Ce monde là, dans lequel nous sommes embarqués, parfois sans le voir…
Jeudi 19 septembre 2019
Ma balade annuelle se terminait, à l’heure prévue je montais dans le TGV.
Dans une main j’avais un totebag contenant ce qui devait rester à portée de main, dans l’autre un sachet repas vendu à prix d’or chez Paulo qui assure que c’est « de qualité » comme depuis 1889!
Dans le dos mon sac à dos était allégé, délesté de sa réserve d’eau et de nourriture.
Le ciel était bleu et les jambes me démangeaient.
Connectée à la wifi de la Compagnie Nationale, j’entrais en douceur dans le retour. Commençant par le tri des messages reçus et non lus depuis plus de quinze jours, j’ai ensuite remonté le fil des conversations sportives sur Messenger tout en cherchant des yeux le Rhône et en laissant vagabonder mes pensées en goguette, puis j’ai fait un tour sur Google afin d’évaluer le temps de trajet entre gare de Lyon et gare Montparnasse, enfin j’ai rangé tout ce bazar pour somnoler inconfortablement.
Le ciel était bleu.
J’avais besoin de marcher encore.
Gare de Lyon, ma décision était prise : plutôt que d’attendre, plutôt que de me laisser emporter dans la course du Métro parisien, j’allais prendre l’air, poursuivre l’aventure jusqu’au bout, c’est à dire sans gps, sans guide, au feeling et en demandant mon chemin.
Quatre kilomètres à parcourir dans Paris, c’était pas la mer à boire!
Trois policiers avaient plaqué un homme contre le mur de la gare, le quatrième ne faisait rien. Je l’abordai et juste après m’être enquise de sa disponibilité pour une question, j’ai balancé la question :
« Par où partir d’ici pour rejoindre la gare Montparnasse à pied ?
– Le plus simple c’est le métro!
– Oui et je voudrais y aller à pieds.
– Wahoooooo, mais c’est tout à fait à l’opposé, c’est vraiment loin… (Puis reluquant mon sac à dos) bon, il semble que ça ne vous effraie pas. Vous avez un téléphone? (joignant le regard à la parole, il constata mes mains dénuées d’un quelconque greffon) … Je sais pas quoi vous dire, c’est pas du tout dans ce quartier et en plus c’est de l’autre côté de la Seine!
– Ok et elle est où la Seine?
– Par là.
– Super. Merci et bon courage. «
Une fois l’autre côté de la Seine, alors que j’avais pris toutes les informations nécessaires en regardant une carte devant une station de métro, je ne résistais pas au plaisir de demander à nouveau, deux géomètres tiraient des plans sur la comète et je les ai interpelé :
« Pour aller gare Montparnasse, je vais dans quelle direction?
– Ben, il faut prendre le métro…
– Oui, mais j’ai envie d’y aller à pieds et j’ai le temps car mon train est prévu dans plus d’une heure.
– Ah oui, je comprends, alors prenez un taxi ou commandez un « uber », ça ira plus vite.
– Merci, je pense que je vais partir par là, bon courage!
Et pour le fun, encore un peu plus loin, j’ai fait le point avec un passant qui attendait que le feu piéton verdisse en sa faveur :
« Bonjour. Gare Montparnasse, c’est bien par là?
– Oui, tout droit. La station de métro est juste devant vous.
– J’ai envie d’y aller à pieds…
– Vous êtes bien courageuse, c’est super loin. (un instant de réflexion) Remarquez, en fait je suis en train de marcher pour aller à La Sorbonne et ça me fera 30mn de marche au total… »
Et nous avons cheminé ensemble sur quelques centaines de mètres.
Et plus j’approchais de la gare et plus nombreux étaient les piétons tirant leur bagage sur le trottoir.
Le ciel était bleu, c’était une super belle journée pour marcher.
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24 juillet 2018
Souvenez vous, ce que je raconte là, c’est ma balade de l’année!
