Archives de catégorie : Histoires ligériennes

La Loire est, dans le monde que j’habite, une source d’inspiration, est métaphore vivante et une ligne d’aventures toujours renouvelées

De la source à l’océan, la Loire (3)

Rédigé en juillet 2019

Le 29 aout 2012, nous étions sur place… à la source!
Une des sources.
Car pour ce qui concerne la Loire, il existe une multitude de mini ruisseaux qui dégoulinent et finissent par former un ruisseau, puis un semblant de rivière. Quelle « source » choisir?
J’ai opté pour celle qui était indiquée pour les touristes au plus près du mont Gerbier des joncs que je découvrais pour l’occasion.

Et à 9h sonnante, j’étais sur le chemin.
Seule avec un mini sac à dos contenant de l’eau, un bout de fromage, du pain sec et le nécessaire pour dormir.
Michel qui m’avait posé là avait pour mission de m’attendre environ 100 km plus loin afin que je puisse prendre planche et sacs et partir sur l’eau.

De la source à l’océan, la Loire (2)

Rédigé en juillet 2019

Alors que j’avais effectué les essais dont j’avais besoin, l’impatience montait.
Sur le forum, les gars posaient des questions et je répondais patiemment, histoire de patienter!

Lugo : Tu as prévu quelques escales confortables pour te requinquer ou bien tu comptes bourriner tout le long ?

moi : Je n’ai rien prévu, je vais me soumettre aux conditions rencontrées (soleil, vent, pluie, etc) et avancer sans chercher à battre un record. D’ailleurs, vu qu’il n’y a pas grand monde qui a déjà tenté ce parcours en SUP, il n’y a même pas de record à battre!

Lalo : Combien de jours as tu prévu pour réaliser ce parcours ?

moi : Je n’ai pas vraiment de repères. D’après les récits de ceux qui l’ont fait en canoë, il faut compter environ 3 semaines pour atteindre Nantes en partant du Mont-Gerbier-des-Joncs (ce que je vais faire). Je ne sais pas quelle sera la performance de mon SUP (plus léger, bien profilé et moins chargé) et de mes petits bras (j’ai pas trouvé de filles dans les récits de ce trip, sinon pour faire l’intendance ). La plupart des gars s’arrêtent à Nantes car ensuite la partie de l’estuaire, soumise à la réglementation des affaires maritimes, et croisant la route de très gros navires, nécessite une embarcation insubmersible. Ceux qui ne peuvent pas troquer leur canoë contre un kayak de mer achèvent leur voyage à Trentemoult. Il faut donc rajouter un peu de temps pour arriver sur la plage.
On verra bien. Ce sera plus facile de dire après ce que j’aurais pu faire plus vite et ce dont j’aurais pu profiter plus longtemps.

Four : Superbe projet, bon courage, bonne glisse et un bon petit report après l’arrivée.

Moi : J’espère pouvoir faire un report au retour et balancer quelques photos, il faudra peut-être attendre que j’atterrisse!

Fanfoue : Je te repose la question, même si je sais que tu n’es pas fan de ce genre de truc et que tu préfères te retrouver seule face à la nature (personne pour se plaindre et te casser les pieds ou la rame lorsque tu ne pense à rien ) mais nous accorderas-tu quelques heures pour te rejoindre et t’accompagner dans ton périple (2 ou 3 km ) ?
Et pour ton arrivée … un fan club avec des banderoles, du saucisson et du rosé?
Allez, bon courant, bonne glisse, bonne aventure !!!

moi : Difficile de répondre à cette question puisque je n’ai aucune idée de l’endroit où je serai quel jour et à quelle heure. Les fans du GPS vont sourire si je dis qu’aucun panneau d’affichage ne signale l’entrée d’un village quand le chemin emprunté est une rivière. A moins d’apprendre la carte par coeur, je vais donc traverser certains lieux sans même savoir où j’en suis exactement.
Evidemment, en arrivant en pays de Loire, j’aurais quelques repères… et encore plus en arrivant près d’Angers puis de Nantes!
Donc affaire à suivre…Sans promesses!

Suprider : Chacun a sa petite question technique qui nous montre que la préparation et la réflexion sur ce genre de périple est importante. Leash ou pas leash ?

