Le p’tit pur-sang, tout comme ses potes n’est pas du tout à cheval sur les apparences.
Peu lui importe mes cheveux blancs souvent décoiffés, mon pantalon pas toujours propre ; peu lui importe que je porte des bottes ou des chaps, un blouson ou un tee-shirt.
Un fait est certain, il me reconnait.
Il reconnait même ma voiture!
Moi aussi je le reconnais.
Dans son box ou dans son paddock,
Peu m’importe qu’il soit impeccablement tondu ou moins, que sa crinière soit boueuse ou non, que sa couverture porte les trace de ses nombreuses roulades, peu m’importe.
Pourtant, pratiquer l’équitation c’est aussi se fier aux apparences.
Une fois associé à un cavalier, une fois sorti de son « confort » de cheval « bien hébergé », chaque monture doit donner à montrer, à démontrer.
En un coup d’oeil, il est possible de différencier un cavalier « classique » d’un cavalier « western » par exemple et il est même possible de distinguer au milieu des cavaliers « classiques » ceux qui sont des adeptes du dressage de ceux qui sont adeptes de saut d’obstacle.
C’est que les apparences ne comptent pas pour du beurre, côté cavalier, « on » est même plutôt à cheval dessus.
C’est toute une histoire.
En la remontant, il faut bien noter que l’équitation est tout à fait autre chose qu’un sport pour les humains, n’en déplaise à ceux qui affirment le contraire. Monter à cheval occasionne bien évidemment un certain exercice physique, au même titre que jardiner, aller chercher son pain à pied ou aller bosser à bicyclette, mais rien d’extraordinaire tant c’est l’activité physique du cheval qui prime sur celle de son cavalier. C’est ce que donne à voir le cheval qui est épié, bien plus que la tête du cavalier et ceci quelles que soient les circonstances et les disciplines envisagées.
En aparté, notez bien que si le mot « athlète » s’applique désormais aussi bien à ceux qui ne jouent que par la grâce de leurs cerveaux qu’à ceux qui utilisent une force musculaire bien entraînée, l’académie a remplacé l’injonction « faites du « sport » par « pratiquez une activité physique ».
Mais je reviens à toute cette histoire d’apparence qui façonne le monde des cavaliers, comme elle façonne la société toute entière et ceci alors même que les chevaux s’en moquent totalement.
Le cheval fut avant tout domestiqué afin de faciliter le quotidien des humains.
Prendre soin d’un outil fut et reste essentiel.
Pendant les centaines d’années où le cheval fut engagé pour gagner des batailles, il était fondamental de le bichonner à minima. Au moins pour éviter les blessures dues à la selle ou à la sangle, il fallait que ces zones soient propres. Idem pour les chevaux « tracteurs » harnachés parfois toute la journée quelles que soient les conditions météorologiques.
Et puis, il y avait aussi les chevaux de parades, ceux qui racontaient la richesse, le pouvoir. Eux devaient être à la hauteur, éclatants, étincelants.
Et aujourd’hui ?
Chacun voit ce qui est important à ses yeux d’humain pensant, animal social s’il en est.
Pour ma part, consciente de l’indifférence de Prodi à son apparence, je tiens (beaucoup par éducation certainement) à ce qu’il soit présentable lorsque je le monte, donc propre, sans paille dans la queue, sans boue sur les jambes, la crinière bien brossée et le toupet gracieux.
Présentable à qui ? Souvent à personne car j’aime par dessus tout fréquenter la solitude.
C’est une grande liberté qui m’est offerte que de n’avoir plus aucun autre but, en temps que cavalière, que celui de cultiver une relation paisiblement honnête avec ce noble animal.
Ce qui me fait plaisir, c’est d’entendre dire que mon cheval s’est musclé, qu’il est joueur (dans son paddock) et qu’il est plutôt zen sous mon popotin.
Nous avançons ensemble, lui vers l’âge adulte, moi vers une vieillesse de plus en plus décrépie. La couleur du tapis de selle est vraiment sans importance!
Clairement, pour ma part, mieux vaut se moquer des apparences, c’est en quelque sorte mon « côté cheval » 😀
Mon cheval et les apparences
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