C’était la semaine dernière.
L’océan était lisse.
Le vent était aux abonnés absents
C’était la semaine dernière et il ne restait que quelque jours pour encore et toujours sortir des sentiers battus sur cette île où la pression touristique fait des siennes.
Au début, c’est un chemin comme un autre, bien dessiné, beaucoup emprunté, assez passant, le chemin qui va du parking à la plage, normal, quoi.
Après la plage, c’est un chemin encore large où se lit le passage de ces engins à quatre roue qui offrent un bain de poussière aux touristes en quête d’aventure avant l’heure du déjeuner.
Et puis, plus loin c’est un sentier qui s’amenuise, pas grand monde ne sort des boucles à boucler.
Plus loin, c’était encore plus dénué d’empreintes.
A pieds, nous avancions lentement.
Le soleil déclinant, nous décidons « à la bonne heure » que la prochaine pointe en vue sera l’endroit où nous ferons demi-tour.
Dans ce coin réputé pour ses tas de sable, les plages sont rares. Chaque creux entre les bosses draine l’eau rare des exceptionnelles averses et l’entraine vers l’océan, 30 à 40 mètres plus bas. L’histoire volcanique des lieux apparait comme dans un livre ouvert.
….
Aparté
Pour ceux et celles qui aiment aller plus loin (Personnellement, amoureuse des iles Canaries depuis plus de 20 ans et particulièrement de Fuerteventura, j’ai eu besoin d’aller plus loin pour comprendre…) avec cette image tirée de la thèse.
Dans ce coin là, donc pas de plages mais seulement des « à pic » sur lesquels il est très imprudent d’approcher jusqu’au bord du fait de leur consistance très, très friable.
Alors, imaginez ma joie, quand perchée sur une colline, j’ai aperçu une « plage », c’est à dire une descente assez douce et un plateau au raz de l’eau.
Ni une ni deux, j’ai alerté mon compagnon « wahooo, on peut descendre, c’est pas du tout dangereux, allez, allez, on y va » et j’ai couru devant.
Et je suis arrivée dans un environnement absolument magique, rendu plus magique encore par les rayons du soleil bas.
Impossible de résister au plaisir de planter là un instant de yoga, vous savez le « truc » qui signifie « joindre »… J’avais besoin d’être posée là, entre la terre et le ciel et d’y rester dans le vent absent, d’y rester sous le souffle puissant, sporadique, régulier, tonitruant des embruns et j’avais besoin d’y rester le plus longtemps possible.
Quand enfin je fut lasse, j’ai trouvé un emplacement un peu plus bas et alors… j’ai vu que j’avais pris le risque de rester perchée sur un promontoire de sable… Du sable rigidifié par le vent, le temps, les embruns, du sable paraissant solide sous les pieds, pareil à une roche… mais du sable… Du sable au dessus d’un « vide », au dessus d’un vide dans lequel s’engouffrait toute l’énergie de l’océan de ce jour calme.
Ce qui est fait est fait
L’inconnu devenait connu et il devenait impossible de « faire à nouveau »… Il suffit de changer de point de vue pour changer d’attitude.
Et, pendant que mon compagnon poursuivait ses prises de vues numérisées, je restais immobile, fascinée, fondue dans cet environnement exceptionnel.
Les gerbes d’écume étaient formidables.
J’avais les larmes aux yeux, infiniment reconnaissante devant autant de puissance tranquille.
Il fut l’heure de « rentrer »…
C’était la semaine dernière, le lendemain, je partais en solo pour deux jours, pour explorer l’inconnu plus loin encore.
(à suivre)