Archives de catégorie : Orchidées de France et de plus loin

Cephalanthera damasonium

Décrit pour la première fois par Philip Miller en 1768, puis par George Claridge Druce en 1906.

Le Céphalantère pâle tient son qualificatif « damasonium » du nom donné par Pline l’Ancien aux plantes non-identifiées de son oeuvre Historia Naturalis.

C’est une plante des sous-bois qui fleurit en mai-juin.
Si au premier coup d’oeil une confusion parait possible avec Cephalanthera longifolia, la couleur crème et la petitesse des feuilles fait la différence et permet d’affirmer que c’est une plante tout à fait différente. Les hybridations peuvent exister lorsque les deux espèces cohabitent.

Je l’ai rencontré pour la première fois le long d’un chemin aux alentours de Biescas. Certaine qu’il s’agissait bien d’une orchidée et sans la connaitre, je me suis précipitée, photographiant de minuscules fleurs perchées sur une tige grêle afin de pouvoir les identifier plus tard. Et puis, en marchant plus loin, j’ai trouvé des plantes plus robustes qui m’ont permis d’identifier des Céphalantères sans pouvoir en dire davantage. C’est seulement de retour vers la voiture et en ouvrant mon bouquin préféré que j’ai pu donner le nom complet, pensant dans un premier temps que « damasonium » signifiait « Damas »!

Cephalanthera rubra

Décrit par Carl Von Linné en 1767 puis par le français Louis-Claude Richard en 1817.

Le Céphalantère rouge apprécie les sous-bois clairs et fleurit, selon l’altitude, entre avril et juillet.
Cette plante est réputée pour sa capacité à disparaitre pendant des années d’un lieu où elle réside depuis longtemps, puis de réapparaître sans crier gare.
Aucune autre explication que sa grande sensibilité au contexte environnemental n’est envisagée à ce jour.
Elle survit fort longtemps de manière végétative (donc invisible à nos yeux) grâce à l’étroite symbiose entretenue avec les champignons micorhiziens qui lui apportent alors la nourriture indispensable.

A la recherche des Sabots de Vénus

Parmi les orchidées sauvages de France métropolitaine, il en est une fort spectaculaire qui toujours figurait sur les rares pages couleurs des dictionnaires de mon enfance.

Dans le « Larousse Universel » en deux volumes (daté de 1922) qui trônait chez mes grands-parents l’espèce est nommée « cypripède » et ainsi décrite : « Genre d’orchidées comprenant une vingtaine d’espèces dans les régions chaudes et tempérées. (Les cypripèdes doivent leur nom scientifique comme leur nom vulgaire (sabot de Vénus) à la forme de leur fleur.) »

Des « sabots de Vénus », il est facile d’en trouver dans les jardineries au rayon des plantes exotiques, leur forme est suffisamment originale pour attirer les regards et se vendre plus cher que la plupart des vulgaires orchidées de supermarché.
Dans la nature, c’est une autre histoire.
En France, le Cypripedium calceolus, victime de la cueillette intensive et des nombreux essais de transplantation, ne subsiste que dans de rares zones. Il est strictement protégé.

En 2022, j’avais décidé qu’il était temps de faire sa connaissance en live.

Et finalement, je suis partie dans les Pyrénées… espagnoles, simplement parce que la distance kilométrique à parcourir en voiture pour m’y rendre était moindre que celle qui était à parcourir pour aller dans le » far-east ».
Il restait à les trouver.
J’avais des pistes. Et surtout, à la date précise où j’avais prévu d’y aller, j’avais bien noté le message suivant : « Mis compañeros me dicen que C. calceolus en Huesca está en plena floración, vas a tener éxito, de buen seguro. No dejes de buscar otras especies, por todo el valle hay muchas, pero muchas. »  J’étais donc certaine de faire des rencontres en allant « là-bas ».
Je me suis offert un détour, une pause-pique-nique sur un site à orchidées dans le département de la Dordogne et c’est tout tranquillement que je suis arrivée en fin d’après-midi au premier endroit conseillé pour « voir » les « zapatilla de Venus ».
A cet endroit précis, un garde est stationné pendant le mois de floraison, c’est dire à quel point la fleur est précieuse.
Quelle ne fut pas ma déception !
Alors que j’arrivais guillerette à l’idée de toucher au but, je suivais le gardien en m’attendant à devoir grimper un peu et… ce fut inutile, les fleurs étaient là, juste au bord de la route, offertes à tous les regards, si faciles d’accès qu’il était même questionnant d’avoir besoin d’un « guide » pour les approcher!
J’ai eu l’impression d’être au musée ou un truc comme ça. Il y a eu une déception, comme si quelque chose ne collait pas avec mon aventure « à la recherche d’orchidées sauvages ». Celles-ci étaient sauvages, certainement, mais étant à la fois gardées et en bord de route nationale, dans l’instant de la rencontre quelque chose clochait trop pour que je sois vraiment ravie.
Que signifie protéger?
J’ai déjà posé la question et clairement il y a dans cette histoire de protection un truc qui me touche et m’interroge à la fois.

