Archives de catégorie : A Traits Communs

compilation d’un ancien blog

« Il faut » et c’est un plaisir!

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Deuxième jour de « Il faut ».

Le jardin est inondé de soleil et la météo annonce les jours suivants illuminés. J’ai vite effacé l’idée d’aller faire un long ride de SUP sur la côte sauvage, cette semaine est déclarée « Il faut » !

J’ai commencé hier, oubliant les horaires, les repas, la maison, le quotidien. La solitude me convient parfaitement. J’ai re-plongé sans la moindre hésitation et le plaisir demeure intact.

J’ai jonglé avec les mots qui venaient, des mots parfois surannés que la relecture me montre du doigt, pour lesquels je me sentirais presque coupable devant l’éditeur… Mais ils arrivent ainsi, aussi légers qu’une feuille morte dans le vent d’automne, et sans combat ils se posent simplement. Je me suis réellement questionnée afin de savoir si je devais me plier à la mode, afin de décider si l’usage du minima linguistique utilisé lors du JT était de mise dans un récit de JT.

Non, non… Il faut aussi savoir dire non.
J’ai donc laissé filé ce qui venait, tissant imperturbablement le texte avec ce qui arrive, dans l’instant. Depuis le début j’ai renoncé à suivre toute recette. Si ce texte doit plaire, tant mieux, s’il doit déplaire, tant pis. Sans autre objectif que le plaisir d’écrire, j’écris. Toute prétention éliminée après ce trop long temps écoulé, il ne reste qu’un objectif plausible : cultiver la jubilation à travers chaque exercice !

Un jour, décidant que tout est dit, ou plutôt que je n’ai plus rien à dire sans risquer la répétition, je l’enverrai ce texte vers celles qui relisent, puis vers celles qui décideront de son éventuelle publication. Et cette ultime phase étant une question de commerce, donc de consommation, donc de goût public, cette ultime phase ne m’appartient pas.

La mode est un recommencement, un mouvement, un reflet de la formidable capacité de vie qui nous pousse vers plus loin.

Le jardin est inondé de soleil…

Fragile

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De retour…

J’étais sur une île, mesurant une fois de plus la fragilité de cette condition ilienne.

Il faut du temps pour que s’apaise le brouhaha.
Il faut du temps aussi, pour organiser ce qui vient, et ce que j’ignore encore…

En ce moment, je jette sur la toile, à droite, à gauche, ici, là et partout, ce qui est en surface, ce qui abonde. Puis, il faudra que je me retire afin de trouver ce qui dort encore, afin d’achever la rencontre entre Annette et Lorie. Aurais-je assez de temps avant de décoller à nouveau ?

Je ne sais pas et je ne veux pas savoir.

Tout vient à point.

Et… est-ce un hasard, si j’ouvre à nouveau ce livre* trouvant plus de mille échos étincelants en laissant ce sable couler entre mes doigts ?

 

* « ce livre » croisé un jour, acheté illico (200 FF de l’époque) et jamais abandonné : Déserts de Jean-Yves Leloup publié en 1993 aux Editions Le Fennec, desormais introuvable.

Un chemin, c’est une succession de surprises!

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Un chemin, c’est une succession de surprises.
Coexistent les autoroutes à péage, où l’ennui ronronne facilement tandis que la vitesse est assurée et que l’objectif s’affiche sur de grandes pancartes, et les autres routes plus ou moins carrossables.

Et en ce moment je parcours un sentier, âpre et ombragé, tortueux et facile, évident et imprévu. Il se dessine au fur et à mesure que je peux regarder en arrière ce qui a déjà été tracé.

Annette et Lorie rodent.

Tandis que le temps se dilate après avoir été concentré dans l’attente, les courriels se succèdent, étonnants, émotionnants.

Au loin, d’autres passages s’invitent.

Conférences.

J’aime ces improvisations oratoires, jamais les mêmes. Toujours préparées avec attention, elle virent vers autre chose, comme irrésistiblement poussées vers l’ouverture du moment. Pourrais-je dire que j’attends ces appels comme j’attendais les sollicitations au début de mon exercice médical. J’avance d’attente en espoir, de rêves en actes, de jeux en réalisations. J’avance lentement.

Tous les sens en alerte, j’ai besoin de tout capter. Je reste gourmande!

