Hier matin.
Sur la page d’un « ami » FB,
Le titre était ronflant et il faisait écho à mes convictions.
En plus, il était en anglais, c’est dire s’il paraissait sérieux à mes yeux de gauloise.
J’ai donc remonté le fil.
L’article était à minima en lien avec le titre, c’était moins pire que parfois.
En le parcourant en diagonale mais attentivement, j’en tirais un nom mais pas de sources plus précises.
La publicité était bien là et comme d’habitude d’autres titres conduisaient vers des billets d’une teneur tout aussi douteuse, la couleur tonitruante des images attirant la curiosité comme la lumière attire les papillons.
Il m’a fallu environ 30′ pour trouver la « new research » qui « claimait » dans le titre.
30′ c’est hyper long.
Généralement je trouve en deux secondes.
C’est que la recherche « nouvelle » datait de 2011… C’est drôle.
Comme d’habitude, c’est une recherche un peu bidon qui avançe des statistiques très générales à partir de l’étude d’un échantillon de… 16 personnes… Le monde entier, quoi!
L’article partagé par l’ami FB n’est pas daté, mais tiré d’une « open source », un article à peine meilleur daté de deux mois en arrière, lequel fait toujours allusion à la même « new research » datant de 2011
Bref. N’ayant pas de temps à perdre, j’ai stoppé là une curiosité qui relevait du futile.
Sans aucune illusion.
Il y aura encore maintes duplications interprétatives de cette « source » lointaine que personnes n’est jamais allé regarder plus loin que « l’abstract ».
Et toutes mettront « à la une » une belle image et un titre ronflant pour vendre du temps de cerveau disponible aux publicitaires!
Et les personnes friandes de ce qui a trait à leur microcosme se précipiteront pour partager, affichant, en fait, seulement et rien de plus que leur conviction (le titre du billet) sans autre preuve tangible que leur croyance, tout en étant fière de « voir » leur croyance validée sur la toile!
Pourquoi parler de « ça ».
Parce que : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/13/ca-doit-se-savoir-alter-sante-libre-info-un-seul-homme-derriere-un-reseau-de-desinformation_5382951_4355770.html
et aussi :
En fait, je n’ai jamais été capable de me contenter de « croire ».
Derrière les titres, il y a généralement un site qui raconte parfois, une histoire même pas en rapport avec le titre et, qui toujours balance une tonne de publicité. Je reste sans voix à chaque fois et encore plus quand la personne qui m’y a conduit « en partageant » est une personne que j’apprécie.
Ca me rend triste.
Est-il possible d’apprendre aux enfants et aux ados à chercher les sources quand, parent, on est (ou parait être ?) crédule ?
Est-il possible d’apprendre aux enfants à ne partager que ce dont-ils sont certains, que ce qu’ils ont eux-même créé plutôt que ce qui ne leur appartient pas et ce qu’ils ne maitrisent pas?
Je ne sais pas.
Certains enfant naissent-ils avec un goût pour la recherche, l’exploration et l’aventure autonome plus fort que d’autres ?
Je ne sais pas.
Eh bien je dirais dans le comportement de diffuser sans s’attacher à vérifier la véracité des articles est dans la droite lignée du comportement de consommation compulsive : lire (parfois juste le titre, même pas la suite, c’est trop long !) et prendre pour argent comptant.
Certains titres m’attirent, d’autres non. Certains éveillent en moi des espoirs, d’autres de la tristesse, et parfois de la colère. Parfois mon doigt frémit devant le partage possible et puis… et puis finalement non. Surtout quand je sais que je n’aurais pas le temps de vérifier les sources. Alors je laisse couler, en me disant parfois que ce serait bien si l’article qui me donne espoir était vrai :-). Et puis que si mes amis de Facebook devaient lire cet article, sûrement l’auront-ils par d’autres biais que le mien.
Quand j’étais petite fille et que je revenais de l’école puis du collège à pied, je passais devant une maison de la presse qui affichait sur le trottoir un genre de « porte vue vertical/PLV » (ça devait avoir un nom) où étaient glissées les UNES des journaux du moment.
Il y en avait un de chaque côté de la vitrine soit en recto-verso peut-être une vingtaine de titres, il y avait des hebdos d’information, des magazines de loisirs et bien sûr les journaux people et ce qu’on appelle la presse de caniveau. A l’époque déjà, il fallait trier l’information et de quelle source elle provenait.