Moi : Yes… La préparation d’un trip fait déjà partie de l’aventure et la question du leash n’a pas été oubliée. Ton résumé de la situation est excellent : je n’ai pas du tout envie de laisser filer ma planche et mon paquetage et j’ai envie d’éviter au maximum la prise de risque. Pour limiter le risque, je ne vais pas jouer dans les zones de rappel et contourner à pied ( il y a un bon nombre de foutus $£#$§ portages qui sont déjà notés mentalement afin de ne pas entamer ma « zenitude » à venir). Pour éviter de laisser filer ma planche, j’ai prévu un leash. D’ailleurs, nous avons fixé un insert au centre de la planche à cet effet. De fait, je vais pouvoir attacher le leash à la ceinture avec un mousqueton, facilitant ainsi un largage d’urgence en cas de risque vital.
Ca répond à ta question?

Etc…
Etc!

De la source à l’océan, la Loire (1)

Rédigé en juillet 2019

Nous étions le 18 août 2012.
Dans le monde du SUP (Stand Up Paddle) en pleine éclosion, une petite troupe des conquis se préparait pour une compétition bretonne (aujourd’hui disparue bien qu’elle ait revendiqué le titre de « classique » pendant un ou deux ans! C’est fou comme tout est relatif!) quand je lançais officiellement l’annonce de mon projet de trip sur un forum réunissant les passionnés.

L’idée de ce trip avait jailli neuf mois auparavant et le départ s’approchait.
A l’attention des « spécialistes curieux » j’avais dressé une liste non exhaustive que je lis aujourd’hui en connaissance de ce qu’est devenue l’activité que tout le monde en France (et seulement en France) nomme désormais « paddle », c’est à dire… Pagaie!
Je vais donc, dans les lignes qui suivent, prendre un malin plaisir à revoir le texte initialement publié sur le forum. Je pose le « surplus » en italique pour plus de clarté.

1- La board (en windsurf, les français appellent « board » la planche sur laquelle vient se fixer le mat qui porte la voile ; beaucoup de personnes parmi celles qui tentaient l’expérience du SUP étaient d’anciens windsurfeurs)

Il y a neuf mois, les catalogues des marques n’étaient pas ceux d’aujourd’hui ( le 18 aout 2012, donc). Alors que notre sport avance à la rame, la créativité des fabricants fait que les modèles se multiplient à une vitesse qui dépasse celle que met l’humain à se reproduire (Neuf mois!)
Bref… J’avais donc imaginé investir ma fortune dans une planche « spéciale » fabriquée spécialement. Le shapeur idéal (à l’époque, le gars était connu grâce à un certain « rider » désormais rentré dans le rang à l’université. C’est lui qui m’avait proposé ses services de « shapeur » inspiré, sans réussir à les mettre réellement en action. Ce gars là est aujourd’hui re-tombé dans le plus grand anonymat, bricoleur il demeure) étant débordé, les idées lancées comme autant de rêves sont tombées à l’eau tandis que de nouvelles réflexions ont fait surface, bien plus réalistes.
J’ai écarté d’emblée les planches gonflables (c’était le début d’une industrie aujourd’hui florissante) qu’on me proposait. En effet, la descente du fleuve sauvage en canoë n’étant pas un exploit, de nombreuses personnes l’ont effectué et j’ai pu avoir des contacts pour obtenir des conseils. Ainsi tous les aventuriers que j’ai rencontré ont utilisé un canoë RIGIDE. 1000 bornes, ce n’est pas une promenade dominicale, c’est un voyage au long cours. N’ayant rien à prouver et rien à vendre, je privilégie mon confort et je préfère un navire « en dur ».

Parfois, on cherche loin ce qui se trouve à proximité. Récemment, la Wing est sortie des moules vannetais, il fallait que je l’essaye pour accepter l’évidence.
C’est une planche de 12’6 pas trop lourde mais solide, hyper stable, donc confortable et sécurisante et ce qui ne gâche rien particulièrement agréable en terme de sensation de glisse sur l’eau.
Il restait à lui faire subir une petite intervention chirurgicale afin d’insérer quelques implants indispensables.
C’est chose faite.

2- Les bagages

Trois sacs étanches (50l, 30l et 12l) pour un poids de 18kg également réparti en deux paquets de 9kg. Nous avons testé l’équilibre de la planche chargée sur l’eau avant de décider de l’emplacement des inserts. Je tenais a avoir une planche parfaitement saine dans ses réactions quelles que soient les conditions de navigation et la bonne répartition du poids me semblait fondamentale.
J’emporte aussi une pagaie de rechange et elle sera fixée sur le côté.

3- La nourriture

Je ne prévois pas de stock, la Loire traverse suffisamment de villages pour que je puisse me ravitailler en pain et en eau. J’emporte une gourde filtrante afin de pouvoir boire l’eau du fleuve en cas de besoin.

