
Lundi 14 octobre 2024
Après avoir questionné le verbe « aimer », voilà que s’impose un questionnement au sujet de l’objectif, du but, de l’intention, du dessein.
Monter à cheval, pratiquer l’équitation sur l’air de « j’aime ça » devrait imposer une réflexion un tantinet plus approfondie.
Ce matin, j’ai successivement regardé d’un air distrait le compte rendu du dimanche d’un jeune cavalier et écouté avec reconnaissance les mots d’un cavalier professionnel :
« If you want to shine in front of every body, you have to work in front of nobody«
Ces mots, posés sur fond d’une vidéo où le cheval, monté sans aucune pression, passe en toute décontraction une ligne de mécanisation à l’obstacle, venaient en écho de ce que je radotais la veille et de tout ce qui m’était passé par la tête l’avant-veille en proposant un nouvel exercice de gymnastique à Prodi, nouveau pour lui je précise!
En effet, samedi, tout en notant que j’étais devenue propriétaire du p’tit cheval exactement six mois auparavant, j’avais préparé une séance destinée à le faire progresser en douceur.
Chaque jour je prépare une séance.
En fonction de l’air du temps, elle se réalise ou nécessite des adaptations, voir son abandon. Ainsi va le chemin de l’éducation d’un jeune cheval, à l’impossible personne n’est tenu.
Samedi, l’air était transparent et lumineux, la Loire était lisse comme un miroir et une aimable personne avait accepté de m’assister pour ajuster la hauteur des barres en cours d’exercice.
Tout s’est passé facilement, en douceur, à un point tel que j’ai eu besoin de prévenir quelques personnes que j’allais une fois de plus changer d’avis, que dans un avenir pas si lointain j’allais probablement faire sauter de véritables hauteurs à Prodi… un truc que je me refusais jusqu’alors, sur l’air de « je suis trop vieille pour prendre ce risque ».
Remarquablement, en écho et sur le ton de la plaisanterie, j’ai vu passer le mot « concours » comme si « hauteur » et « concours » allaient de paire. Et là est venu ce questionnement sur l’objectif.
La compétition a fait partie de ma vie.
Compétition sportive.
Compétition pour être vraiment un homme comme les autres.
Compétition pour exister, simplement.
Désormais, la compétition est rangée dans le tiroir des souvenirs, j’ai arrêté de ramer, je laisse glisser.
Je rêve encore et toujours, oui, je rêve encore,
Et aucun concours, aucune compétition n’est plus capable de me faire rêver.
C’est que j’ai cessé de courir après des rêves fous.
Peut-être parce que la vie m’en a offert beaucoup à vivre ?
Réaliser une séance d’exercices en compagnie de Prodi est un cadeau et une énième cerise sur la gâteau.
J’ai beau creuser les questions, je ne vois aucun objectif très précis en matière d’équitation sinon passer du temps à côté des chevaux et des gens qui y sont bien.
Clairement, aujourd’hui je récolte les fruits d’un labeur au long cours, celui tout simple qu’offre la vie à qui se remonte les manches.
J’en ai terminé avec les levers avant l’aube, avec les batailles contre le temps, les confrontations entre humains qui sont toujours déplaisantes à mes yeux.
Tout « ça » fut certainement nécessaire.
Il fallait que j’expérimente.
Tout.
A fond.
Avec passion et gourmandise à la fois.
Désormais je suis en roue libre.
Et c’est vraiment délicieux.