Chacun son monde… Le mien est multicolore entre gris très clair et presque noir.
Aucun jour ne ressemble à un autre.
C’était le matin.
En partance vers la plage, j’entendis Dorian Astor lire une bribe de son dernier livre (1) sur une musique de Richard Wagner. Alors un sourire est monté, un sourire s’est affiché sur mes lèvres.
« Les mots sont impropres. Ils collent, parce que le langage est une vaste toile d’araignée destinée à prendre le monde dans ses fils. Ils sentent la poussière, parce qu’ils sont chargés d’antiques conventions et de mensonges ancestraux. Ils sont souillés par trop de mains, qui les laissent circuler comme des pièces à l’effigie effacée et propices à tous les faux-monnayages, faute de jamais en soupeser à nouveau le métal. Les mots ne désignent jamais les choses, mais nos relations aux choses, nos tentatives de saisir des choses insaisissables. Nous avons oublié que chaque nom commun fut un jour une nomination singulière, surgie d’une imagination débordante, créatrice et illusionniste. »
La journée ne pouvait pas mieux commencer.
Ces mots là, précisément et nul autres!
Comment expliquer mon émotion chaque fois que j’entends ce qui justifie mes errances ?
Elle est si forte et si constante cette émotion là, qu’elle advienne à la découverte d’une preuve scientifique venant étayer mon intuition expérimentale ou qu’elle débarque, comme ce matin, après quelques mots érudits venant en écho de mes pensées au long cours.
En route vers l’océan, j’avais un merveilleux fil à dérouler… si loin du monde tonitruant!
Je conduisais en souriant.
Fuite?
Intense attention, plutôt.