 

Désespérances en vrac

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Autant dire que l’écriture est impossible en ce moment.

Et puis, j’attends.
A nouveau.
Et c’est une attente joyeuse qui s’agrandit chaque jour et me dit qu’il sera peut-être l’heure bientôt et qu’il est inutile de rester devant l’ordinateur pour le moment.

Impossible donc de devenir Lorie ou Annette, le temps coule trop vite.

Une attente, un voyage, un autre voyage : la vie bouge alors que j’aurais besoin d’un peu de calme. Ces jours-ci, je parle même de désespérance. J’en vois qui sourient…
J’envisage de m’isoler pour l’ultime traversée.

Et puis, il y a ces histoires d’images…
Et, tandis que je me souviens de celles qu’ils trouvent bonnes, de ce moment précis où la caméra devait s’arrêter et où j’ai entendu « non, non, il faut continuer », je ne peux m’empêcher de penser que le meilleur est à venir, même si nous l’ignorons encore…

La suite viendra et nous serons les acteurs, mais personne ne peut dire ce qu’elle sera!
En ce moment, je me contente de couper du bois au jardin, de relire les autres, de bouquiner un peu et d’attendre que plus loin m’appelle.
C’est déjà un super programme, non ?

Et ce billet est laborieux, complètement à la marge de celui que je voulais poser! Pfffffff

Désespérance, vous dis-je!

 

 

Puzzle

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Au commencement de l’aventure de cet ouvrage, je m’étais sérieusement posé la question de la recette. En effet, étant absolument ignare en matière de rédaction académique, je pouvais subodorer que la lecture d’un bon mode d’emploi aurait des vertus salutaires.

Mon immense flemme s’est alliée avec un soupçon de confiance innée et j’ai plongé sans filets.

De long mois plus tard, j’entrevois le but.

Pour la seconde fois, j’ai suivi le « principe du puzzle » qui semble me convenir:
1) Ouvrir la boite et trembler en constatant qu’il y a bien 100 milles pièces différentes. Coller solidement sur le couvercle un engagement à réaliser l’assemblage.

2) Commencer à trier les couleurs. Les questions affluent, elles sont du genre : ce marron est-il vraiment à mettre dans le tas des marrons, je vois un coin de bleu qui pourrait m’indiquer qu’il est à mettre dans le tas des bleus!

3) Constater avec un grand plaisir que le tri s’achève. MAIS, considérer les pièces qui sont dans le tas « jocker » et recommencer un tri.

4) Commencer l’assemblage par couleur. Passer d’une couleur à l’autre sans hésiter afin d’éviter la lassitude. Observer que certaines couleurs me paraissent plus agréables.

5) Arriver avec joie à un assemblage des couleurs qui permet de joindre les morceaux entre eux.

6) Se lancer dans le « remplissage », voir les tas diminuer et sentir l’accélération finale.

 

J’en suis là. Tandis que les pages se noircissent, je peux faire de grandes croix sur les tas utilisés, vidés de leur substance par transvasement de l’encre au clavier.

A suivre…

 

 

Différents Souvenirs

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Au début de la construction du récit, je ne savais pas quelle était la « bonne » part à réserver aux témoignages et aux photos sur lesquelles Catherine (« ma » photographe) avait si bien su capter les instants de vraie vie.

A ce stade du travail, je vois beaucoup clairement comment les insérer de manière juste, dans la logique du le fil de l’histoire, en son coeur même.

Et, comme tout devient facile dans la réalité de l’évidence, un titre de chapitre se dessine :  Différents Souvenirs

« Pour sa troisième fille et sa première expédition à La Maternité de « la ville », c’est en plein milieu du ramassage des pommes de terre que M-L fut saisie par les contractions. Elle avait demandé un taxi qui l’avait trimballée sur les douze kilomètres de mauvaise route qui reliaient un port à l’autre. Annette l’avait accueillie en « la blaguant », et l’avait examiné une seule fois, déclarant qu’elle était ouverte comme « une pièce de cinq sous » (…) »

 

Domicile Sacerdotal

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Un petit goût de redémarrage ces derniers jours…

Plein plein d’idées qui débarquent et qu’il faut trier, organiser, poser en vrac, choisir ou rejeter!

