Gymnadenia nigritella

Décrite par le botaniste Heinrich Gustav Reichenbach en 1856 et précisément illustrée dans les ouvrages du 19ème.

La Nigritelle noire ou Orchis vanille (en raison de son doux parfum) apprécie les pelouses calcaires d’altitude. Suivant l’altitude, elle fleurit de fin mai à août, dans les Alpes et dans les Pyrénées.
Entrée dans le groupe « gymnadenia » par la grâce de l’évolution des analyses génétiques, il est super difficile de déterminer avec précision, sur le terrain, une variété par rapport à une autre. Si, sur les images, il semble facile de distinguer un port de tête ou un autre, un feuillage plus ou moins dense et tout autre aspect particulier, sans loupe très grossissante et sans analyse biologique, je ne m’aventurerais pas à nommer la/les variétés que j’ai rencontrées dans le massif Pyrénéen.
Car, entre la Nigritelle décrite par Linné en 1753 sous le nom Satyrium nigrum, celle que Reichenbach fils plaça en 1856 dans le groupe des Gymnadenia et les G. gabasiana ou G.austriaca, mon statut d’amatrice se refuse à toute distinction.


Voilà une occasion supplémentaire pour constater la complexité de la nomenclature botanique et sa variabilité. Ainsi autant de sites, autant de passionnés et autant de présentations possibles (exemple ici chez l’ami Joan).
En conclusion, j’ai envie d’affirmer que le plus important réside probablement dans notre capacité à cultiver l’émerveillement.

Et alors, comment ai-je fais connaissance avec cette espèce là?
C’est tout un poème.
La saison des orchidées sauvages de ma région étant presque terminée, se résumant en début d’été, à l’éclosion des gracieux Epipactis helleborines, j’étais partie en montagne afin de randonner au milieu des rochers, à la recherche de verticalité minérale, abandonnant la « manie » printanière qui consiste à courir après les fleurs rares.

Dès le premier jour je suis partie sans autre projet que « monter », grimpant allègrement face à une piste noire. J’étais cependant attentive, je regardais où je posais les pieds, histoire de voir ce qui vit, l’été venu, sur le sol où la neige est attaquée par les skieurs pressés.
Mon regard fut soudain attiré par un groupe de fleurs violettes qui me faisaient signe, frôlant un rocher sortant de terre, sur l’air irrésistible de « Nous sommes des gymnadeniae, nous sommes des gymnadeniae! ».
Je m’approchais.
Posant là mes bâtons de marche, je m’agenouillais afin d’être à leur hauteur, de savourer leur délicieux parfum et sans manquer d’en fixer un souvenir dans mon APN.
C’était bien des « conopseae » comme disent les spécialistes.
Puisque j’étais là pour grimper, je les abandonnais très vite, non sans remarquer des « trèfles incarnats » au milieu. Mes faibles connaissances botaniques me disaient que normalement ce trèfle avec précisément ce type d’aspect est une plante fourragère souvent semée en temps qu’engrais vert! C’était quand même très surprenant de le trouver dans ce coin. En fait, j’avais la tête à 800km des orchidées sauvages!

Allez…
J’étais là pour grimper!
Rencontrer ces sauvageonnes était une cerise sur le gâteau, un beau rocher blanc, un pic, un sommet était là-haut, c’est lui qui guidait mes pas.
Je poursuivais mon ascension, face à la piste qui devenait vraiment vraiment raide.

Un peu plus haut, la version blanche du « conopsea » me fit un clin d’œil. Impossible de ne pas aller la saluer.
Je posais à nouveau mes bâtons, très attentive à les coincer afin qu’ils ne se risquent pas à dévaler la pente sans mon autorisation.

Je notais une évidence :
Voilà que les orchidées sauvages s’invitaient dans mon périple, avec insistance.

Je rassemblais alors ce qui me restait de cerveau disponible et vint une affirmation :
« C’est sûrement pas du trèfle incarnat que j’ai vu, il faut que je regarde de près la prochaine fois ».
La nature étant aussi espiègle que la nature humaine, elle s’éclaira afin que je vois ce que je n’avais pas su regarder dix minutes plus tôt.

Et là, ce fut une évidence : c’est aussi une orchidée sauvage, c’est certain.
Et hop, je m’inclinais encore un peu plus, autant que je pouvais, je respirais son parfum subtil.
Et hop, je sortais mes lunettes, je l’inspectais attentivement.
Aucun doute, c’était une orchidée, une que je n’avais jamais croisée, une dont le nom m’était inconnu, une qui s’offrait sans que je n’ai eu l’idée de la chercher.

Quel bonheur!

Alors, je suis repartie à la conquête des sommets.
Heureuse.
Encore plus haut,
Reconnaissante.

Le soir, j’ai feuilleté un bouquin exposant la flore locale à l’office de tourisme, sans succès.
Il a fallu que je me connecte à l’immensité de la toile pour trouver, en deux clics ce que je subodorais, validant ce qui était logique.

Trois jours plus tard, à la conquête d’un autre sommet, j’ai traversé une pelouse piquetée des « points noirs » caractéristiques de l’orchis vanille. Il y en avait des centaines, de quoi épuiser la carte mémoire de l’APN, je m’excusais de ne pas toutes les immortaliser. Trois lacets de sentier plus bas, il n’y avait que des fleurs communes, trois lacets plus haut, il ne restait que de la pelouse verte.

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