Sans nul doute, regarder « à travers les yeux des chevaux » est une invitation à découvrir un peu plus loin l’humain que nous sommes.
Tandis que notre tendance naturelle à l’anthropomorphisme nous pousse à imaginer qu’un cheval serait capable de « penser comme nous », à l’inverse, j’aime essayer d’imaginer ce qui se passe dans la tête d’un animal dépourvu d’intentions, dans la tête d’un animal qui a seulement des besoins, qui les exprime sans frein, un animal qui n’a aucun objectif, qui ne prépare ni les cadeaux de Noël, ni la prochaine compétition de son cavalier ; un cheval qui raconte efficacement, sans mentir et avec tout son corps, son bien-être comme son mal-être.
L’action de communiquer, la communication est un sujet qui me passionne.
Un billet avait déjà abordé cette histoire de « communiquer » avec un cheval.
Etant redevenue propriétaire d’un cheval, avec toutes les responsabilités qui m’incombent de ce fait, j’expérimente à nouveau quotidiennement, donc plus passionnément encore, ce qui contribue à la réalité d’une communication entre individus fondamentalement différents.
Chez nous, les humains, il faut bien avouer que communiquer est intrinsèquement corrélé aux intentions.
Des intentions qui souvent relèvent du moyen ou long terme, par exemple :
– Je communique avec mon cheval parce que j’aimerai qu’il devienne mon « ami »
– Je communique avec mon cheval parce que j’ai envie de « faire des résultats » en sa compagnie
– Je communique avec mon cheval parce que je désire lui faire « plaisir »
Que pourrait donc être l’amitié, le plaisir ou la satisfaction pour un cheval?
Une sensation procurée par une dégoulinade hormonale?
Les mêmes molécules messagères produisent-elles les mêmes effets chez l’humain et le cheval?
Rien n’est moins certain.
C’est déjà tellement variable d’un humain à l’autre.
Capables de marcher et de chercher où se nourrir dès leur naissance, le besoin de sécurité des équidés est différent de celui des jeunes animaux nidicoles (dont nous sommes), pour eux, nul besoin de la chaleur maternelle pour s’endormir, nul besoin de câlins ni de toilettes bien léchées, ce qui est important, c’est leur capacité de fuite!
Les chevaux, animaux domestiqués depuis plusieurs millénaires, sont actuellement hébergés par les humains en quête de loisir (dans nos contrées, les chevaux sont moins qu’autrefois des outils de travail), ils se sont fort bien adaptés à nos exigences, ils n’en demeure pas moins qu’ils ne nous ne font pas la conversation pour raconter un spectacle ou une compétition passée.
De même, s’ils savent manifester leur goût pour la nourriture, c’est qu’ils ont irrésistiblement besoin de manger mais aucun cheval n’offrirait aucune carotte à un congénère, n’est-ce pas?
Et aucune de nos intentions les plus « aimables » n’amènent pour eux aucune reconnaissance telle que nous l’espérons si souvent.
Pourtant, afin de communiquer avec nos chevaux, nous mettons en place un certain nombres de codes de même que de nombreux « codes de communications » sont élaborés au sein des différentes sociétés humaines.
C’est le propre de toute vie en communauté où il est essentiel de savoir communiquer.
Nous avons, en commun avec les chevaux, ce même besoin de communiquer, il en va de notre survie comme de la leur.
Eux sont extrêmement compréhensifs, en ce sens qu’il « prennent avec eux » tous les signaux qu’ils savent capter : l’odeur de nos émotions, les expressions faciales et corporelles de notre bien ou mal-être, l’intonation de notre voix, notre empressement, notre colère latente, etc.
Et nous, très souvent, nous nous contentons de « faire passer » nos intentions à travers nos « aides », fussent-elles non réalistes, fussent-elle des « mensonges » que nous nous faisons à nous même.
« Je vais lui montrer qui c’est le plus fort » !
What?
Je fais 60kg et lui en fait 500… Y’a pas photo, non ?
Arfffff…
Comment on se la raconte parfois.
Si mon cheval est incapable d’avoir et d’exprimer aucune reconnaissance, si son mode de communication reste celui qui lui est propre, très différent du mien, je suis cependant infiniment reconnaissante à la vie de m’avoir fait rencontrer les chevaux.
Leur grande taille et toutes leurs différences m’obligent à pointer ma vulnérabilité, ma faiblesse, mon impuissance réelle.
Dans la vie de tous les jours…
Communication et intention
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