Little Bird vit sa vie (4)

Et de cinquante!

Little Bird ne comprend plus rien, lui qui ne comprenait déjà pas grand chose à la folie humaine.

Il avait pourtant attentivement écouté, il avait entendu quatorzaine pour 14 jours, et il en avait déduit que quarantaine correspondait à 40 jours.
En plus, lors de nos longues conversations, je lui avait parlé des traversées du désert et de toutes ces quarantaines de jour qui scandent les récits religieux entre démons et défis:
Le déluge qui dure 40 jours (genèse 6 et 7)
Moïse au Mont Sinaï pendant 40 jours et 40 nuits (Exode 34 – verset 51 sourate 2)
Traversée du pays de Canaan en 40 jours (Nombres 13.25)
Goliath défie Israël pendant 40 jours (1 Samule17-16)
Elie marche 40 jours et 40 nuits dans le désert (1 Rois 19.8)
Jésus est resté 40 jours et 40 nuits dans le désert (Matthieu 4.2)
Et il fallu attendre 40 jours entre la résurrection et l’ascension de Jésus (Actes 1.3)

Il avait bien écouté l’oiseau.
A ses hochements de tête, j’avais même pu remarquer qu’il pouvait envisager les bienfaits d’une quarantaine de jour de retraite.

Mais voilà que nous en sommes à cinquante jours de privation de liberté d’aller et venir.
Et voilà que l’horizon reste gris foncé,
Que nos sens doivent oublier leur réalité,
Que certains se sentent obligés de se masquer, annihilant de fait autant le goût que l’odorat.
Privés de contact physique, les humains serviles n’ont plus que les yeux pour trouver leur voie.
« Et, que voient-ils quand ils ont de la buée sur leurs lunettes? » me murmure l’oiseau du haut de son merveilleux à propos.
Il a raison l’oiseau.

Dans notre monde qui veut vivre à très grande vitesse dans tous les sens,
Est-il question de dégager la mort à toute vitesse, au risque de la récolter par effet boomerang?
Est-il question de faire croire qu’il suffit d’oublier de vivre pour ne pas risquer de mourir?
Est-il question de définitivement considérer les humains comme des produits manufacturés, stupides et sans âme, seulement capables de consommer jusqu’à ce que destruction s’ensuive?

Little Bird n’en sait pas plus que moi à ce sujet.
L’unique certitude que nous partageons, c’est que les mots n’ont plus aucun sens puisque « une quarantaine » dépasse la cinquantaine et que même en plus, si nous ne sommes pas sages, papa-maman nation peut décider de nous punir en lui faisant dépasser la soixantaine!
Nous vivons une époque formidable!

Lundi 4 mai 2020 : 50 jours de privation de liberté d’aller et venir. Libération conditionnelle dans 7 jours et c’est pas sûr, il faut rester « sages comme des images ».
Sept jours!
Dans les livres, dieu a créé le monde en six jours et le septième, il s’est reposé !

Une réflexion sur « Little Bird vit sa vie (4) »

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