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Comprendre

Un des premiers bouquins récupérés chez le libraire après que la liberté nous ait été rendue *, fut un bouquin de Mickaël Launay. C’est une fois de plus la « faute » de ma station radio préférée!

Je l’ai dévoré!
Passionnément.
Je me suis revue élève de lycée,
Puis étudiante.
Et j’ai découvert un peu plus loin,
Le mode de fonctionnement qui est le mien,
Si loin de l’application des recettes,
Même réputées immanquables!

C’est que j’ai viscéralement besoin de comprendre, c’est à dire de capter, d’expérimenter à travers mes propres sens, d’intégrer dans les arcanes de mes pensées sans la moindre concession à la crédulité.
Depuis aussi loin que je peux regarder dans mes souvenirs.
Comprendre.

Et… lors de mon parcours scolaire, puis universitaire, j’ai souvent été confrontée à l’incompréhension. Dans ce qui m’était proposé, il y avait beaucoup de recettes.
J’étais capable de touiller, de ratatouiller, de recracher si besoin.
Sans aucune satisfaction.
Donc sans enthousiasme.
Sans plaisir.
D’autant moins que de plaisir il n’en était jamais question.
Je me suis vite lassée
J’ai décroché
Retenté
Raccroché les wagons
Pour passer.
J’ai capté l’importance de la rigueur,
Cultivé la réserve,
Et enregistré mes ignorances.
J’ai beaucoup appris.
De ce qui ne fut jamais inscrit dans les programmes.

J’ai obtenu un certains nombre de « certificats d’apprentissage »!

Ceci parce qu’un jour, j’ai fini par comprendre que le système impose de ne pas chercher à comprendre, il impose de se contenter d’exécuter : l’explication est simple, il serait question pour tous et chacun d’atteindre un certain confort.
C’est un objectif productiviste.

J’ai fini par comprendre un certain nombre de fonctionnements de notre société.
Alors, j’ai enfin pu commencer à apprendre, à comprendre vraiment, à ma manière, avec enthousiasme, passion, émerveillement, boulimie parfois et toujours avec gourmandise.
Et j’ai aussi compris que ça ne sert absolument à rien.
C’est seulement pour mon plaisir
Définitivement à la marge
Rebelle
Avec deux ailes.


* en raison d’un minuscule paquet d’ARN, la vie de l’ensemble du pays a été suspendue à partir du 17 mars 2020 à 12h jusqu’au 11 mai 2020 23h59.
A ce jour, 8 juillet 2020, pas un jour ne passe sans qu’il soit rappelé qu’une ombre plane sur l’humanité sous forme d’un petit amas d’ARN nommé SRAS-Cov-2…
A ce jour, c’est un truc qui reste impossible à comprendre pour moi.
Comprendre…
Avec deux ailes!

Le monde d’après

« Ils peuvent tout faire entrer dans leurs calculs sauf la grâce, et c’est pourquoi leurs calculs sont vains. » (Christian Bobin, Ressusciter, Gallimard, 2003)

Il suffit d’ouvrir la radio (j’suis pas très télé!) pour entendre s’égrainer des listes de chiffres, de statistiques, de probabilités. Depuis quelques temps, avec la même tactique comptable, le sujet a viré, passant du décompte des morts au décompte de l’argent public emprunté à la pelle, voire à celui du nombre de manifestants suivant des rassemblements interdits!
De grâce, il n’en est jamais question dans ces échos là.
Pourtant grâce il y a.

Depuis que j’ai réussi a exfiltrer ma pirogue du hangar dans laquelle elle avait été confinée d’urgence, avant même que je n’aie pu lever le petit doigt pour lui éviter le pire, elle se promène entre le jardin du Cormier et la plage, tranquille, sans « désinfectation » avant de tremper dans l’eau, avec un simple dessalage en rentrant au jardin.

Depuis ce moment, mon « monde d’après », c’est 120 km AR 3 fois par semaine pour m’adonner au plaisir de n’avoir que l’horizon en point de vue.
Après moi le déluge… je suis juste humaine comme tout un chacun.

Soyez rassurés, hors ces 360 km par semaine, je n’use que les freins de mon vélo et je renforce mes petits mollets car j’ai abandonné la facilitation électrique au profit de la légèreté d’une bicyclette basique.

Et donc, je suis plus que jamais chercheuse à la poursuite d’une grâce insaisissable!

Hier par exemple, en posant mon va’a au bord de l’eau :
Dans la lumière matinale,
Je n’ai eu de cesse que de capter l’essentiel.
J’ai écouté le souffle du vent, admiré le soleil dansant à la surface de l’eau, aimé toucher la douceur sur mes épaules nues,
L’instant fut magique et merveilleux.
Juste devant des goélands pêchaient, dans un joyeux désordre, en apparence bien organisé.
J’ai pointé mon bateau dans leur direction, je l’ai posé sur le flot et tout en le poussant vers le large, j’ai posé dans l’élan mon arrière train sur le siège.
Puis…
Museau au vent, j’ai frémis de joie.
J’ai mesuré deux des plus précieux privilèges dont je dispose : un lien indéfectible avec la solitude et un goût intense pour la liberté.
L’un ne va pas sans l’autre.
Puis, en douceur j’ai posé le premier coup de pagaie.
Pas un humain à l’horizon.
Seulement le vent, le ciel et l’océan.
Je suis partie face au vent, face au jusant, frôlant les rochers à la quête d’un contre-courant porteur.
Simple bonheur.
J’ai pensé aux copains soumis aux contraintes citadines, aux limitations de libertés d’aller et venir autour des bateaux.
J’ai pensé au monde.
J’ai pensé à tout.
Puis à rien.
Et j’ai décollé!
Quelque part à l’interface entre l’eau et le ciel.
Dans un monde parallèle que je connais bien et donc j’ignore tout.
Etait ce un coup de folle sagesse proposé par la grâce?

