C’est Louis-Claude Richard qui a établi le genre spiranthes en 1818
Les Spiranthes cernua sont originaires du continent américain. Il est possible d’en voir en grand nombre dans la moitié est et au centre des États-Unis (sauf en Floride) et au nord du Maine. Sa distribution remonte jusqu’au sud du Québec et de l’Ontario.
Elle se développe en terrain humide et sablonneux, rarement dans des lieux ombrés mais préfère des milieux ouverts.
Voilà donc une petite orchidée qui vit sa vie très loin de Nantes. Ce fut donc une grande surprise de la voir illuminer la petite tourbière créée au Jardin des plantes afin de présenter une belle collection de plantes carnivores.
(A noter : La cartographie des orchidées sauvages locales ne prend en compte que celles qui vivent en liberté de même que je ne visite ni les jardins ni les expositions à leur recherche. Pour une fois, je fais une exception car l’histoire qui suit me plait.)
Donc…
Surprise et étonnée à la fois de voir ces spiranthes, je suis allée me renseigner auprès du botaniste en charge de l’espace.
Ce fut avec un réel plaisir que je l’ai écouter raconter l’histoire de l’acclimatation nantaise de cette plante.
En 2016 un pied unique fut acquis et soigneusement transplanté. Il se fana et perdit toute vigueur. Son « soigneur » essaya de le transporter dans une serre afin d’essayer de le sauver mais il végéta. L’espoir de voir les spiranthes cernua au milieu des plantes carnivores s’envolait.
Pourtant, en 2020 des hampes sortirent la tête et commencèrent leur floraison.
C’est que le « pied-mère » avait lancé des graines avant de s’effacer, que les graines avaient trouvé les « aides » nécessaires dans le substrat de la tourbière et qu’à l’abri des yeux, elles avaient constitué les réserves suffisantes pour croître jusqu’au jour où elles furent assez fortes pour le montrer.
La plante s’est organisée exactement comme en liberté dans la nature, n’en « faisant qu’à sa tête » sans se plier à la proposition précise du jardinier.
L’homme se révéla passionné et passionnant, nous avons parlé des autres orchidées sauvages locales, sous beaucoup d’angles.
En particulier nous avons évoqué le « coin » dédié dans l’exposition des nombreuses espèces botaniques, une rangée qui reste vide car il s’avère impossible de poser une variété botanique dans un petit carré imposé. L’exception qui confirme la règle est celle des Epipactis palustris, qui eux se sèment spontanément un peu dans tous les endroits du jardin qui leur plaisent, comme si le carré très étroit n’était qu’un bon prétexte pour eux aussi « n’en faire qu’à leur tête »!
Dois-je dire à nouveau que c’est ce côté « pas sage » qui me fascine et me pousse à chercher et observer ces plantes là?
Je suis sur des groupes fb orchidophiles de France.
Et j’ai vu plusieurs fois cette orchidée en photo, sauvage, en blanc et en rose si mes souvenirs sont bons. Les orchidées qui spiralent comme elle ne sont pas légion ! Par contre impossible de me souvenir dans quel coin de France.
Oui ce sont des fleurs qui n’en font qu’à leur tête 😀 ! Savais tu que dans la nature, ces coquines passent leur temps à s’hybrider entre espèces proches (ophrys par ex), provoquant des débats passionnés d’identification (notamment sur certains groupes fb) ? J’avoue, je m’en amuse !
Coucou,
Oui, je connais l’histoire des hybridations et moi aussi je m’amuse quand j’entends des gens débattre, voire se débattre pour faire reconnaitre « un variant » qui pourrait prendre leur nom! Je suis tellement loin de ces histoires.
L’hybridation est un sujet complexe, (comme tous les sujet qui concernent la vraie vie, d’ailleurs) car il y a les hybrides stériles visibles quelques années en un seul lieu et ceux qui évoluent vers « une nouveauté » dont les botanistes peuvent s’emparer au long cours, d’autant plus qu’elles s’envolent au loin, c’est fascinant.
En France, il y a deux spiranthes indigènes, les deux sont en photo sur ce blog, accessibles en cliquant ici : http://www.passagedevies.com/c/orchidees-sauvages/ (spiranthes d’automne)
ou là : http://www.passagedevies.com/c/orchidees-de-france-et-de-plus-loin/ (spiranthes d’été, absente en Loire Atlantique).
Difficile pour moi de « faire partie d’un groupe » bien que je me prête volontiers au jeu de la recherche en vue de cartographier la présence régionale des différentes espèces. Entrer des données, c’est facile et sans discussion!
Parfois j’hésite, c’est clair. Les « dactylorhiza » sont vraiment prise de tête, tu pourras lire mes tergiversations dans certaines « fiches » 😉
Je ne suis sur ces groupes que pour la beauté des photos qu’ils partagent.
Et ça m’a permit de mettre des noms sur les belles que je croisais.
Je lis parfois des échanges houleux avec un intérêt amusé ; c’est tellement dérisoire au fond !
Ah ah génial… Il ne faut donc jamais désespérer
Il devait être très content le jardinier de partager avec toi son histoire ou plutôt l’histoire de ces orchidées américaines.
Je l’ignore.
Ce qui est certain c’est qu’il fut très aimable et disponible et qu’il est visiblement passionné et érudit. Pour moi, ce fut une belle rencontre.