4- Le parcours

C’est le plus intéressant car il devrait s’avérer TRES varié. Le départ du parcours en SUP se fera en Haute-Loire au niveau du Puy-en-Velay.
J’ai prévu de faire à pieds les premiers kilomètres en partant de la source. Je récupérerai la planche dès que la rivière deviendra navigable.
Au début, il y aura beaucoup de portages (micro-barrages) et mon rythme de progression sera assez lent, d’autant plus que l’étiage peut réserver quelques surprises. Ensuite, il devrait y avoir de bons passages d’avancée régulière avant d’arriver dans les zones où il faudra circuler entre les bancs de sables. Enfin, dans la dernière ligne droite, il faudra regarder le carnet de marée, en jouant avec le vent (vent d’ouest de face) et les courants avant de franchir le pont de Saint-Nazaire et de suivre la côte de Saint-Brévin jusqu’au Cormier (que certains connaissent pour y avoir participé au Fungliss Event (la toute première compétition de SUP que j’avais organisé sur notre plage. D’autres ont suivi dont la première Coupe de France de la discipline. Puis, devant la multiplication d’évènements menés tambour battant par des professionnels souhaitant en tirer des bénéfices, j’ai laissé tomber le jeu! )

5- Les news

Des centrales nucléaires sont sur le parcours, mais je n’aurai pas d’électricité à bord, donc pas d’ordinateur! (A noter qu’en 2012, je n’avais pas de smartphone, donc pas d’ordinateur de poche. Mon imagination se limitait donc au laptop quand il s’agissait d’envoyer des nouvelles à grande vitesse. Aujourd’hui le problème reste le même : sans moyen de recharger les jouets sur une prise électrique, il est impossible d’envoyer des messages!)
Dans le temps on disait « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles »
Affaire à suivre

Clignement de Loire

Histoires ligériennes 5

Rencontre du soir…

Rentrée en début d’après-midi après une douce promenade sur l’océan plus paisible qu’un lac, j’ai ouvert l’ordinateur et répondu à la hâte aux rares mails d’août qui semblaient importants. Le téléphone n’a pas tardé à sonner, si peu d’ailleurs, que je n’avais pas eu le temps d’explorer les liens avant de répondre à mon interlocuteur.

Plus tard, croisant mon écran avec moins de précipitation, j’ai trouvé d’autres messages, les mêmes sur d’autres adresses, comme s’il était vraiment urgent de croiser nos chemins. Dans l’un d’eux, un lien était posé.

Clignement de Loire

Tatatadammm, tatatadammmmmm, tatatadammmmmmmmmm

J’aime ça!

Compte à rebours

Histoires ligériennes 4

Depuis qu’est sortie l’idée de parcourir la Loire, debout sur une planche, de la source (enfin presque) à l’estuaire et jusqu’à notre plage du Cormier, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Dès le jaillissement de l’idée, en fin d’automne 2011, j’avais contacté LA personne qui pouvait le mieux comprendre et le mieux fabriquer LA planche susceptible d’enchainer la haute Loire avec la moyenne Loire, la basse Loire, la Loire maritime puis l’océan. Neuf mois pour une gestation de petit d’homme, c’est ce qui est noté dans les livres. Pour fabriquer une « board » de SUP, quelques semaines suffisent. Depuis janvier j’avais imaginé beaucoup de scenarii tout en sachant et sans oser l’admettre, que la probabilité de me trouver où j’en suis aujourd’hui était la plus forte. Faire confiance et ne rien croire. Douter et cultiver la confiance. Je suis entrainée depuis des lustres me direz vous…

pffffffffffffffff

D’une promesse de livraison en mai, nous sommes passé à « En juin, c’est arrangé » vers « En juillet sans faute » pour arriver à « Un de ces jours je sais pas quand. On va le faire » qui est tombé ce matin dans ma boite mail.

Si une chose semble certaine c’est « je vais le faire ce chemin », mais je ne suis pas encore bien sûre de le faire, ni sur le navire souhaité, ni avec le matériel idéal.

Cependant, les pagaies sont là. Les fringues, le duvet, le parcours et autres broutilles sont en place chacun à leur manière. La date de départ est fixée. La nuité qui précède le périple est réservée.
J’ai goûté à la navigation ligérienne dans différentes conditions, suffisamment pour faire taire les démons et les tumultes que la mythologie trimballe, suffisamment pour savoir qu’il y aura de l’adrénaline qui dégouline, des jours on et des jours off, du vent, du soleil, de la pluie, de la vie.

Chaque jour qui passe est un jour de plus et un jour de moins. Tout mon être aspire à cette aventure.

