Pour commencer il faut situer l’histoire, c’est à dire la mettre dans le contexte d’une époque.
Comme je l’ai affiché ici, je suis une enfant du baby-boom, de cet après-guerre où la croissance de la population française s’envola. Dans le même temps, les campagnes se vidaient, les tracteurs remplaçaient les chevaux, les machines épargnaient les bras des hommes.
Rien n’était comme aujourd’hui.
Par exemple lorsque ma mère décida de m’emmener à l’école, j’avais déjà 4 ans. Elle tenait fermement ma main en traversant le long couloir qui menait chez « les bébés » mais au moment de m’abandonner au milieu des jouets, la maitresse s’allia avec les dames de services pour déclarer que j’étais trop grande (j’avais une taille élancée en hauteur) et ma mère fit demi-tour pour m’emmener chez les moyens, là où les enfants étaient sagement assis autour des bureaux, chez Mademoiselle Martin.
(C’est fou comme ces souvenirs sont forts… mais rien à voir avec les chevaux, hein!)
Tout ça pour dire que j’ai sagement appris l’alphabet, l’écriture et la lecture sous la houlette d’une Mademoiselle Martin très gentille et attentive (c’est ce que ma mère pas peu fière n’arrêtait pas de répéter), que j’ai un peu grillé les étapes (décidément à l’époque, peu importait la date de naissance, nous avancions sans réunions ni concertations ni dérogations ni félicitations ou je ne sais quoi, nous avancions simplement). A dix ans à peine, je rentrais au lycée… Oui, à l’époque le collège balbutiait encore et la sixième était au lycée. Et le lycée était un lycée de filles et surtout c’était « le meilleur de la ville de Lyon ». J’ignore pourquoi et comment j’ai été propulsée chez les « bourgeois » dans ces années où couvait la révolution de 1968.
« Les bourgeois » et le gratin des riches lyonnais… sans eux je n’aurais jamais mis les pieds au manège, je serais restée dans l’ignorance de son existence.
Nous bénéficiions de quatre heures de sport par semaine au lycée et j’étais fan, aussi fan que de chacun des cours proposés, à l’exception de la couture et de l’anglais, pour des raisons bien différentes… disons que j’avais déjà un tempérament bien affirmé.
Je découvrais des mondes que ni ma mère ni mon père n’avaient connus, je devais inventer, m’inventer. Et pour ce faire, j’écoutais, j’observais.
Je tentais de tenir en équilibre.
Solitaire et déterminée.
J’ignorais alors que la Vie est définitivement un exercice d’équilibre.
J’étais irrésistiblement attirée par les conversations tellement clinquantes des filles qui m’entouraient… et m’ignoraient aussi… Plusieurs d’entre elles montaient à cheval.
Monter à cheval.
Une graine était semée.
A l’insu de mon plein gré.
J’en prends conscience aujourd’hui en l’écrivant.
A suivre
Et le cheval vint à moi – 1
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