De la source à l’océan, la Loire (1)

Rédigé en juillet 2019

Nous étions le 18 août 2012.
Dans le monde du SUP (Stand Up Paddle) en pleine éclosion, une petite troupe des conquis se préparait pour une compétition bretonne (aujourd’hui disparue bien qu’elle ait revendiqué le titre de « classique » pendant un ou deux ans! C’est fou comme tout est relatif!) quand je lançais officiellement l’annonce de mon projet de trip sur un forum réunissant les passionnés.

L’idée de ce trip avait jailli neuf mois auparavant et le départ s’approchait.
A l’attention des « spécialistes curieux » j’avais dressé une liste non exhaustive que je lis aujourd’hui en connaissance de ce qu’est devenue l’activité que tout le monde en France (et seulement en France) nomme désormais « paddle », c’est à dire… Pagaie!
Je vais donc, dans les lignes qui suivent, prendre un malin plaisir à revoir le texte initialement publié sur le forum. Je pose le « surplus » en italique pour plus de clarté.

1- La board (en windsurf, les français appellent « board » la planche sur laquelle vient se fixer le mat qui porte la voile ; beaucoup de personnes parmi celles qui tentaient l’expérience du SUP étaient d’anciens windsurfeurs)

Il y a neuf mois, les catalogues des marques n’étaient pas ceux d’aujourd’hui ( le 18 aout 2012, donc). Alors que notre sport avance à la rame, la créativité des fabricants fait que les modèles se multiplient à une vitesse qui dépasse celle que met l’humain à se reproduire (Neuf mois!)
Bref… J’avais donc imaginé investir ma fortune dans une planche « spéciale » fabriquée spécialement. Le shapeur idéal (à l’époque, le gars était connu grâce à un certain « rider » désormais rentré dans le rang à l’université. C’est lui qui m’avait proposé ses services de « shapeur » inspiré, sans réussir à les mettre réellement en action. Ce gars là est aujourd’hui re-tombé dans le plus grand anonymat, bricoleur il demeure) étant débordé, les idées lancées comme autant de rêves sont tombées à l’eau tandis que de nouvelles réflexions ont fait surface, bien plus réalistes.
J’ai écarté d’emblée les planches gonflables (c’était le début d’une industrie aujourd’hui florissante) qu’on me proposait. En effet, la descente du fleuve sauvage en canoë n’étant pas un exploit, de nombreuses personnes l’ont effectué et j’ai pu avoir des contacts pour obtenir des conseils. Ainsi tous les aventuriers que j’ai rencontré ont utilisé un canoë RIGIDE. 1000 bornes, ce n’est pas une promenade dominicale, c’est un voyage au long cours. N’ayant rien à prouver et rien à vendre, je privilégie mon confort et je préfère un navire « en dur ».

Parfois, on cherche loin ce qui se trouve à proximité. Récemment, la Wing est sortie des moules vannetais, il fallait que je l’essaye pour accepter l’évidence.
C’est une planche de 12’6 pas trop lourde mais solide, hyper stable, donc confortable et sécurisante et ce qui ne gâche rien particulièrement agréable en terme de sensation de glisse sur l’eau.
Il restait à lui faire subir une petite intervention chirurgicale afin d’insérer quelques implants indispensables.
C’est chose faite.

2- Les bagages

Trois sacs étanches (50l, 30l et 12l) pour un poids de 18kg également réparti en deux paquets de 9kg. Nous avons testé l’équilibre de la planche chargée sur l’eau avant de décider de l’emplacement des inserts. Je tenais a avoir une planche parfaitement saine dans ses réactions quelles que soient les conditions de navigation et la bonne répartition du poids me semblait fondamentale.
J’emporte aussi une pagaie de rechange et elle sera fixée sur le côté.

3- La nourriture

Je ne prévois pas de stock, la Loire traverse suffisamment de villages pour que je puisse me ravitailler en pain et en eau. J’emporte une gourde filtrante afin de pouvoir boire l’eau du fleuve en cas de besoin.

4- Le parcours

C’est le plus intéressant car il devrait s’avérer TRES varié. Le départ du parcours en SUP se fera en Haute-Loire au niveau du Puy-en-Velay.
J’ai prévu de faire à pieds les premiers kilomètres en partant de la source. Je récupérerai la planche dès que la rivière deviendra navigable.
Au début, il y aura beaucoup de portages (micro-barrages) et mon rythme de progression sera assez lent, d’autant plus que l’étiage peut réserver quelques surprises. Ensuite, il devrait y avoir de bons passages d’avancée régulière avant d’arriver dans les zones où il faudra circuler entre les bancs de sables. Enfin, dans la dernière ligne droite, il faudra regarder le carnet de marée, en jouant avec le vent (vent d’ouest de face) et les courants avant de franchir le pont de Saint-Nazaire et de suivre la côte de Saint-Brévin jusqu’au Cormier (que certains connaissent pour y avoir participé au Fungliss Event (la toute première compétition de SUP que j’avais organisé sur notre plage. D’autres ont suivi dont la première Coupe de France de la discipline. Puis, devant la multiplication d’évènements menés tambour battant par des professionnels souhaitant en tirer des bénéfices, j’ai laissé tomber le jeu! )

5- Les news

Des centrales nucléaires sont sur le parcours, mais je n’aurai pas d’électricité à bord, donc pas d’ordinateur! (A noter qu’en 2012, je n’avais pas de smartphone, donc pas d’ordinateur de poche. Mon imagination se limitait donc au laptop quand il s’agissait d’envoyer des nouvelles à grande vitesse. Aujourd’hui le problème reste le même : sans moyen de recharger les jouets sur une prise électrique, il est impossible d’envoyer des messages!)
Dans le temps on disait « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles »
Affaire à suivre