Heureusement, j’avais un bon paquet d’autres fleurs à découvrir et surtout surtout j’avais un endroit « secret » dans ma liste, un endroit où trouver, avec un peu de chance, les fameux sabots de Venus.

Deux jours plus tard, un peu après l’aube et à l’issu d’une minuscule route de montagne infiniment tortueuse, je me suis garée sur le parking bondé d’un parc naturel. Riche de l’expérience de l’avant veille, j’ai eu des sueurs froides en voyant des flots de visiteurs se lancer sur les différents sentiers à cette heure très matinale. Qu’allais-je donc trouver?

Passés les premiers hectomètres, chacun ayant choisit sa voie du jour, parfois en coupant à travers bois pour changer de route, passé ces premiers hectomètres, attirés par leurs objectifs, les marcheurs restaient sur les sentiers fléchés.
Pour ma part, attirée par « mon » objectif, je suis sortie du droit chemin, j’ai plongé dans les bois. Sans égard pour les branches trop basses qui frôlaient mon visage ou accrochaient mon sac à dos, j’avançais. Le chant du torrent guidait mes pas, il fallait que je trouve une éclaircie « par là-bas ».

Sans humain à l’horizon, plongée dans la symphonie de la forêt, j’ai enfin atteint une zone moins dense où j’ai pu marcher tête haute.
Et puis au pied d’un arbre, j’en ai vu une , une fleur caractéristique du sabot de Venus.
Encore dégoulinante de la pluie nocturne, elle se présentait à mon regard.
Et, enfin nous nous faisions face, seule à seule, entre le torrent tonitruant et la forêt caressée par la brise.

Ce fut l’instant auquel j’avais rêvé.

Enfin.

Tranquille, apaisée, j’ai pu poursuivre la journée en randonnant sur un sentier fléché.
Les jours qui suivirent m’ont offert un bon nombre de rencontres avec des orchidées sauvages parfois déjà connues et parfois nouvelles à mes yeux.

L’été et la fin de la saison des orchidées sauvages pouvait arriver.



Ophrys insectifera


Décrit par Carl Von Linné en 1753.
En voyant la belle planche illustrée tirée d’un livre de botanique de 1885, je ne peux m’empêcher de penser que la précision du dessin n’avait rien à envier à nos images numériques.

L’Ophrys mouche est bien présent sur le territoire français dès lors qu’il y trouve des conditions favorables.

J’ai fait sa connaissance près de Tours, le dernier week-end d’avril alors que je sortais prendre l’air dans le parc d’un centre de conférence.
Comme j’avais profité de ce déplacement pour découvrir de nouvelles espèces, je l’ai revu à la même date dans d’autres sites, autant en sous-bois qu’en prairie. A noter que sous le couvert des arbres, les tiges s’étirent plus haut afin de capter la lumière.

Orchis purpurea


Décrit par William Hudson en 1762

L’Orchis pourpre, Orchis-casque ou Grivollée est une plante robuste qui ne passe pas inaperçue.
La découpe et la teinte du label est assez variable.
En Touraine où je l’ai observée la première fois, sur une prairie sèche et calcaire, la cohabition avec les Orchis Simia offrait de nombreux hybrides à observer dans un festival de formes et de couleurs.