Le Nouveau Détective… ancêtre des sites Putaclic ! 😀 (d’ailleurs ce titre là était bien souvent présenté tout seul sur un énorme présentoir recto-verso)
Bref, mon commentaire n’apporte rien si ce n’est que tout change et rien ne change sauf l’utilité de savoir où s’informer et de trier ses sources 🙂
Oui, tu as raison ce n’est pas nouveau.
J’avais d’ailleurs commencé le billet avec « autrefois » puis j’ai coupé afin d’éviter de faire trop long… et de sembler radoter!
Cependant l’avènement des réseaux sociaux, l’engouement qu’ils provoquent et les avantages du numérique en terme d’utilisation des algorithmes fait que la donne est tout à fait différente et nouvelle.
En particulier, il est devenu possible de s’enfermer dans un microcosme en imaginant qu’il est « le monde entier » et que de fait « le monde entier » est sur la même longueur d’ondes, avec les mêmes avis, les mêmes opinions. Ainsi les croyances les plus folles sont-elles confortées très très vite et très facilement.
Les magazines papier dont tu parles pouvaient être de simples distractions pour un bon nombres de personnes qui y croyaient un peu mais pas tout à fait.
Aujourd’hui, quand sur leur page FB, chez elles, ces mêmes personnes ne lisent que les mêmes fakes-news venant d’un grand nombre de clics issus de « partout », elles ont vite fait de croire que c’est 1000% la réalité.
Exemple sorti de l’actualité : sur ma page FB, pas une once de jaune fluo. J’imagine que certaines personnes n’ont que « ça » lorsqu’elles ouvrent leur « actualité ». De fait, du fond de mon impasse, je pourrais facilement affirmer que le jaune fluo n’existe pas tandis que d’autres imaginent toute la population française en train de les soutenir.
Car, et c’est le plus important, nous sommes tous humains et comme Jean de La Fontaine l’a écrit à la fin de la fable « Le loup et le renard » :
« Ne nous en moquons point :
nous nous laissons séduire
Sur aussi peu de fondement ;
Et chacun croit fort aisément
Ce qu’il craint et ce qu’il désire. »
Je ne sais pas non plus…Je dirais que ma fille, ado, en pleine opposition en ce moment m’a dit il y a quelques temps « pff, t’es c…., tu sais jamais rien, et quand on t’explique un truc, t’as toujours besoin de vérifier et après tu crois encore au Père Noël » .
😉
Oui, les ados nous apprennent que nous ne savons rien et ils ont bien raison.
Eux non plus ne savent pas mais leur force est de croire encore en leur toute puissance et ils ont besoin de cette force pour avancer.
C’est un long, magnifique passage que celui de l’adolescence. Il parait interminable aux parents tant ils sont bousculés par cette transformation.
Nos adolescents nous apprennent plein de « trucs » en nous les expliquant à leur manière. Ils nous apprennent aussi que nous ne sommes plus des adolescents, mais des gamins plus vieux randonnant sur un chemin qui oblige à passer le relai.
Et pourtant, dans le même instant, en temps que parents, nous avons l’obligation de semer encore et encore, et inlassablement, des graines qu’ils peuvent saisir ou non pour apprendre que marcher vers une source demande un certain goût pour l’effort associé à une forte détermination afin d’oser s’éloigner du confort offert par le troupeau.
Life is a game!
Oh purée, je suis tellement d’accord avec toi, même si je suis sans doute moins exigeante vis à vis de moi-même et que je dois laisser passer des articles à la « con »…
je vais redoubler de vigilance, promis
Quand même ça me rendrait triste de te rendre triste
Sois tranquille, un peu de tristesse, ça fait du bien et ça me donne l’occasion de me regarder dans le miroir et d’asseoir un peu plus ma vigilance.
C’est vrai que je pense fort aux enfants car ils sont l’avenir.
Et puis, tu me connais, je n’ai aucune illusion, je sais que la plus grande partie de la population est d’une ahurissante crédulité, capable du meilleur comme du pire sur un coup d’émotion. Nous fonctionnons ainsi, c’est simplement notre « humanité » qui nous dirige et il est fort difficile de s’en détacher. Vraisemblablement même carrément impossible!
Réussir l’équilibre entre nos paradoxes, rester pragmatique, critique et dans le même instant cultiver l’imaginaire, être capable de s’envoler pour mieux respirer… C’est un chouette défi, de mon point de vue.