Il invite ainsi chacun de nous à creuser en soi pour faire advenir une lucidité qui n’a d’autre objet qu’elle même mais qui a le pouvoir d’éclairer nos pensées et nos actes pour leur donner intelligence.
Pierre Rabhi, dans la préface de Socrate le retour, une pièce de Zarina Khan, Volk Editions, 2007,
ISBN 2-9506-7066-0
Depuis notre retour d’Hana, S. était entièrement préoccupé par l’expectative du long voyage retour qui l’attendait.
Ce lundi matin, en conséquence, c’est l’horaire de son avion à destination d’Honolulu qui imposa le planning.
Il avait décidé de s’offrir une parenthèse dans cette dernière journée à Maui avec une ultime session à la rencontre des tortues.
Hookipa vraiment juste à côté de notre logement ne fut même pas envisagé : nous avions bien assez de temps pour aller sur la côte ensoleillée.
Ah oui, depuis quelques jours, on suivait l’avancée d’un « hurricane » nommé Hector, lequel, déclassé en « tropical storm » à l’approche d’Hawaï (Big Island) ne posait absolument aucun soucis à l’aviation civile de Maui. Cependant, il était visible qu’un couvercle gris et pluvieux était à l’approche et nous étions précisément sur la côte la plus grisâtre.
Etait-ce l’heure inhabituellement matinale pour nous qui allions plutôt dans l’eau à partir de midi?
Etait-ce l’orientation des rayons solaires qui ne facilitait pas la vision grand angle?
Toujours est-il que les tortues n’étaient pas au rendez-vous.
Pour S. les vacances hawaïennes se terminaient ainsi.
Je l’ai laissé encore plus tranquille que d’habitude afin qu’il puisse préparer ses bagages.
Nous sommes allés faire quelques courses au supermaket d’Haiku et c’était l’heure pour lui de s’en aller.
Il est parti avec la voiture.
Fin du deuxième acte.
J’étais désormais seule et dans l’immédiat, sans autre moyen de locomotion que mes deux jambes.
Début de l’acte trois.
D’un coup l’espace était en expansion.
L’imprévu pouvait arriver de nulle part et de toute part.
J’étais seule dans le « cottage soleil ».
J’étais seule dans le grand jardin,
Seule dans la cuisine de plein air (la cuisine est commune aux deux cottages lune et soleil).
J’ai ouvert tout grand mon laptop et je me suis connectée au monde que j’avais abandonné depuis plus de quinze jours.
Je n’y ai trouvé aucun intérêt.
J’ai pris possession du grand lit de la mezzanine.
J’ai poussé le petit lit qui prenait de la place dans le salon.
Et j’ai décidé que je prendrai désormais mes repas à l’intérieur.
La nuit est tombée très vite sans que je n’ai la moindre idée de mon programme du lendemain.