Himantoglossum metlesicsianum

Découvert en 1982 aux Canaries par Wolfgang Teschner (1935-2016), médecin et botaniste amateur, nommé en hommage au botaniste autrichien contemporain H. Metlesics. En 1999, Pierre Delforge l’a classé avec les autres Himantoglossum.

C’est une plante très semblable à Himantoglossum robertianum. Elle est seulement présente à Tenerife et à La Palma mais en danger critique d’extinction en raison des fréquents incendies qui ravagent les pinèdes de l’archipel.

En 2022, malgré des repères très précis je l’ai cherché en vain.

Janvier 2023, première balade du premier jour : je file sur le chemin où j’avais cherché en vain et là, à ma gauche, au coeur d’un buisson d’épine je la vois.
Déjà j’étais comblée.
Et voilà que j’aperçois une tache rose plus loin, en bordure d’un muret en pierres de laves. Je me suis approchée pour découvrir une quinzaine de pieds fleuris, certains déjà passés, d’autres encore pleins de promesses. Des jeunes pousses, bien à l’abri du mur, étaient en feuilles, en pleine forme comme autant de promesses pour les prochaines années.
Ravie, j’ai poursuivi la balade. un peu plus haut deux pieds totalement défleuris étaient déjà en graines et puis, plus rien.
Au loin, le Teide veillait.

Ophrys lutea

Décrit en Espagne par Antonio Jose Cavanilles en 1793.

L’Ophrys jaune est présente en France.
Bien que Méditeranéenne, l’espèce est absente en Corse.

Mi-avril, à Minorque en 2022, la floraison touchait à sa fin. Nous avons cependant pu observer tout à loisir la multiplicité des formes de cet Ophrys très répandu sur l’ensemble de l’île.

Ophrys balearica

Décrit par Pierre Delforge en 1990, à Majorque.

L’Ophrys balearica est endémique des îles Baléares, elle fait partie du groupe des Ophrys bertolonii et fut précédemment nommée Ophrys bertolonii supsp. balearica par L. Sáez & Roselló en 1977.

Mi-avril, à Minorque, elle était en début de floraison et facilement observable bien que très localisée.

Serapias nurrica

Décrit par Bruno Corrias Sassari en 1982

Serapias nurrica est très rare et très localisé.
En France il n’est présent qu’au sud de la Corse. Autant dire que le découvrir lors de notre séjour à Minorque, unique endroit d’Espagne où sa présence est signalée, était inespéré.

C’était le dernier jour et il pleuvait.
L’île étant petite, nous avions déjà exploré la plupart des coins où il était logique de trouver des orchidées. Un seul site n’avait encore pas figuré sur nos parcours et il m’était difficile d’imaginer partir sans y avoir mis les pieds. Mais le temps était compté.
M. peu motivé par les conditions météorologiques s’accorda la première grasse mat’ des vacances. De fait, en y allant seule je gagnais beaucoup de capacité d’observation.

Après avoir pas mal tourné et trouvé des espèces déjà photographiées sous le soleil, sachant qu’il était vain d’essayer de trouver des espèce plus tardives (nous étions mi-avril) j’ai décidé de simplement me balader.
Rencontrer une tortue locale fut un premier bonheur.
Visiter les ruines de la « talaia » (tour de défense) construite au 18ème siècle avec un assemblage de pierres roses et blanche fut le deuxième.
Enfin, trouver devant mes pas cette variété exceptionnelle de serapias acheva d’illuminer la journée dénuée d’ensoleillement.

Neotinea conica

Décrit par Carl Ludwig Willdenow au Portugal en 1805 sous le nom Orchis conica, c’est en 2003 que Richard M.Bateman l’intégra au groupe Neotinea, section Neotinea tridenta sous l’appellation Neotinea conica aujourd’hui retenue.
Voilà une occasion pour rappeler la complexité et l’évolution constante de la classification.

La Néotinée conique figure sur la liste rouge des espèces rares en France où elle a été vue.

J’ai fait sa connaissance sur l’île de Minorque en avril. Les plantes étaient en fin de floraison, voire déjà défleuries ou même déjà sèches et prêtes à répandre leurs graines.