Beaucoup, beaucoup plus loin, les remous d’une pointe m’ont ramenée à la réalité, j’étais en face du clocher de Sainte-Marie.
Il était temps de rentrer.

Poussée par le vent, portée par la jusant, caressée par le soleil montant vers son zénith, j’avançais rapidement alors que j’allais sans hâte vers le reste de la journée.
Retrouver les gens, la vie « normale », les chiffres des kilomètres sur le compteur de la voiture, la quantité de carburant restant, les prix de la nourriture au supermarché, le nombre de mails tombés en mon absence.
Des chiffres et des nombres.

En fin de journée, enfin, j’ai poussé la porte de mon hâvre, au coeur de Nantes.
Délicieusement.
Malicieusement, le numéro de la rue est le numéro qui fut celui de la rue où est né mon père et où j’allais visiter mes grands parents, c’est aussi le numéro de la maison où habitaient mes parents.
Dans une ancestrale tradition, c’est le nombre symbolique de l’alliance.


Mercredi 10 juin 2002, huit jour après la deuxième phase de remise en « liberté conditionnelle », un mois avant la fin programmée de l’état d’urgence sanitaire établi en France le 23 mars 2020, cinq mois probables sous un couperet « sécuritaire donc liberticide » conservé!

Little Bird vit sa vie (1)

Hier il était sous l’orage, trempé et heureux.

Passage imprévu.

Un énorme nuage noir était arrivé sous son propre vent,
Occultant l’azur qui régnait en maitre auparavant.
Dans les rues désertes, les rares passants se pressaient,
Tête baissée.
Le tonnerre grondait, d’énormes gouttes venaient exploser
Sur le macadam en ruisseau transformé.

Et nous étions là, au coeur de cette formidable énergie soudain libérée.

Tranquilles.
Heureux.

Dans l’instant, il me murmura qu’il était délicieux de sentir la vraie vie.

Et puis, il se rapprocha, un peu chagrin.
Il me confia qu’il est déjà fatigué de devoir subir les fenêtres artificielles, le monde qui suit sans savoir où il va, qui applaudit parce que le voisin le fait, qui accuse parce qu’il entend que c’est à la mode, et qui a peur, et qui transgresse pour survivre ou pour exister.
Il ajouta que rien n’est gratuit, rien ; que les gens ne pensent qu’à eux et encouragent ce qui peut leur être utile, que la compassion est un mot vidé de sens, que l’opportunisme est en pleine forme autant que la défiance et qu’il est triste chaque fois qu’il y pense.

Ensemble nous avons regardé le ciel.
Le nuage noir restait bien noir.
Tout autour le ciel était limpide.

Alors, très vite, l’oiseau radieux
Retourna sous la pluie qui chantait.
Et je l’ai suivi, parce que lui, j’aime le suivre.
Et nous avons dansé.

L’énergie était palpable
Véritable
Elle avait un goût d’océan.

12 avril 2020, J+26 après la réduction de vie sociale imposée, on attend une espèce de liberté conditionnelle, l’espoir fait vivre.

Le retour de Little bird

(image réalisée dans la rue sans trucage)

Et bien il était grand temps qu’il atterrisse pour m’aider à réfléchir ce Little Bird.
Il a fallu qu’il revienne se blottir dans ma poche pour que je mesure à quel point j’avais besoin de son regard afin de naviguer en paix au coeur de ce temps étrange.

Par quel mystère a t-il débarqué dans la ville?
Il était posé devant le commissariat central, je l’ai immédiatement reconnu!
J’étais en vélo, le temps que je stoppe, il s’était envolé et regardait par dessus le parapet, visiblement inquiet.

Je me suis approchée sur la pointe des pieds, redoutant de le voir plonger, sous l’effet d’un vent de surprise.
Il ne bougeait pas.
Hop, d’un geste prompt ressurgit du passé, je l’ai pris en main, caressé avec tendresse et hop, je l’ai mis dans une poche que j’ai consciencieusement refermée.

Une fois à la maison, il a vite retrouvé ses marques, c’est comme si nous ne nous étions jamais quittés!

