Paris (2)

Passage de vies 10

Les heures de travail ont succédé aux heures de travail.

Je me suis même retrouvée en compagnie des DEUX complices en charge de faire avancer l’aventure. Nouvelle rencontre, nouveau contact dans la rue, au milieu d’un trottoir dans un quartier dont les échos n’étaient pas parvenus au fond de ma province. Le vendredi, nous fûmes trois femmes,  trois personnalités fortement revendiquées assises autour d’une toute petite table dans un merveilleux espace associatif. Nous nous touchions presque. J’étais touchée par ce qu’elles étaient respectivement… Magnifiquement…

Le respect est le maître mot, celui que je souhaite faire passer et celui qui présida nos échanges.

Nous avons considérablement avancé. C’était étrange pour la novice que je suis. J’étais près de deux personnes qui s’étaient un peu imprégnées de mes écritures tandis que j’avais presque tout oublié! Quand une question tombait au sujet d’un mot ou d’une tournure, j’avais chaque fois l’impression de la découvrir! J’avais effectué un si grand recul qu’il était parfois impossible de revenir coller au sujet. Je prenais des notes sur un papier brouillon que je leur avais grappillé… Fidèle à mes habitudes, quand je vais dans l’inconnu,  je ne prévois rien de plus que ce que nécessite ma survie.

Le résultat de ces heures passées était en grande partie stocké en mémoire vive sur le disque dur cérébral que je ne quitte jamais. Il restait à éviter toute coupure d’énergie! Je comptais transférer l’ensemble dans l’ordinateur portable lors du trajet de train. Moi qui conte à qui veut l’entendre que les comptes sont toujours faux!
La réalité me rattrapa plus vite que son ombre.

Le lendemain, j’arrivais deux minutes avant que le train ne s’élance. En posant mon gros sac sur la banquette pour en extirper la machine magique, je tâtais soudain le petit sac à dos, comme prise d’un doute qui se confirma… J’avais laissé mes lunettes chez les amis. Instantanément, je revis la situation: le téléphone avait sonné alors que je m’apprêtais à ranger l’étui, et mon amie me faisais signe qu’il était grand temps de partir. J’ai raccroché à la hâte, saisi mes bagages et nous sommes parties! Ma paire d’yeux indispensable était restée sur le piano!

Privée de lecture, j’ai regardé défiler le paysage…