Un peu de légèreté s’impose.
Pas grand chose : moi, je, tu, on.
Presque rien, une simple peccadille
Légère comme une plume.
Un jour déjà lointain, j’avais noté à l’écoute des plus sages qu’il y a sur terre une seule personne que je connais un tout petit peu : moi .
A partir de ce jour, mon usage du « tu » fut réduit à la portion congrue et chaque fois bien pesé.
En effet, pourquoi balancer des tutus, voire des honhons pour exprimer mes besoins, désirs ou pensées ?
Il était temps de commencer à parler en mon nom malgré toute une éducation orientée par d’incontournables injonctions : « une personne convenable ne se met pas en avant, une missive ne doit jamais commencer par « je », dans une conversation il est recommandé de mettre l’autre en valeur »
J’étais en train de prendre conscience de l’inconscience avec laquelle je parlais couramment à mon sujet tout en tutoyant les autres et en ondoyant sur les généralités.
Par exemple, lorsque je disais « tu pourrais faire ça » c’était en fait pour dire soit « j’aimerai que ça soit fait », soit « si c’était moi, je ferais ça »
Par exemple, lorsque je disais « on pourrait faire ça », c’était en fait pour dire soit « nous pourrions faire ça ensemble » soit « ce serait une bonne idée que dans le monde une personne indéfinie et inconnue de moi fasse ça ».
Il devenait urgent, à mes yeux, de parler en mon nom et d’apporter à ma prose toutes les précisions nécessaires à l’expression précise de ma pensée déjà pas si simple.
Ainsi fut fait.
Alors, le reproche débarqua : tu parles pour toi.
Ah ben oui, parler pour tu, parler pour on, ça passe ; mais parler en mon nom, ça faisait tout de suite passer l’autre pour « un autre ».
Avec l’apparition des blogs, puis des réseaux sociaux, le parler oral fit son entrée en écriture.
Noir sur blanc, à l’écart de tout langage corporel explicite, il a fallu trouver un moyen de distinguer ce « je » des « tu » et des « on » car mon « je » habituel étais le mien et pas le « je » en balade à tout bout de champ sur la toile au milieu des phrases à « tu » et à « on », des phrases dans lesquelles ma logique était incapable de déterminer qui parlait, à propos de qui et pour quel objectif.
Et c’est donc, en conscience que j’ai créé le « moi-je »!
Une affirmation égocentrée : MOI-JE
A la mode enfantine
Moi, moi, moi
Emoi, et moi, émoi.
Le « moi-je » à moi est une manière d’ajouter dans l’écrit parlé (à moins qu’il ne s’agisse de parler-écrit) l’émotion, une trace d’égo, un surlignage dans les conversations normales et lisses où je m’exprime normalement et tranquillement à la première personne.
Par exemple, lorsque mon écran affiche « je pense ceci » , d’autres auraient affiché « on pense ceci » pour signifier « de manière générale et compte tenu des sources qui sont les miennes, il est commun/normal de penser ceci »
Par contre, lorsque mon écran affiche « moi-je pense ceci », sans savoir ce que d’autres auraient affiché à la place, c’est une manière de signifier : MOI, je pense ceci, moi-je-joelle et ce que peuvent penser les autres est une autre histoire qui n’a rien à voir avec la mienne.
Aucun tutu ne vient danser par là.
Aucun honhon ne peut généraliser
Moi-je a parlé, royalement, à la troisième personne
A la mode enfantine
Parce que je le vaux bien!
Et hop!