Il m’a raconté à quel point il ne comprenait plus rien à ce monde.
Alors, cousu de silences, de mélodies et de poésies, nous avons refait notre monde juste à nous.
L’heure a tourné.
L’heure d’une nouvelle sortie « dehors » sonnait.
J’ai essayé de lui expliquer les rues terriblement vides ; les petites archi-vieilles, celles qui ont actuellement interdiction formelle de mourir, jacassant à distance l’une de l’autre ; le gars masqué qui ôte son masque pour parler avec une personne de sa diaspora ; les passants tête baissée, les affiches sur les devantures, etc.
Je suis pas certaine d’avoir pu lui permettre de comprendre la situation d’un seul coup d’oeil.
D’ailleurs, lorsque je lui ai proposé d’aller discuter avec une passante masquée, histoire de lui prouver que c’était bien une humaine qui était derrière, il accepta avec joie, persuadé que c’était une « soignante ». Ne lui avais-je pas expliqué que cet accessoire est aussi inutile, en balade, pour lui que pour moi ?
Il s’empressa de poser la question « toi, tu soignes les gens, n’est-ce pas? »
Et ben non.
Alors, logiquement il demanda « tu es malade? »
Et ben non.
« Tu as peur »
Oh…. Que oui!
Et hop, Little bird se retrouva prestement posé par terre!
Il en avait vu d’autres et il a bien gardé la tête sur les épaules.
Soucieuse, je lui ai expliqué qu’il fallait que je le « décontamine » après ce passage sur des gants improbables.
Il s’est laissé faire, tristement.

J’ai bien l’impression qu’il va falloir un bout de temps et mille questions avant qu’il ne trouve le courage de s’envoler à nouveau!
Ou pas!

Le jardin et la politique (bis)

Bis repetita placent affirme un aphorisme.

Affirmer que j’en suis certaine serait une plaisanterie, et cependant je ne me lasse jamais de répéter, parfois dans la minute, parfois dans le temps et tant pis si je lasse, je passe et re-passe, ça me dépasse!
Un billet fut publié il y a un peu moins de deux ans sur le même sujet, je m’abstiendrai donc d’une répétition à l’identique car je suis bien certaine que chaque personne visitant dans l’instant est déjà en train de cliquer sur le lien.

Nous vivons en ce moment une aventure remarquable.
Impossible de dire qu’elle nous est « tombée » dessus tant elle n’existe qu’en raison de la diffusion simplement naturelle d’un germe minuscule qui nous somme en révélant que l’essentiel est probablement à la fois plus simple et plus complexe que ce qui se dit au cinéma ou dans les bandes dessinées.
Aventurière dans l’âme, aventurière de la vie et aventurière au long cours, me voici donc soumise, comme plusieurs milliards de personnes dans le monde, à ce qu’il fut décidé de nommer « confinement » tandis que les plus précis parlent de « distanciation sociale ».
Et voilà donc qu’entre mes va-et-vient habituels, je dois respecter une obligation : rester au fond de l’impasse et me contenter de la vue sur le jardin.
Très vite j’ai réalisé qu’en fait ma vie actuelle était finalement assez semblable à ma vie habituelle.
Il faut bien dire que « ma » vie est assez particulière, assez différente depuis des lustres de la vie « normale » de la plupart de mes voisins (en fait, j’ignore presque tout de la vie réelle de mes voisins… Ne donnons nous pas à voir ce que nous souhaitons donner à voir?)
Et puis, très vite, j’ai bien noté qu’il y avait une énooooorme différence qui se fait chaque jour plus remarquable : la réaction des autres face à l’aventure.

Et donc le jardin?

Pas d’impatience, j’y viens.
Le jardin est un livre ouvert, c’est « mon » livre préféré, celui qui fait référence lorsque mes lectures paraissent trop étroites pour éclairer mes questions incessantes.

Car au jardin, la politique est à l’oeuvre.
Et parce que je règne sur « mon » jardin, je suis responsable de la politique que je mène et j’en constate les effets à cours, moyen et long terme.

Alors, il est facile pour un visiteur de s’extasier devant ce qu’il voit à l’instant où il regarde.

Alors, il est facile pour un passant de critiquer ce qui lui saute à la face lorsqu’il passe.
Et c’est particulièrement facile de trouver ce qui cloche, n’avons nous pas une forte propension à ne voir que des voitures bleues le jour où nous avons acquis une voiture bleu ? Et bien c’est pareil pour les « défauts », il suffit que les géniaux algorithmes qui gèrent les réseaux sociaux nous mettent sous le nez toujours le même son de cloche pour que nous entendions partout et à chaque instant ce son là précisément. Autrement dit, il suffit que nous soyons entièrement recouvert par une conviction ferme pour que nous en soyons imprégnés, au point de ne plus voir alentours que la même chose et son contraire!
Et oui, nous devenons très très vite des êtres extrêmement binaires « bon-pas bon ».
Et c’est le meilleur des cas, parce que je vois parfois des régressions débarquer, qui nous ramène à ces fameux « deux ans » voire à l’adolescence où plus rien n’existe que l’opposition systématique et sans nuances.

Pourtant, le jardin est un concentré de complexité.
L’équilibre y est précaire.
Qu’il pleuve
Que le soleil darde
Que le vent galope
Et immédiatement des individus souffrent
Et immédiatement des individus profitent.
Et moi, modeste jardinière sans couronne, il me faut gérer au moins pire.

