Les autres

L’air a un goût d’automne.

Après avoir goulûment absorbé deux gros bouquins en deux jours, je reviens sur un autre beaucoup moins épais en apparence mais dense comme une thèse (puisque qu’il naquit sous le clavier de l’auteur pour lui permettre d’obtenir le titre de Docteur en Langue et Littérature françaises).
Le titre est éloquent : Poétique du point de suspension, essai sur le signe du latent
(Julien Rault, Editions nouvelles Cécile Defaut, Nantes 2015, ISBN 978-2-35018-374-9)

C’est un bouquin que j’ai ramassé dans la bibliothèque de la maison d’un de mes gars, une bibliothèque comme la mienne, débordante, abondante, une bibliothèque où les livres s’entassent sans ordre.
Chez  eux le désordre est encore plus apparent que chez moi puisque les enfants habitent les rayonnages du bas dans lesquels ils entrent et sortent avec la frénésie et l’insouciance des jeunes enfants, sans soucis de classement.
Ce bouquin au sujet des points de suspension, fut offert par l’auteur,  puis posé là sans que personne ne prenne la peine de l’ouvrir.
C’est qu’il faut que le temps soit grand ouvert sur la non-impatience pour aller à la rencontre du latent.
Pour moi qui aime tant les points de suspension, même si j’ai appris (contrainte et forcée) à les éliminer au maximum de la prose publique, ce livre est un cadeau que je déguste chapitre après chapitre.

L’air a les couleurs de l’automne.

Le temps passe.
Je ne saurai dire précisément si je suis en automne ou déjà dans l’hiver de ma vie. Je sais que le printemps est archi loin et que l’été est dépassé.
Je suis comme un vieil arbre encore debout dans le vent.
Un arbre dont les feuilles s’envolent une à une sans que je personne ne puisse affirmer qu’un passant se baissera afin d’en ramasser certaines, d’en faire un poème, un coloriage, une empreinte ou je ne sais quoi… de beau.
Un arbre dont les fruits sont tombés depuis longtemps,
Des fruits qui ont déjà germé puis engendré de nouveaux fruits,
A leur tour.

Le temps passe…

Il ne reste plus grand chose sinon un immense sentiment de désolation à l’horizon.
Car, si les vastes plaines hivernales sont parfois merveilleusement magnifiques aux yeux de ceux qui savent que le printemps ne va pas tarder, elles sont tristes en réalité.

Les autres dessinent le sens de nos vies.

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