Debout, assis, allongé?
Allongé, debout, assis!
Assis, debout, allongé…
Non, je n’ai pas du tout envie de parler de gymnastique.
Oui, j’ai envie de parler de postures.
Parler de postures sous tous les angles, dans tous les sens : posture
Le printemps pointe le bout de son nez entre deux tempêtes et chaque jour je m’incline très bas afin de respirer le parfum des jacinthes bleues
Chaque jour, s’incliner…
On rentre librement dans la posture. Personne d’autre que celui qui s’y installe ne peut s’y mettre à sa place.
Celui qui « prend » une posture peut choisir l’environnement qui convient au sens qu’il souhaite donner à cette posture. Il est tout a fait possible de se planter debout, immobile, bras le long du corps, tête haute au beau milieu d’une gare à une heure de pointe (ou non) et d’expérimenter les sensations qui défilent.
Dans le paysage désertique et volcanique du nord de l’île de Fuerteventura, au milieu des cailloux, j’ai cherché « l’endroit ». C’était précisément là ce jour là, à ce moment là.
D’abord poser les pieds : trouver la surface nécessaire pour poser un pied, pour poser l’autre pied bien parallèle, à largeur de hanches, confortablement, sur une terre vierge d’épines.
Ensuite, chercher du regard où poser les mains, l’une puis l’autre, bien parallèles, à largeur d’épaules, confortablement sur une surface plane et douce.
Puis dessiner en pensée la posture à prendre.
Le temps coule.
Rien ne presse.
Personne d’autre que moi n’attend.
La montagne est là, et le silence, et le soleil, et le vent.
Sur une expiration, je m’incline, je pose une main à l’endroit précis qui est là pour l’accueillir. Je pose l’autre main, sur la place qui est là pour elle.
Il faut maintenant répartir le poids de mon corps incliné très précisément, il faut que je sois « centrée », il faut que je sois le dessin auquel j’ai pensé dans ce paysage là. Les mains bien à plat, ancrées sur le sol, les pieds bien à plat, ancrés dans la terre.
Et vient l’instant.
Et vit l’instant.
Aussi long que la vie de cet instant là peut vivre.
Rien ne presse.
Aucune tension.
De l’attention.
Pas de contrainte.
Et s’achève le passage.
Sur une inspiration, la tête se lève, les yeux attrapent l’horizon.
Délicatement une main se détache du sol, puis l’autre.
Debout, je me sens comme une géante.
J’attrape les savates qui étaient posées à portée de main, je les enfile, je marche un pas joyeux et léger.
Dans ma mémoire, le souvenir est déjà gravé, il danse, bien vivant.
Il était un instant où j’étais tout, peut-être rien, je ne sais pas vraiment.
Et l’instant est passé.
Je suis « moi-je » et c’est simplement délicieux.
Il n’y a aucun risque à s’incliner quand la situation l’impose. C’est un passage et il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir et à vivre, après un passage…
A suivre
Ce billet en valait bien deux à lui seul 😉
Merci