Et j’entends déjà les commentaires : « Mais pourquoi as TU laissé mourir cette plante » ; « Mais pourquoi TU n’as pas arrosé quand je te l’ai dit » ; « Mais SI TU m’avais écouté, cette plante n’aurait pas envahi tout le jardin » ; « Mais SI TU …. » ; « Mais pourquoi… »; « Et maintenant TU vas faire quoi? »

Et oui, c’est la vie.
N’importe quel observateur d’un instant T sur un sujet précis peut trouver beaucoup, beaucoup de choses à critiquer dans mon jardin, il peut aussi envisager une multitude de « et si » alors qu’il est impossible de re-jouer et que je dois adapter à chaque saison, à chaque tempête et surtout ne jamais cesser d’apprendre pour avancer plus loin.
N’importe quel observateur d’un instant T peut globalement juger que ça lui plait tout en modérant sur l’air de « cette plante là, vraiment je l’aime pas ».
N’importe quel observateur, surtout si le jardin lui est totalement étranger, peut me proposer une recette simple et infaillible pour venir à bout des indésirables en un claquement de doigt.
Et oui.

Alors, comme chaque jour, du fond de mon jardin où tout se tisse au jour le jour, je contemple l’immensité qui tourne, hyper heureuse de n’avoir, en réalité, que la toute puissance d’un nanoscopique colibri… Avec deux ailes, évidemment!

Empreinte (2)


2019 s’achève.
Avec ce billet, je termine le triptyque « Empreinte – Empreintes et Traces – Empreinte ».
Alors, il sera l’heure de m’envoler à nouveau pour passer la frontière et sauter vers 2020.

L’avenir est totalement inconnu, tout à fait imprévisible.
Il est certainement tout tracé en fonction des pas qui le précédent.
Traces et passages racontent le mouvement, la danse que la vie mène.
A mes yeux, l’empreinte est moins palpable souvent, elle apporte un enseignement, un appui, un point fixe qui permet de chercher plus loin.

(Et oui, je suis allée regarder fouiller autant dans la lexicographie que dans l’étymologie avant de trop m’avancer)

Désormais, depuis le début de l’année qui s’achève et dans « l’ordre des choses » de la lignée familiale, je suis la prochaine sur la liste des départs vers l’infini.
Il en va ainsi lorsque « papa-maman » ont abandonné leur présence terrestre.
L’imprévu peut jouer des tours, l’imprévu est ce qu’il est : il faut le considérer mais il est impossible à prévoir!

De mes parents, il reste des traces et des empreintes, un héritage pourrait-on affirmer.
Avec l’héritage en argent comptant, j’ai acquis un appartement et je suis en train de le transformer en nid à ma mesure, juste et précisément à « ma mesure », à mon seul goût, à mes sens uniques, sans partage. Pas à pas, à coups de scie, de marteau et de chèques, je l’ajuste à mon être bien.

Dans le même temps, je libère l’espace de la maison (celle du fond de l’impasse) d’une multitude de traces que les enfants n’auront pas la charge d’effacer : ces accumulations d’objets qui n’ont pas d’autre sens que la consommation reposant sur le goût pour la possession inculqué de manière transgénérationnelle.
Il y aurait une petite chanson humaine qui dirait :
« J’ai donc je suis.
J’abandonne, donc je m’estompe
Je laisse donc je disparais. »

Et alors… qu’est donc l’empreinte?

J’ai hâte de vivre, de danser la suite, plus légère que jamais.
Joyeusement présente,
Absente sans malice,
Définitivement joueuse.

Des rives

Sept ans après 2012, à l’occasion du VAN, la place Royale a quitté son déguisement du Mont Gerbier des joncs et s’est laissée envahir par une armée des statues.

Dans le VAN 2019, pour imaginer la Loire, il faut aller dans la petite salle du LU où se tient une exposition de photographies.

Sans hésiter, je suis montée à la rencontre des images.

Comme souvent, habituée que je suis à ressentir les émotions grâce au « direct live » de la vie et donc en cent dimensions, les images superbes et lisses me parurent presque fades.
Une bande son enrichissait le décor avec la « réalité » de l’environnement sonore capté dans l’estuaire.
Etrangement, cette installation contribuait à produire dans mes pensées des situations bizarres lorsque le décalage entre l’image qui passait sous mes yeux et le bruit qui entrait simultanément dans mes oreilles faisait exploser ma propre expérimentation en éclats absurdes.
C’était pourtant une histoire de Loire.
J’y étais allée à la rencontre d’une inspiration, d’une respiration et de l’inconnu aussi.

Je suis ressortie en emportant le livre tout juste publié par les auteurs de l’exposition.
Des rives, Voyage dans l’estuaire de la Loire, Guy-Pierre Chomette et Franck Tombs, Editions 303, 2009, ISBN 979-10-93572-42-0

Et le bouquin m’a entrainée délicieusement.
Je suis partie dans l’histoire, sur les berges, retrouvant ce que je connais déjà et découvrant, sans surprise, toute en reconnaissance, l’immensité de ce que j’ignorais.
Je notais en particulier que mes partances se font régulièrement soit au fil du courant, soit sur la rive sud. De la rive nord je ne connais pas grand chose.