Le prochain week-end, j’irai comme prévu vers Saint-Malo, pagayer dans les remparts, rencontrer d’autres aventurier, d’autres SUPeurs. Il parait que Malo est un prénom issu du vieux breton, un mélange de « mach »: garantie et de « luh/lou » : lumière.

Ensuite, le compte à rebours accélère tatatadam, tatatadammm, tatatadammmmmmmmm

Avec un sourire au bord des lèvres, je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces conférences minutieusement préparées, au mot près, à la minute près, qui pour une foule de « bonnes raisons » ont systématiquement tourné vers l’improvisation de dernière minute. « Les autres » nous poussent, nous obligent, nous contraignent, nous invitent, nous bousculent. Il est impossible d’échapper « aux autres » et finalement, c’est sûrement pour que le meilleur soit à venir!

tatatadam, tatatadammm, tatatadammmmm, tatatadammmmmmmmmmm

L’été arrive

Histoires ligériennes 3

 

Enfin.

Déjà.

Après avoir voyagé entre ici et là, touché l’eau salée autant que l’eau douce, l’eau cristaline autant que l’eau trouble me voici de retour à Nantes.

Pour la troisième année, une collection d’oeuvres d’art contemporain est installée entre Nantes et Saint-Nazaire : Estuaire 2012.

Dire que je n’y avais pas pensé serait faux. J’avais bien imaginé mon passage auprès des oeuvres pérennes installées sur les berges le long de l’estuaire et je me réjouissais de l’opportunité qui s’offrirait à mon regard : observer ces installations d’une manière différente…

Voilà que je découvre que Claude Lévêque a investi le grand dortoir de l’Abbaye de Fontevraud « invitant le visiteur à une rêverie entre lumières de Loire et vapeurs de ciel rouge, sur un fond sonore cristallin », aurais-je la curiosité d’aller voir ? Il faudrait que je puisse « me garer », il faudrait que l’envie soit grande. A l’heure qu’il est je ne sais rien de ce qui sera à vivre en septembre…

Mais à l’heure qu’il est, je sais que la place royale est déguisée… en Mont Gerbier des Joncs…

Et « ça », c’est une idée qui me fait sourire!

La gestation est une histoire féminine

Histoires ligériennes 2

 

Paris était hier sur mon chemin. Parce que j’ai besoin d’écouter ceux qui savent, je voyage à leur rencontre.

Il est à noter que pour l’instant je n’ai trouvé que des versions masculines du savoir. (Vous voyez d’ici mon clin d’oeil et la digression possible vers d’autres thèmes qui me tiennent à coeur.)

 

J’ai profité des soldes pour commencer le stockage du matériel qui me parait indispensable.
Résultat :
1) un gilet homologué, fabriqué en France pour 10 euros (prototype échantillon finalement jamais reproduit),
2) une paire de chaussures qui marcheront aussi bien sur l’eau, dans l’eau et sur terre, fabriquées en Chine, acquises avec un rabais de 30%
3) un tee-shirt blanc, histoire de modérer l’arc en ciel de mes acquisitions « techniques ». Fabriqué en Europe, vendu à 50% de sa valeur initiale

J’ai aussi complété ma bibliothèque afin d’ajuster mes connaissances et de pouvoir mémoriser tranquillement ce qui est nécessaire de l’être. C’est avec un réel plaisir que j’accueille toutes sortes de renseignements. Bien que je ne désire point m’y attacher, je les considère avec la plus grande attention.

Toute gestation correspond à deux facettes exclusivement féminine : l’imagination et la frénésie du stockage. Impossible de déterminer laquelle est à l’origine de l’autre, les deux s’alimentent et se répondent.

 

A quoi ça sert?

Histoires ligériennes 1

 

A quoi ça sert d’étaler des cartes sur la pelouse ?

A rien… Franchement, il existe des ordinateurs, des gps, et même des applications super mega géniales!

A quoi ça sert de mettre des cailloux sur le chemin?

A rien… Franchement, il y a un outils qui s’appelle « traceurs » sur l’application… T’as pas ça sur ton portable?

A quoi ça sert de grimper sur un escabeau bancal ?

A rien… Franchement, à ton âge, faire des accrobaties…

A quoi ça sert le vent?

Arghhhhhh… Je rigole pas là… D’abord, c’est pas « du vent » qui soulève ces cartes, c’est une douce brise d’hiver! Na!

A quoi ça sert d’écrire sur un blog ?

A rien… à rien…

A quoi ça sert…Pfiouuuuuuu…. Fatigant ce soliloque!

DSC04656

Yeahhhhhhh, j’ai réussi!

Bon… Tout ça ne sert à rien… et comme toujours, c’est bien pour cette « raison » que c’est aussi IMPORTANT!

A suivre!