Province de Québec, été 2007

A traits communs 2
Le Monarque n’est pas tout à fait un papillon comme les autres puisque c’est un migrateur. Il passe l’été au canada et s’envole ensuite au Mexique. Chaque fois que j’en croisais un, c’était toute une histoire de vol, d’envol, de passage et d’impermanence qui remuait mes émotions.
Ce séjour là fut placé sous le signe du papillon. J’étais libre comme l’air, l’attente était suspendue à celle d’une seule famille, donc très légère. Chaque fois que je me posais au milieu de nulle part, un monarque voletait et m’effleurait parfois. J’étais une touriste et je le remarquais, je le guettais même.

Au milieu des asclépiades*, il était incontournable, mais au bord de la rivière, j’avais l’impression qu’il venait juste pour moi… L’imagination courrait alors au fil de l’eau. Les pensées allaient et venaient, escaladant des arcs-en-ciel éphémères accrochés dans la brume. Parfois le vrombissement d’un grand héron en phase d’atterrissage me sortait de la rêverie, alors immanquablement, une remarque s’imposait: les plus belles histoires sont celles que l’on invente, à partir d’un mot, d’une émotion, d’un bruit ou d’une odeur…
Quelle que soit la qualité d’un conte, d’un roman, d’une poésie, d’une musique, d’une oeuvre d’art, on ne s’y laisse emporter qu’en se laissant toucher. Et pour se laisser toucher… Il faut en avoir besoin!

J’ai passé beaucoup de temps à marcher cet été là.
J’ai passé beaucoup de temps à lire.

En passant à Montréal, j’avais fait encrer un souvenir indélébile sur un espace encore vierge. La brûlure s’estompait mais le relief en racontait la naissance toute fraîche. Je sentais se dessiner un fil sous mes doigts qui prenait la forme d’un projet indéfini mais grandissant…
L’histoire était là, dessinée en entier et jamais achevée. Si l’idée avait bien un point de départ, si la réalisation était pointée sur le calendrier, la suite n’était qu’une question de temps.
Qu’est-ce qu’une empreinte sinon le pas posé?
Qu’en reste t-il sinon ce que le passant en imagine?

Ces trois semaines furent riches d’enseignements.

*asclepios