Me voilà donc partie, pour quelques temps, à la découverte de mes propres points de vue sur cette rive là.
Aujourd’hui, sous le soleil dégoulinant comme du plomb fondu, je suis allée jusqu’à Couéron.
La Loire était bruyante, le courant descendant affrontait allègrement le vent montant et une multitudes de petites crêtes d’écumes éclaboussaient le flot couleur de vase claire.
Cette Loire là est celle qui m’inspire le plus.
En chemin, il y avait, en plus, la chaleur torride de l’été.
Des souvenirs sont remontés de fort loin, de l’Atar ou des environs de Dakar, de ces jours où comme aujourd’hui la sueur dégoulinait dans mon dos aussi consciencieusement qu’elle perlait sur mon front. Sur mes lèvres, je pouvais goûter le sel accumulé comme je le fais quand je navigue dans les embruns et j’étais à la fois ici et loin, la source et l’estuaire, le fleuve et l’océan, le monde et la solitude. Quelle aventure!

Avant de rebrousser chemin, je n’ai pas tenté de résister à l’appel : il fallait que je m’approche au plus près de ce flot formidable.
Le soleil avait fait le job : en chauffant à blanc les enrochements, il avait asséché quelques parcelles et telle une funambule débutante, bras écartés afin de garder l’équilibre, je pouvais passer d’un bloc à l’autre, sans grâce et sans salir mes sandales.

Une fois au ras de l’eau, j’étais dans un spectacle son et lumières à nul autre pareil.
Un spectacle incapable de me lasser.
Souvent, je renonce aux feux d’artifices et autres « gourmandises » consommables, trop éphémères à mes yeux.
Au bord de l’eau, chaque instant qui me ravit est un instant qui me rapproche de l’inéluctable fin, c’est pareil.
C’est pareil à une différence près : j’ai l’impression d’avoir le choix et de pouvoir décider sans compter qu’il y a encore un peu de rab à déguster!

Tous les chemins mènent à Rome (6)

Jeudi 12 septembre 2013 : Vado Ligure – Genova

La tartine relatant cette journée est aussi longue que la digue de l’aéroport, attachez bien vos serviettes !

Avant même de partir, j’avais focalisé mon appréhension sur deux passages, celui du golfe de Saint-Tropez à cause du trafic de YTGV (Yacht à très grande vitesse) et celui du port de Gènes à cause de sa longueur infinie. Rien ne m’inquiétais trop sur le suite du trajet.  

Depuis quelques jours, je voyais Gènes-Genova approcher et j’avais vraiment envie de passer de l’autre côté histoire de m’en « débarrasser » l’esprit.
J’avais l’impression d’être immensément loin de mon but : Rome.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que si je me sens tout à fait capable d’accomplir les projets que je fomente, je n’ai jamais la certitude de parvenir à mes fins.
Disons que je reconnais volontiers la puissance de l’imprévisible.  
Après avoir croisé le kayakiste venant de Rome, la raison autant que l’arithmétique me laissaient confiante, mais le doute ne s’effaçait pas pour autant. Evidemment, comme je ne disposais pas (à ce jour) d’une carte (autre qu’une carte routière bien imprécise au 1/1 000 000 ) j’évaluais très mal les distances parcourues, d’autant plus mal que les croquis fournis par le Guide de navigation que j’avais emporté était dessinés selon différentes échelles. Visuellement, je parcourais sur ces croquis, parfois 10 cm, parfois 2cm  et cet aspect « visuel » était pour le moins troublant.

Après avoir posé mon campement en vue du port de Vado Ligure, pas très loin de Savona, confortablement installée dans mon duvet, j’avais fait le point la veille au soir, éclairée par ma frontale.
Gènes ne paraissait plus trop loin.
Dans cette zone et ces jours-ci, la lueur du jour persistait jusqu’à 20h30 précisément.
En partant à 8h de Vado Ligure, je disposais donc de plus de 12h pour dépasser le port de Gènes, c’était d’autant plus envisageable que le SMS nocturne de Michel me faisait part d’une météo qui pouvait convenir.

Ce jeudi matin 12 septembre, la journée s’annonçait aussi chargée que le ciel nuageux : le jeu du jour consistait à passer le port de Genova avant la nuit.

L’avantage avec les départs matinaux, c’est que je pouvais tranquillement « m’échauffer » sur le flat!  
Néanmoins, le long de la digue du port dont je m’éloignais, le ressac était notable.
Juste avant de passer l’extrémité de la digue, j’ai vu sortir un bateau pilote, je me suis retournée : un porte-containers arrivait, je ne l’avais pas vu venir… Ni entendu… J’ai immédiatement ralenti (c’est drôle de parler de ralentissement, vu ma vitesse habituelle!) pour rassurer le pilote  
Je souligne que les pilotes ont TOUJOURS été très aimables et qu’ils ont TOUJOURS cherché à me sécuriser sans jamais mépriser mon frêle navire  
L’énoooooooooorme navire est rentré dans le port et j’ai filé vers le port suivant : Savona

Nouveau ressac notable le long de la digue que je ne longeais pourtant pas de très près.

