Le cerveau met le cap en avant. Nous sommes enfin débarrassé des futilités, des inutilités, des bavardages. L’homme, cette étincelle entre deux gouffres, trace ici un chemin qui s’effacera après son passage.
Théodore Monod, Le Chercheur d’Absolu, Editions Le Cherche Midi, 1997, ISBN 2-86274457-3
Sauter à l’eau, ce fut comme une parenthèse qui se refermait.
Entre les parenthèses, avait existé un monde parallèle dans lequel j’avais glissé le temps de la traversée.
Dégoulinante, les bagages à la main, j’étais de retour sur terre.
J’ai presque couru, déposé les sacs à proximité du sas d’arrivée, réglé quelques détails techniques (encore une histoire de tracker oublié… Dans le bateau ce coup ci!) et déjà E.T arrivait.
Visiblement il était allé au bout de son énergie. Il avait soif, je lui ai tendu à boire.
Que dire?
J’ai du dire « Tu l’as fait ».
Il y avait 162 planches au départ (90 prones, 62 SUP et 10 SUPfoil) , 150 sont arrivées dans les délais, des champions ont abandonnés… C’était une année « difficile ». E.T est arrivé dans le TOP20.
J’ai installé un coin à l’ombre et tout en surveillant tout ce que nous y avions déposé, j’observais les arrivées, j’écoutais les commentaires, j’entendais parler des abandons. Parmi les abandons, un me touchait vraiment. C’était celui du copain de la chambrée, je l’avais observé préparer chaque détail avec tant de soins que j’avais pu mesurer ce qu’il mettait en jeu dans le défi qu’il s’imposait. J’imaginais le poids de sa déception.
S. est revenu avec la voiture peu de temps après l’arrivée du dernier concurrent. La zone d’accueil commençait à se vider du campement qui l’avait envahie.
Il nous restait trop peu de temps pour passer nous changer à la maison avant la réception du soir, nous avons improvisé. Après une bonne douche dans l’hôtel de l’autre copain de chambrée, nous sommes partis en direction du plus prestigieux club privé de Waikiki simplement vêtus avec ce que nous portions la veille dans l’avion.
Retour au quotidien : les tenues de soirée ne sont pas notre tasse de thé, nous étions tous les trois d’accord.
D’ailleurs nous n’avons pas trainé sous les chandelles du luxe.
E.T a avalé ce que le buffet lui offrait, nous avons bu un coup et nous sommes partis en ville.
Déambuler dans Waikiki by night était juste surréaliste après la traversée du Ka’waï Channel.
Pour moi, c’était un nouveau voyage dans un monde parallèle d’une autre dimension !
Puis, nous sommes rentrés à la maison, comme nous en étions partis, tout simplement.
Déjà, nous avions la tête dans la suite.
Dans la mienne il y avait l’acte deux de ma balade, une pièce en trois actes pour cette année.
Le premier acte venait de s’écrire, les suivants étaient encore totalement inconnus.
Bravo à toi de « supporter » avec autant de finesse, l’autre quand il affronte son intime lui-même et qu’il accepte l’aventure… cette fois l’autre c’est E.T. Rien que de l’ecrire Ça me met le sourire, parce que bien évidemment, il doit planer pas mal et souvent pour être à la hauteur de rêves aussi fous. (Merci de nous les faire vivre un peu) mais aussi parce que quand je lis E.T., je vois le petit personnage du film
J’aime suivre ta balade chaque année et cette année elle a un goût particulier, parce que je retrouve dans tes mots, cette partie du monde que je viens aussi de rencontrer (pas pour la première fois, mais d’une manière nouvelle), et que j’aime te lire en parler.
Et puis j’ai tellement flippé de voir mes enfants jouer dans les vagues du pacifique, que j’ai une admiration très grande pour toi dont les enfants aiment la mer…
Merci
J’ai plus d’une fois pensé à Toi et à vous qui étiez quasiment en même temps presque sous les mêmes latitudes.
C’est doux de te « lire » à travers ce joli commentaire.
Il nous reste à trouver le moment propice pour en parler « en live » 🙂