Nous sommes à ce jour plus de sept milliards de terriens (population mondiale)
Ce genre de billet mijote depuis des jours et des jours.
Comment essayer d’en partager le fumet quand le nombre d’ingrédients mis dans le bouillon dépasse l’entendement?
Suivant l’air du temps, penchée sur la casserole, je capte une exhalaison plus qu’une autre et tenter d’en décrire les subtilités reviendrait à fausser ce dont j’ai envie de débattre.
Suivant la lumière passante, penchée sur la casserole, je capte certains borborygmes plus que d’autres et décrire ceux qui m’éclatent à la figure reviendrait à fausser la saveur de ce que je ressens.
Que je me penche sur la casserole les pieds sur terre ou la tête dans les étoiles, et mon point de vue se trouve complètement tourneboulé, comment alors poser l’impression de mon vertige sans que le trouble précipitant n’opacifie le propos ?
Car, il est un fait certain : je suis bien debout sur mon fil, debout sur ce fil tendu entre mes paradoxes. Le fil est parfois tendu à la limite de la rupture et il tient cependant et je danse avec joie. D’autre fois, il est d’une souplesse déconcertante, a tel point qu’il est difficile d’y marcher sans risquer un faux pas et cependant je marche.
Vers plus loin…
Nous sommes plus de sept milliards de terriens.
Ce matin, en ouvrant ma fenêtre sur le monde, mon fil est entré en vibration mais je n’ai pas renversé mon café, j’ai tellement l’habitude de gérer l’équilibre malgré les vibrations…
C’est que ce matin, en cliquant sur le programme de « Nature Nomade, le festival Nantais des grands voyageurs » (Je me permets de ré-écrire à ma sauce le titre médiatique « le festival des grands voyageurs nantais » car il y a surtout des « pas nantais » parmi les invités et je considère que si le festival est bel et bien nantais, les « grands voyageurs » invités ne le sont pas… Pfffff, je me fatigue souvent moi-maime… bref) donc, en ouvrant le programme proposé par un super pote, je suis tombée directement sur Thoreau!
Et alors!
C’est que ce gars là est devenu très à la mode. Je l’ai déjà cité ici même.
Et remarquablement quelque temps après l’avoir cité, j’avais surpris le dernier de mes fils en train d’arpenter la lecture de… Walden!
Alors quoi?
Et bien c’est que nous sommes aujourd’hui plus de sept milliards de terriens!
Et c’est qu’à la mort de Thoreau en 1862, il y avait tout juste un milliard et demi de terriens.
Et je ne parle même pas de la « mise à la mode » de propos prêtés à des « philosophes antiques » n’ayant laissé de traces que dans la prose de leurs « élèves », lesquels vécurent à une époque lointaine où la population mondiale n’excédait pas quelque centaines de millions de terriens!
Je sais pas ce que « les autres » vivent dans leur for intérieur, qu’il soit plutôt fort ou plutôt faible, mais des trucs tout bêtes « comme ça » me mettent en transe!
Cet acharnement à disséquer ce qui n’existe plus pour tirer des plans sur une comète qu’on ne voit pas me hérisse.
Et tous ces actes tellement « merveilleux » qui consistent à parler de « sauvetage » d’une planète qui ne nous appartient pas à travers les actes bienveillants de personnes qui sautent d’un avion à l’autre (même si parfois ils font du vélo en famille) me troublent comme est flouté l’air agité par la mise en marche des réacteurs des gros porteurs sur les « tarmac » embouteillés des grands aéroports.
Je ne sais pas, mais je sais que pour moi, ce sont des moments où je ne réussis plus à déterminer si j’ai les pieds sur terre ou si j’ai la tête dans les étoiles.
C’est simplement très inconfortable.