A l’embouchure du port, c’est un bateau de la police qui a surgi, m’a contournée à grande vitesse, avec force vagues sans que je comprenne pourquoi.
Je me concentrais déjà sur la pointe suivante quand un SUPeur entra dans mon champ de vision. C’était F., un surfeur, SUP surfeur, jeune papa du joli petit Kay qu’il fut fier de me présenter.

Enfin, il m’a invitée à débarquer sur « sa » plage. Quel ne fut pas mon émerveillement en arrivant au bord : il est venu m’aider à sortir de l’eau, il a saisi comme une plume la planche lestée (oui, oui, avec les bagages dessus) d’un côté et de m’a tendu une main chevaleresque de l’autre!  Grande F. ! 
Puis, il m’a présenté sa jolie femme et son extraordinaire fils. Puis, il a demandé « tu veux quoi? » et comme je n’ai sûrement pas demandé assez, il fit préparer une 1/2 douzaine de sandwiches variés, il ajouta des bananes et des canettes… J’étais comblée, boostée à fond…
Il m’a aussi expliqué qu’il était normal que le bateau de police soit venu me tourner autour « On est en Italie, les ports sont très surveillés »… Je n’ai pas tout compris!  
Et…
Je suis repartie en étant certaine de réussir à poursuivre le jeu lancé le matin même : passer le port de Genova avant la nuit!
 
Je suis incapable de me souvenir de l’endroit où je me suis arrêtée pour me sustenter, c’est dire à quel point mon esprit était accaparé par la participation au challenge que j’avais inventé.  
D’ailleurs, je n’ai pris aucune photo après la rencontre avec Federico, sa femme et leur fils.  

Ce dont je me souviens, c’est qu’en partant de la plage où j’avais rapidement dégusté un des sandwiches offerts, je constatais que le vent était exactement celui que Michel avait indiqué dans le point météo, de vent de travers, il passait vent portant si je tirais au large pour piquer à l’extrémité du port de la ville au loin, très au loin…Genova…

Ni une, ni deux, j’ai visé le large, très au large.

Et quand j’ai senti le vent bien orienté, j’ai visé la terre  
J’ai alors vécu le plus magnifique et le plus formidable parcours au vent portant que je n’avais jamais vécu. Il y avait une belle houle qui me poussait, il y avait un bon vent qui me poussait. C’était juste magique, l’adrénaline dégoulinait, j’étais juste heureuse ; en flashes, je pensais à ce que pouvaient vivre ceux qui se lancent le défi de la M20 qui devait être un endroit dix fois plus infini.   
Impossible de dire combien de kilomètres furent parcourus dans cet état de grâce.

J’ai soudain « trébuché » et je me suis retrouvée projetée vers l’avant, je ne suis pas tombée, j’ai rattrapé mon équilibre d’une main sur le sac accroché devant.
« Toi, ma fille, tu es fatiguée » ai-je pensé… Et j’ai déballé le lait concentré… Et je suis repartie gaillardement.

Pas très loin, bis repetita  

Ce n’était donc ni la fatigue, ni une hypoglycémie.  

 « le ressac de la digue du port (et de l’aéroport) de Gènes se fait parfois sentir à plus d’un mile de la côte » était-il écrit dans le guide de navigation… Arghhhhhh… Je n’avais aucune idée de la distance qui me séparait de cette foutue digue, mais il était évident que le ressac était responsable de ma soudaine « perte » d’équilibre.

A partir de ce moment, ralentie je fus. Et une Joelle qui ne va pas vite en chevauchant sa planche chargée n’avance VRAIMENT pas vite  
Du coup, le vent me poussait vers la digue sans que je n’arrive plus à me diriger vers la sortie du port. Devant autant de « vent contraire », je m’inclinais… A genoux je pagayais  
Plus j’approchais de la digue, plus le ressac devenait spectaculaire.

Je peux affirmer que je me suis fouetté le mental plus d’une fois et avec grande force « ALLEZ cocotte, ALLEZ, ALLEZ, c’est possible, il fait encore jour, tu vas y arriver » etc… etc…  

Je me sentais minuscule et grande en même temps.

Je ne voyais plus du tout le paysage quand j’étais dans le creux de ce gigantesque clapot.
Parfois je voyais une montagne (il en faut peu pour que je vois une montagne  ) arriver d’un côté et la même arriver exactement de l’autre côté  
Parfois à l’instant précis où les deux montagnes se rencontraient, j’étais perchée sur un volcan pointu qui crachait son écume.  

J’essayais de noter mon avancement en prenant des alignements. J’avais parfois l’impression de ne pas avancer du tout et puis soudain, l’apparition d’un bâtiment nouveau me prouvait que j’avais bien changé de place.

J’avais enfin dépassé la digue en béton brute de l’aéroport, sur quelques centaines de mètres, il y avait des enrochements qui amortissaient un peu le ressac… Pfiouuu, presque de quoi souffler : une goulée de lait concentré et hop : béton brut à nouveau. Je restait autant que possible à distance, je ne me suis jamais approchée à plus de 300m du mur.

Et finalement, j’avançai plus facilement.

Comme une délivrance, je voyais enfin la fin du mur.

Soulagée j’étais.
Debout, je reprenais de la hauteur.
Du coup ma pagaie devenait plus forte, mon corps devenait plus tonique et le mental s’emballait et je retrouvais tout mon entrain habituel et j’avançais vraiment à vue d’oeil.
Il faisait encore jour.  