Inutile donc d’attendre un guide touristique, des sessions à l’ombre des palmiers ou de lascives descriptions vacancières.
Ma balade, c’est un « truc » sacré depuis que ma situation sur la pente descendante de la vie m’a donné l’occasion de l’instaurer. C’est un voyage, un moment de rencontre avec moi-même, un lent mouvement intérieur qui me permet de découvrir ce qui ne saute pas aux yeux dans la frénésie du quotidien.
Alors, certes, cette année j’ai pris l’avion pour aller carrément au bout du monde, difficile d’aller plus loin que dans le Pacifique, en effet.
Alors certes, cette année la balade commence à côté de E.T et S.
Alors certes, cette année la balade peut sembler immobile, confortablement posée dans de confortables abris avec douche et coin cuisine intégré.
Pourtant, je vous l’assure, forte des expériences passées, j’ai vécu avec l’unique intention de réaliser « ma balade de l’année ».
Le jour du voyage, j’étais dans une certaine impatience d’arriver sur place, d’arriver au point de départ de la balade. C’est pareil chaque année.
Le premier jour fut assez semblable à « l’habitude » malgré toutes les différences : ce jour là, je découvre, je sais qu’une quête est lancée, que les découvertes peuvent se faire à la pelle, que ces mêmes découvertes sont absolument inconnues des guides de voyage et qu’il me faut donc déplier mes antennes, être prête à chaque instant pour voir celles dont j’ai besoin pour avancer plus loin.
Comment vous expliquer que je n’ai pas d’intention particulière tout en ayant la ferme intention de vivre le meilleur de ce qui est offert?
Je ne sais pas.
Ce 24 juillet, après une nuit encore laborieuse, il fut facile de se lever à l’aube, d’avaler le reste du festin emballé la veille dans le doggy-bag et de sauter dans la jeep. E.T avait rendez vous à 6h pour passer devant une caméra et poursuivre avec une session de surf Foil.
De mon côté, cet interlude fut l’occasion de rentrer dans un de ces clubs privés de Waikiki puisque c’est là que « ça tournait ». Nous avons montré patte blanche et hop, on y était pour la journée si on avait voulu. Découvrir les gens qui paient pour avoir leur carte, leur vie et leurs activités dans le club fut un délicieux moment qui s’acheva sur la terrasse, les yeux perdus dans les vagues et le grand bleu.
Puis, nous sommes partis jouer encore aux touristes, à notre manière.
E.T était accaparé par les préparatifs, branché sur sa messagerie quand il ne conduisait pas, quand il ne mangeait pas. En même temps, il était encore tout à fait disponible et attentif à ce qui était susceptible de nous faire plaisir, le stress montait très lentement et ne l’avait pas encore envahi.
S. naturellement peu enclin à l’aventure totalement freestyle, faisait des « to do list » chaque fois qu’il arrivait à capter la wi-fi. Le reste du temps, il jouait au photographe puisque c’est sous ce prétexte que nous l’avions embauché dans l’épopée M2O.
Et j’étais là, silencieuse, sans intention particulière, juste là, avec la ferme intention de vivre le meilleur de chaque instant.
Comme lors de chacune de mes balades, quoi!
Le point fort de ce jour là, fut certainement la rencontre en vrai avec China Wall.
Bien sur, je pourrais parler du North Shore, de la partie de snorkeling en eau limpide, de la rencontre inénarrable avec le frère de Robby dans la boutique mythique de Robby, du premier hamburger vegan et pantagruélique d’une longue série, du débarquement dans le garage d’un chinois foileur et tant et tant.
Mais c’est China Wall qui reste le souvenir fort.
C’est que j’en avais tellement entendu parler.
C’est que je l’avais tellement vu en photo.
Et là, je l’ai vu, en vrai.
D’un coup, il est devenu réel et mon imagination s’en est emparé dans toutes les dimensions dont je suis capable.