
Ce jour là, je n’ai pas réussi à tenir mon équilibre!
En équitation, la notion d’équilibre est constamment abordée.
Que ce soit par les accro d’une vision mécaniste, par les puristes de l’analyse sur image (et sur canapé), par les spécialistes du développement personnel (cheval mon miroir) ou par nous tous qui avons toujours entendu parler de cette histoire d’équilibre sans vraiment la disséquer.
Jusqu’au déferlement des experts de salon sur les réseaux sociaux qui vivent de la publicité, je n’avais pas vraiment réfléchis à la question.
A partir du moment où j’ai réussi à bien tenir à cheval, à partir du moment où je fus moi-même « en équilibre » liant avec ma monture sans jamais avoir besoin de m’accrocher aux rênes, j’ai considéré que mon cheval était en équilibre lorsqu’il ne tombait pas en avant. De mon point de vue, quelle que soit la nature du terrain, quelle que soit la position de son encolure, mon cheval est en équilibre lorsqu’il maintient son allure sans jamais butter ou trébucher.
Il semble qu’aujourd’hui plus que jamais il existe plein de « théories » sur le sujet et je suis assez triste en pensant à toutes les personnes qui souhaitent « bien faire » et qui se noient au beau milieu de toutes ces théories parfois paradoxales tant elles sont élaborées avec des sauces étranges et lointaines.
Bref.
Ce jour là, j’ai pas réussi à tenir un équilibre très imparfait plus de quelques secondes.
Pourtant chaque jour, je termine mes assouplissements quotidiens avec lui, pour le fun, par plaisir.
Toujours pieds nus, dans la neige, dans le désert ou sur le parquet ciré,
Toujours seule.
Sans chercher le moindre record, je reste ainsi entre 2mn et 2mn30 de chaque côté, après j’ai ma journée à vivre et pas plus de temps à y consacrer!
C’est parfois sur un rocher pas très lisse, parfois sur du gravillon, parfois dans le vent ou devant les vagues qui éclaboussent et dont les embruns viennent m’humidifier et je reste en équilibre… tant que je suis seule.
J’avais déjà noté la nécessité de pouvoir disposer d’un point fixe : un point sur lequel je fixe mon regard disposant ainsi de trois points de contact : un pied par terre, le bout des doigts vers le ciel et un fil invisible me reliant du regard à ce point fixe.
L’autre jour (celui du montage qui illustre ce propos) mon homme était assez proche (souvent il fait des images en étant vraiment au loin) et j’ai pas réussi.
J’ai donc pris note et analysé.
La vie est espiègle.
Hier matin, dans la calme de mon appart sans vent, sans vagues, sur la parquet sans la moindre aspérité, l’équilibre est demeuré « tendu », inconfortable, d’une stabilité relative précaire.
Pourquoi?
Parce que j’avais laissé la radio parler.
Et ce son là était suffisant pour « faire un vent » plus violent et déstabilisant que le véritable vent!
Wahoooooo.
Alors, comment imaginer qu’un cheval puisse être absolument imperturbablement comme nous le souhaitons quand j’en suis moi-même non-capable?
Certes, ils sont capables d’acrobaties remarquables lorsqu’ils sont en liberté.
Certes après des années d’étude, ils deviennent capables de « danser », de sauter, de nous trimballer avec grâce.
Mais ce sont des animaux sensibles, que dis-je? Hypersensibles ils sont.
Et comme nous, parce qu’ils sont parcourus par les mêmes dégoulinades hormonales (même si les « réponses » physiologiques sont adaptées à leurs particularité de quadrupède nidifuge), ils ont des « saisons », des passages de vie plus ou moins « en équilibre » dans leur tête, des frayeurs bien ancrées, des tensions à propos et parfois chroniques.
L’équitation est une affaire de couple.
Dans le couple, la bienveillance est de mise pour chacun des protagonistes.
Le cheval nous écoute autant qu’il peut et il n’a pas vraiment la possibilité de s’opposer et il est en quelque sorte « programmé » pour aller de l’avant sans se plaindre. Autrefois, dans sa vie sauvage, en l’absence de nid protecteur, se plaindre, s’arrêter ou même simplement trainer la patte le mettait en état de grand danger avec la peine de mort au bout.
Nous humains, nous sommes capables de « trouver refuge » dans un « nid », auprès des « autres » et d’être soigné avec hospitalité depuis très, très, très longtemps. Mais nous avons un travers que les chevaux n’ont pas, nous comparons sans cesse.
Et cette obsession pour les comparaison nous fait souvent davantage perdre la raison que cultiver la bienveillance.
Finalement, il s’agit bien qu’une question d’équilibre!