J’ai regardé derrière sans voir le moindre navire.
J’ai regardé devant sans voir le moindre navire.
J’ai regardé DANS l’embouchure du port sans voir le moindre navire.
J’ai traversé.
J’ai visé, en face, les plages.

Le jour faiblissait.
Un voilier se hâtait pour entrer au port, il avait déjà allumé son feu de mât. Ses passagers saluèrent mon passage, amicalement  

20h sonnait aux clochers, je touchais terre. J’avais gagné. Je regardais le ciel.
L’instant était délicieux, infiniment bon, incroyablement fort.
C’est alors seulement que je me retournais pour regarder d’où j’arrivais.

Un bateau de passagers sortait, illuminé, puis un autre, puis un troisième…

Morale du jour : Quand un bateau passe avant toi le matin, des bateaux passent derrière toi le soir venu.

Vendredi 13 septembre 2013 : Genova – Sestri Levante

Après avoir tardé à trouver le sommeil (certainement sous l’effet d’un certain nombre de drogues physiologiquement distillées en très grande quantité la veille ) je me suis hâtée doucement dès le réveil.

D’après les pages du guide, j’étais officiellement entrée dans la « Riviera du Levant » et je n’avais guère plus d’indications touristiques. J’ai découvert à mon retour, en écrivant ce billet, que j’allais entrer sous peu dans le « golfe du Paradis ».
De manière générale, je ne suis pas du genre qui apprend par coeur et à l’avance « les trucs à voir et leur histoire ».
J’aime garder un regard libre, c’est une main tendue pour l’émerveillement, les surprises, les lumineuses découvertes de « petits riens » et de fait j’évite les déceptions.
Dépourvue d’internet et de toute source d’information historique, j’étais donc dans les conditions idéales pour « faire comme d’habitude ».
D’emblée, le paysage était TRES différent de ce qu’il avait pu être avant Gènes. J’avançais tranquillement, je voyais des cartes postales et j’essayais de prendre des photos qui ne leur ressemblent pas, je n’étais pas du tout pressée. Le fait d’avoir dépassé le port qui m’inquiétait avait largement ouvert la porte vers Rome et j’étais certainement encore sous l’effet de drogues euphorisantes auto-produites. Le ciel bleu et le soleil étaient au rendez-vous. La mi-septembre ayant éliminé la masse des estivants, la Riviera n’était que luxe, calme et volupté.

(in « L’invitation au voyage » de Baudelaire
« Là, tout n’est qu’ordre et beauté
Luxe, calme et volupté »)

J’ai fait la pause déjeuner au pied de l’Abbaye de San Frutuoso dans un décor de rêve.

J’ai rempli mon garde-manger dans la belle cité de Chiavari.
J’avais atterri sur la plage sans avoir la moindre idée de l’endroit où j’étais, vous avez sûrement remarqué que jamais aucun panneau n’indique le nom des villes côté mer!  
J’avais visé pile poil au milieu d’une plage privée parce que TOUTES les plages du coin étaient privées et qu’en arrivant au milieu, je tombais inévitablement sur le « sauveteur » de service à qui je pouvais demander l’autorisation de stationner.  
Entendant ma demande le gars me toisa et hésitait quand une dame allongée sur un transat tout proche lui fit signe de la tête qu’elle était d’accord.  
Enhardie, après avoir tout débarqué, j’allais la remercier et je lui expliquais la raison de ma présence incongrue dans ce cadre préservé.
Elle a aussitôt répliqué qu’elle avait bien vu d’emblée que je n’étais pas une de ces va-nu- pieds qui troublent l’ordre… Wahoooooo   
Elle m’indiqua le « mini-market » du coin et sans sandales ni pantalon derechef, j’y allais.
 
Impressionnante cette ville version « luxe, calme et volupté » toutes dimensions… J’ai adoré y passer, comme tombée d’une autre planète, absolument transparente dans le regard des « gens biens »…

De retour sur la plage, la dame qui m’avait accueillie partait, elle me demanda d’aller saluer le tenancier, elle l’avait averti de mon passage et il voulait faire ma connaissance. Le gars aurait certainement souhaité que je m’assoie, que je prenne un café, que je discute, mais mon italien étant ce qu’il est (c’est à dire qu’il n’est pas du tout) et l’heure d’avancer étant pointée dans mon esprit parfois rigide, je me suis excusée et j’ai pris le large.

En vue de la pointe d’après, je n’ai pas eu envie d’aller voir « derrière », il me semblait que cette petite journée touristique était suffisante après l’épopée de la veille et je visais la côte.

Emerveillée, enchantée, je me laissais subjuguer par ce que je voyais : au creux de la baie il y avait un village comme un bijou dans un écrin. La lumière du soir ajoutait sa touche de magie.
Comme j’avançais délicatement, sur la pointe de la pagaie, afin de ne troubler ni le calme, ni la surface de l’eau devenue d’huile, j’ai vu deux filles qui mettaient leur bateau (aviron) à l’eau. C’est vers elles que je me suis dirigée, c’est sur leur plage que j’allais dormir. J’ai été super bien accueillie!  
Après une douche chaude, j’ai organisé mon nid sous les bateaux.