L’autre jour, en balade, au coeur de la nature nous parlions de cet inconfort et de la névrose ambiante. Nous en parlions tout en dansant sur nos fils respectifs, l’ami et moi. Et alors que j’avais emporté un sac pour ramasser des champignons, nous ne nous sommes pas une seule fois baissés pour prélever les détritus qui parsèment la nature. Pire, nous avons plaisanté en notant ostensiblement ce que nous ne faisions pas, en relevant que ni pires ni meilleurs nous étions des humains d’aujourd’hui, simplement humains.
C’est que nous étions en balade poétisante et pas en expédition « nettoyage-commando-pour- sauver-la-planète-sur-facebook ».
Et vous savez quoi ?
Nous étions d’accord sur un fait : c’est parce que nous sommes vraiment conscients de l’abîme qui sépare nos paradoxes que nous sommes en équilibre variable mais stable.
Oui c’est vrai, je n’ai pas l’habitude de parler de gens comme de « cons », j’ai du me laisser aller à mon émotion de colère
Bisous bisous
Je crois que beaucoup d’entre nous, de la même « culture », dansent sur le fil comme tu le dis si bien..j’ai souri en te lisant parce que lors de notre dernière balade aux champignons, véritable parenthèse enchantée où j’ai l’impression à chaque fois d’être hors du temps et de ce moment schizophrène; j’ai ramassé les saletés qui traînaient…maintenant je le fais car je n’arrive pas à me dissocier. Bien au contraire c’est entre la reliance bienfaitrice à cette nature comme « éternelle », pour ne pas dire « sacrée », et l’empreinte de notre époque avec les plastiques par terre, que je trouve ma place. Tout en vénérant les vieux arbres et la nature généreuse je peste contre les cons qui jettent sans scrupule leurs saletés.
Et j’en profite pour redire aux enfants à quel point il faut préserver notre environnement…
Ce qui me fait sérieusement tanguer sur mon fil, en ce moment, ce sont les chiffres alarmistes de la 6ème extinction des espèces que l’on entend aux infos et d’un autre côté comment cela ne semble pas impacter outre mesure les pratiques agricoles, politiques, ect….
J’ai peur de me dire qu’il faut que la crise soit majeure pour qu’il y ait réaction…… alors je respire et je reviens à la confiance en la Vie, à mes balades précieuses….et à FB, sans grand écart 🙂 !
J’aime lire que tu ramasses ce qui traine.
A Nantes, dans les coulées vertes où poussent les champignons sauvages, il faudrait se promener avec une remorque pour tout ramasser et de fait, il vaut mieux en rire. Comme il vaut mieux rire des tas de détritus que les grévistes et autres « insoumis » font bruler pour montrer à quel point leur colère est noire : il est interdit de brûler les feuilles mais il est non-puni de faire brûler des pneus devant les caméras de télévision.
Dans le temps, il n’y a pas si longtemps, les gens jetaient les ordures par la fenêtre (dans la ravine à la Réunion, par exemple) : leur maison était propre et peu importait le dehors et c’était finalement assez acceptable puisque quelques épluchures et quelques chiffons ne causaient pas grand tort à la nature, sinon esthétique. Le problème, c’est que le monde a tellement accéléré que maintenant, c’est un véritable problème les ordures jetées dans la nature. Les gens sont-ils « cons »? Je m’abstiens vraiment de l’affirmer, je pense tout simplement que certaines personnes sont lentes et que leur adaptation au monde est lente. Comment considérer la nature quasi « sacrée » et traiter ses créatures de « cons »? Je suis incapable de « ça »! 😉
Quant à la disparition d’espèces, ça me fait rire aussi car il est clair que c’est directement lié à la prolifération humaine. Alors, comment dire dans la même journal télévisé que trop d’humains c’est trop pour la planète et qu’en même temps trop d’humains qui meurent (guerre, attentat, famines, migrations) c’est trop triste à vivre ?
Après avoir « tué Dieu » à coup de « soyons raisonnables, Dieu n’existe pas, la science est là pour le prouver et pour sauver le monde », nous sommes face à ces questions insolubles.