Sous mes yeux, la photographie d’un bâtiment : La Maternité de l’île

Après l’Hôtel-Dieu, datant de Fouquet, et ses vieux murs entre lesquels Annette commença son exercice :

 » (…)la grande salle, respectant si peu l’intimité n’était accueillante que pour les germes les plus divers et rares étaient les femmes qui avaient l’idée d’aller y accoucher. Les religieuses régnaient sur les lieux, cultivant la règle et le sacrifice sous l’autorité drastique d’un ordre incontournable. »

et avant l’hôpital local qui précéda le CHR du continent, il y eu ce bâtiment de La Maternité… Celui-là même dont certain(e)s rêvent aujourd’hui. Dans un paysage qui n’est pas celui d’hier ; il serait maintenant question de « Maison de Naissance ».

Dessins Sybillins

Déesse 13

 

 

Et voilà 2011.
Nous n’écrivons plus la date avec les mêmes chiffres depuis un peu moins de deux semaines. Sur le calendrier, les jours de janvier ont refait leur apparition. Dans le jardin, les hellébores montrent leurs corolles blanches. Depuis hier, les magasins vendent au juste prix ce qu’ils n’ont pas vendu « trop cher » les mois passés. La vie suit son cours, il est fait de répétitions toutes neuves…

Dans certains pays, les femmes tracent des signes, en tissent les tapis, en rougissent leur mains et transportent ainsi une magie proprement féminine qu’il est vain de décrypter, mais qui est là, belle et bien. Leur présence peut attiser l’imagination et permet toutes sortes d’interprétations.
Les jugements peuvent fuser et différer, ce n’est qu’une question d’époque, de météo et de personne…

Toutes aussi sybillines sont les photos que j’ai enfin découvertes. Je les attendais depuis un moment. Nul doute qu’elles vont raviver l’inspiration que les trop courtes journées d’hiver ont racorni. Je me demande quelle sera l’heure de la naissance de ce prochain livre. Ce sera probablement après les courtes nuits de juin.

Pourquoi?

Parce que les nuits de juin…

« La rumeur îlienne aimait s’emparer de ses absences afin de les broder d’imaginations débordantes. »

 

 

Fin d’année

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De la lumière plein les yeux.

Depuis quelque temps, je savais que décembre ne sonnerait rien de plus que la fin de l’année.

La suite viendra et l’heure sera la bonne…

 

Dangers Salutaires

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Deux jours, deux chapitres.

Deux jours lumineux, deux chapitres sombres.

Hier, le tambourinement incessant de la pluie sur le toit avait pris fin. Il faisait très doux. Le calme du jardin était presque étonnant. La journée fut ainsi rythmée : écriture, pâte à pain, lessive, écriture, couture, pain, couture, écriture, couture, sauna et jacuzzi sous les étoiles pour finir… J’ai pris un immense plaisir à créer et coudre un magnifique poncho dans un drap de laine de qualité exceptionnelle. Tandis que je caressais la blancheur du tissu, je construisais la noirceur de mon roman et tandis que mes doigts effeuillaient le texte, je réfléchissais aux détails blancs du poncho. La journée a filé très vite dans ce doux balancement entre noir et blanc. En sortant du sauna, en début de soirée, j’ai levé les yeux vers le ciel. Il était parfaitement dégagé et la blancheur des astres n’en était que plus puissante.

Ce matin, les couleurs étaient au rendez-vous. Sur la rivière au courant inhabituel, mon embarcation glissait silencieusement.
Y. était dans le salon à mon retour, il avait rapporté une part de gâteau au chocolat de sa fabrication. Savoureuse surprise. C’est au détour de notre conversation que me sont revenus des bribes d’un récit que S. m’avait confié. J’ai rapidement griffonné deux mots sur un papier qui traînait.

Un excellent café accompagna la gourmandise chocolaté et je me suis plantée devant la blancheur du laptop.

Les mots étaient là.

 

« La mort arrivait souvent par hemorragie, sans prévenir. La mort était rouge sang. Parfois, on tentait de la repousser. Un brave homme arrivait, offrait son bras et ses veines et on organisait une transfusion sans autre protocole qu’un essai de compatibilité immédiat. Une goutte de chaque sang était posée sur la plaque, il suffisait de les mélanger. Si aucune trace de coagulation n’était visible, c’est que le donneur était valable. Le sang passait d’un corps à l’autre. La vie tenait à un tuyau de caoutchouc. Parfois, elle était plus forte que la mort. »