Le papillon (bis)

J’ai plein d’histoires de papillons.
Comme…
Par ici et par là
Et toujours plus loin
Je suis un papillon
Butinant inlassablement.

Récemment, en vidant la maison dont l’âme de ma mère s’est envolée, j’ai retrouvé ce papillon bijou que je pensais avoir perdu.
Je me souviens avec précision d’un jour où nous étions parties en ville.
J’avais environ l’âge de raison.
Maman avait pris soin de « me faire belle » comme une petite fille modèle à laquelle elle rêvait sans doute. Elle avait donc accroché la petite broche papillon (offerte par ma marraine) sur l’unique manteau que j’ai jamais eu, remonté mes chaussettes et blanchi mes chaussures blanches du dimanche.
Où devions nous aller?
je n’en sais rien.
Ce dont je me souviens c’est que lorsque nous sommes rentrées, le papillon était perdu.

En le retrouvant dans son écrin, j’ai pourtant constaté qu’il n’avait jamais été perdu.
Il y a des mystères,
Des histoires de « grands » qui dépassent l’imagination des enfants.
C’est ainsi.
Les parents font toujours de leur mieux pour emmener les enfants vers la vie dont ils rêvent pour eux, n’est-ce pas ?

En cette période d’examen où des parents annoncent au monde entier la « réussite » de leur rejetons avec force mentions et félicitations comme s’ils se félicitaient eux-même, j’ai une pensée toute particulière pour ces papillons multicolores qui questionnent les parents.

Ces êtres un peu à la marge, toujours lumineux au point d’inquiéter souvent, de semer le trouble toujours, ces merveilleux papillons qui butinent à leur gré, passant d’une fleur à l’autre, par ici et par là, sans s’arrêter sur une recette, fut-elle vantée comme infaillible.
Ils l’ignorent, la recette… ils ont la leur et jamais ne la connaissent vraiment.

Aucune vie n’est vraiment traçable à l’avance.
J’entends les aspirations des « grands » qui se targuent d’éléver « les petits »,
Je comprends avec mes tripes de mère-poule.
Mais je sais
Avec les deux L de mon prénom, je sais tout au fond de mon ventre,
Que les papillons ont besoin de casser eux même leur cocon pour devenir fort,
Pour s’envoler loin dans le sens qui leur va bien
Et je sais que certaines variétés commencent avant les autres!

Prendre en main

Combien de personnes à chaque coin de rue, à chaque détour de média, combien de personnes se plaignent de subir, de ne plus rien maitriser, de se sentir impuissante?
Combien?

C’est que par la grâce de la distribution à bas coût d’énergies non-humaines, tant de « choses » indispensables à la vie quotidienne se « font toutes seules »!
Jusqu’au changement d’heure et de date…
Pour tant de monde, elle a disparu l’époque où il fallait changer à la main l’heure d’une montre, oubliée l’époque où il fallait ouvrir un nouvel agenda. Tout est dans le smartphone, tout est automatique, il n’y a plus rien à faire et pour occuper le temps ainsi dégagé, il n’y a pluka cliquer frénétiquement, sporadiquement du bout d’un doit plus ou moins énervé, cliquer pour « partager », pour valider, pour pétitionner, cliquer…
Et ainsi la vie nous échappe.
Et pour la re-prendre en main, tant de publicités vantent les mérites de « trucs » faciles qu’il suffit d’acheter et qui « ne demandent aucun effort », sinon celui de « l’autre », de « l’état » ou de je ne sais quelle toute-puissance.

Et si…
Et si tout simplement nous entrions à nouveau dans l’effort juste à notre portée ?
Et si chaque matin, petit à petit nous prenions notre vie en main ?
Notre vie telle que nous nous l’imposerions nous même, une vie pleine d’autant de petits riens qu’une vraie carte écrite à l’encre de nos propres mots, qu’un agenda pesant son poids ouvrant chaque jour une page vierge à compléter, qu’une montre qui fait tic-tac au rythme des battements de notre coeur, qu’une orange pas pressée dont il faut extraire le jus, qu’un légume encore noir de terre acheté sur le marché à un de ces maraîchers qui vous explique que la terre est basse, etc…

Dans le monde médical, il existe un terme qui a perdu son sens étymologique : rééducation.
Ce terme est utilisé à tout bout de champ, doctement « Je vais vous prescrire des séances de « rééducation », c’est pris en charge, ça ne vous coûtera rien. »
Qu’est donc la ré-éducation quand l’éducation n’a pas vu le jour?

Moi, moi-je, moi…je suis certaine, par éducation (ben oui, je suis d’un autre siècle!), que tout a un prix, que le moindre petit effort participe à la qualité de mon épanouissement et que chaque petit acte acté en conscience est un grand pas vers plus loin. Les nouvelles technologies peuvent débarquer, je peux même les apprivoiser passionnément, ce qui est ancré reste.

Ce matin, j’ai ouvert un nouvel agenda.
Il n’attendait que ce jour.
Et j’ai aimé l’ouvrir sur plein de projets bien palpables.