignité sans être écartelé, (…) il est probable que les seuls modèles adaptés pour nous permettre d’avancer sont la haute voltige et l’art du funambule. » J’aime l’image de la haute voltige, car j’y imagine un beau et fringant frison avec sa cavalière tout en blanc. Mais dans *ma vraie vie de moi-je*, c’est moins joli et moins gracieux…
Il me semble qu’il y a différents types d’engagement… à moins que ce ne soit des degrés d’engagement ? L’engagement que l’on peut avoir dans son travail est différent, à mon sens, de celui que l’on peut avoir dans une relation personnelle. Et je placerais au plus haut l’engagement vis à vis d’un enfant, comme dit dans les commentaires précédents le mien. Y aurais-je songé plus profondément, plus intensément, plus intérieurement avant la naissance du premier enfant, peut-être aurais-je changé d’avis ? Peut-être aurais-je changé d’avis sur mon mariage ?
L’engagement vs préserver sa liberté… jusqu’où doit aller l’engagement ? Est-ce qu’engagé signifie être prisonnier ? Mais je perds ma liberté, suis-je toujours moi ? Sur le thème du mariage, ces questions là me taraudent. Et bien d’autres encore !
Puis-je avoir la liberté de me désengager ? Je dirais que cela dépend du degré d’engagement. Je me suis désengagée de ma pratique de l’aïkido à partir du moment où il m’était demandé de m’engager complètement. J’ai craint de perdre ma liberté physique (cours et stages prennent du temps), financière (coût des cours, des stages et des déplacements) et surtout, surtout ma liberté morale (ne jamais, ô grand jamais, contester les maîtres et dirigeants de l’école). Il est évident que se désengager auprès d’un enfant est d’une toute autre nature.
Mais jusqu’à quel point dois-je accompagner les autres (mes enfants, par exemple) ? Jusqu’à quel point dois-je être le filet protecteur car les autres (mes enfants) aussi doivent faire leurs expériences, quitte à chuter et se râper les genoux ? L’exemple du frère de KaMaïa m’interpelle : même si je comprends complètement la peine que doivent ressentir les membres de la famille face aux difficultés de leur enfant, n’est-ce pas justement son chemin de vie ? Quelle est la différence entre s’engager et prendre à sa charge l’autre ? Et on s’engage vis-à-vis de quoi exactement ? Il est où est le contrat ?
C’est sûr que chacun traverse à un moment donné des moments jamais imaginés auparavant (ou alors imaginés d’une toute autre façon, souvent idéalisée)… tu évoques la relation parents-ado, je suis en plein dedans et c’est bien compliqué. J’ai sûrement dû omettre de lire les lignes en tout petit du contrat invisible…
Ce billet m’a accompagnée toute cette journée, mon petit vélo à pensées s’est emballé à plusieurs reprises 🙂
Je me demande comment seront pris les mots posés et peut-être ai-je été maladroite dans mes propos…
Si bien sûr, j’ai pesé toute l’importance du mariage et des enfants, je me demande si finalement… ai-je vraiment si bien réfléchi que cela ? Est-ce que je n’ai pas été extrêmement présomptueuse sur ma capacité à m’engager et ce sur quoi je m’engageais ? J’en reviens à ma notion de *contrat* : il est plus ou moins clair concernant le mariage, mais les enfants ? Les vêtir, les nourrir, les accompagner, oui, tout cela… Mais quoi d’autre ? Dans le même temps, comment peut-on savoir ce que la Vie nous réservera pour tester cet engagement ?
Finalement, c’est quoi l’engagement ?
Je crois qu’il va falloir que je lise ce que Christiane Singer a à dire là-dessus 🙂
Ca me fait tellement plaisir de te lire, de t’entendre perdue dans mille questions alors que je sais à quel point tu es capable de tenir le cap!
L’engagement, c’est une aventure.
En vrac, quelques bribes… impossible d’approcher l’exhaustivité d’une quelconque manière!
Le mariage est un engagement officialisé, j’en avais parlé ici, élargissant déjà le propos à plus et tant.
Parce que l’engagement fait partie de mon quotidien, le mot a toujours été lourd de sens pour moi, jamais pris à la légère.
J’ai cependant rompu un engagement une fois, dans ma vie pro. j’ai eu peur de me faire embarquer trop loin, de perdre pieds et c’est parce que d’autres engagements étaient à honorer que j’ai trouvé le courage de renoncer, la mort dans l’âme. Parce que la Vie, c’est aussi savoir faire des choix parmi une multitude de choix. Et faire un choix, c’est s’engager résolument dans une voie, il faut donc trouver un sens valable et fort pour le faire.
Et que dire de ce détroit supérieur dans lequel l’engagement doit impérativement s’effectuer pour avancer vers la lumière en douceur?
S’engager dans l’armée,
S’engager dans les ordres,
Il existe des « engagements » individuels reconnus.
Mais il existe bien plus d’engagements tacites, individuels ou sociétaux souvent mal conscientisés. J’ai des exemples à la pelle.
Dans la civilisation du consommable que nous traversons, s’engager est un verbe qui, trop souvent, se conjugue seulement en instantané sur l’air de « ça n’engage à rien »…
Et c’est terriblement, formidablement, infiniment questionnant.
J’ai entendu à la radio une animatrice TV très tatouée et à qui on posait la question du pourquoi tous ces tatouages, répondre « Je n’ai pas peur de l’engagement ». Avec Joachim, ça nous a bien plu comme réponse. On avait jamais vu ça comme ça… Nous qui avions sans doute du mal à tolérer nos erreurs… Ça nous a paru drôlement culotté.
Force est de constater l’absence de dessins sur nos peaux.
D’ailleurs, nous ne sommes pas mariés… Nous ne sommes pas mariés depuis 25 ans.
Et nos adolescents nous demandent c’est vrai de faire le grand écart tout en tenant en équilibre… Parfois depuis bien avant l’adolescence d’ailleurs.
Le filet, c’est ce qui nous permet d’oser ? C’est la confiance réciproque ?
C’est marrant, parce que dans mes moments de doutes, lorsque j’ai été confrontée à des passages adolescents difficiles, je me suis imaginée créer un groupe de parents d’ado, un groupe avec lequel on pourrait échanger et sur lequel on pourrait s’appuyer pour réfléchir ensemble. Une sorte de filet peut être ?
Je me demande pourquoi tu parles d’assemblee Invisible ?
Pourquoi est-ce que je parle d’assemblée invisible?
Magnifique question, elle ouvre sur une multitude de nouvelles questions.
Autour de moi, aucun elfe, aucune fée, aucune divinité, mais beaucoup de visible très visible comme le nez au milieu de la figure, c’est à dire mis en avant, ostensiblement proposé au regard.
Autour de moi, tout le reste, c’est à dire ce qui échappe à mon regard au premier coup d’oeil, ce qui est invisible au premier abord mais ce qui est là, d’une présence constante.