Lorsqu’il s’agit de s’exprimer à travers l’écrit, il est d’usage d’intercaler des signes de ponctuation entre les mots afin de favoriser une meilleure « écoute » pour le lecteur.
De manière récente, il est devenu possible d’introduire des idéogrammes (on appelle ça « emoji » en langage facebookien), des « sticker » et même des « gif » en plus des traditionnels signes de ponctuation.
De fait, il serait possible d’imaginer que la communication écrite est en passe de devenir de plus en plus précise, c’est à dire, de plus en plus semblable à la communication parlée.
Las !
En se complexifiant, la communication se dilue.
Je me demande si nos pensées ne suivent pas le même chemin, stimulées qu’elles sont de toutes parts, dans toutes les dimensions et tous les sens ?
La ponctuation, pour revenir au sujet de ce billet, est chose subtile dans le monde mondial. En effet, les règles sont différentes d’une langue à l’autre et parfois il n’en existe même pas. (un digest ici )
Pour « moi-je », il est plus facile de lire et de comprendre les personnes que je connais en vrai : les attitudes, les intonations, les paradoxes sont inscrits en filigrane dans ce que je lis d’elles.
C’est aussi le cas pour les personnes non accessibles, les grandes figures, les auteurs renommés : le fait de les entendre parler (vous connaissez ma radio préférée ? … On y parle beaucoup, beaucoup! ) m’incite à les lire sous des angles constamment renouvelés.
Dans la prose que je produis, il y a un tas de mots et aussi un paquet de signes de ponctuation.
Les mots ont une signifiance à mes yeux et je sais que chacun les interprète ensuite en fonction de son environnement propre.
La ponctuation, selon les règles établies en langue française, est généralement posée avec attention et il n’est pas rare que je modifie après lecture (et relecture), comme je modifie certains mots et/ou leur agencement dans la phrase.
Les « emoji » sont les grains de folie qui peuvent entrainer plus loin tant leur traduction est éminemment personnelle !
J’aime les points de suspension car il sont à mes yeux une ouverture vers plus loin. Mais, je sais qu’il faut les éviter et je les évite au maximum.
Il serait nécessaire, dans les faits, de poser un point d’interrogation après chacune de mes phrases tant chaque alignement de mots constitue, de mon point de vue, un questionnement qui débouche sur un autre questionnement sans que jamais aucune réponse ne survienne en temps que réponse « certaine et définitive ». C’est évidemment non-envisageable.
Alors… J’ose imaginer que les personnes qui m’ont un jour croisé ont repéré mes inlassables questionnements.
Les enfants, bien avant l’âge de raison, affirment « je sais » et les parents les regardent de haut en affirmant à voix basse : « comment pourrais-tu savoir ? ».
C’est que les enfants sont bien dressés et que dire « va te faire foutre je vais expérimenter dans mon coin » fait partie des « interdits ».
C’est que les parents sont bien formatés et suffisamment suffisants pour oublier de douter au sujet de leur toute-puissance parentale.
Quand j’étais »petite », j’ai traversé cette période où j’ajoutais « je sais » après chaque proposition parentale. Mon père ne manquait pas de me le faire remarquer sur l’air de « madame-je-sais-tout ».
J’avais le bac en poche quand cette chanson là est entrée au hit-parade de l’époque et bien que ma note de philo ait été magnifiquement proche de zéro, je commençais à poser les questions qui n’amènent que des questions et à entrer dans un véritable « raisonnement philosophique » au sujet de la vie.
Plus de quarante ans plus tard, j’en suis seulement un peu plus loin, toujours en train d’essayer d’escalader l’arc en ciel, toujours en train d’essayer d’attraper les étoiles alors que « je sais » (= « il est scientifiquement prouvé ») que l’arc en ciel n’est qu’un effet lumineux et que les étoiles qu’on voit briller sont mortes depuis longtemps…
Jenesaispasquelleestl’histoiredelavieenvraie.
J’aime infiniment observer, explorer, observer encore, explorer plus loin.
Jesaiseulementquejesuisenpleindedanslavraievie.
ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα (je sais que je ne sais rien)
🙂
Et donc là, le Smiley est juste présent pour indiquer que je ne sors pas ma science mais pour souligner que je suis convaincue de la véracité de cette phrase… dont la justesse se renforce à mes yeux au fur et à mesure des années que je vis.
Très intéressante réflexion sur la ponctuation. Je sais que j’use et abuse des points de suspension que j’emploie dans un autre sens que la fonction usuelle d’ailleurs. De même que j’use et abuse des parenthèses (souvent en italique) (quand je peux le faire) qui précisent souvent le fonds de ma pensée ou plus souvent le second degré de mon discours hors parenthèses.
Suis-je comprise dans ce sens ? Je ne sais pas mais je le pense comme par une convention implicite.
Oui, Kamaïa, la question est constante de savoir si les « autres » comprennent, de même que la question de savoir s’ils suivent ce que nous souhaitons leur indiquer (précisions, second degré, etc)
Personnellement, j’écris billets, proses et poèmes en pensant que personne ne comprendra vraiment. D’ailleurs n’est-ce pas pour essayer de clarifier mes pensées que j’écris?
Quelques très rares personnes y sont sensibles, peut-être ? Difficile à savoir…
Et c’est pourquoi je suis heureuse de lire les questions et/ou les reflets, c’est une invitation à préciser à reformuler à questionner encore et encore.
Il en va tout autrement dans la production universitaire : la méthodologie est rigoureuse, le vocabulaire est spécifique, la production est destinée à des « initiés », etc. Dans ce cadre hyper précis, le confort est assuré d’autant plus que le boulot est effectué en équipe et que la place laissée à l’interprétation doit être réduite à la portion congrue.
Je me retrouve dans ton commentaire Kamaïa 🙂 (avec le smiley ! et les parenthèses ! j’aime les smileys, parce qu’ils égaient et souligne les émotions… (et les points de suspension, tout y est !) l’écrit étant privé des intonations. Mais je les limite aux échanges électroniques, voir des smileys dans un livre me semblerait hautement incongru !)