Pic et pique et colle et crème


Am Stram Gram

Quel étonnement lundi matin à la lecture de ces quelques mots : «  Ah merci mais je l’ai déjà fait ce défi il y a plusieurs mois (…) »
Sur mon écran ça sonnait de deux manières : « j’ai déjà fait bon débarras, faut plus compter sur moi » et « C’est ringard, nous ont a fait « ça » il y a longtemps ».

Ni une ni deux, j’embraye, je passe la première et j’écris ce que je pense.
Ni une ni deux, la réaction tombe, tout en longueur à la suite de « Oui, parce que je n’ai pas pu le terminer  »
Il n’en fallait pas plus pour titiller ma tendance à la prose pimentée.

Il n’en fallait pas plus parce que dans les arcanes de ce qui me sert de disque dur interne, une vague s’était levée, avait déferlé et avait entrainé du ressac qui moussait à son tour.

Me revenaient en pleine face les « chaines » qu’on se passait sous le manteau à l’école et qu’il était raisonnable de craquer tout en tremblant car le mauvais sort nous était promis, juré, craché!
Me revenait le système de vente pyramidale qui fit le succès des boites plastiques. L’illégalité déclarée fait qu’on appelle ça du « marketing de réseau » et il y a aujourd’hui des clients à la pelle pour de multiples commerces.
Je pensais aussi à cette tendance très à la mode sur les réseaux sociaux : publier une pub, nommer un « ami » et espérer gagner un gros lot.

Et pourtant, ce lundi là il n’était question ni de « mauvais sort », ni de vente, ni de gain mais plutôt d’un jeu
D’un jeu un peu particulier puisque c’est le genre de jeu dans lequel on ne se lance pas spontanément.
Un jeu qui fait appelle au lien amical, genre « allez, fait le pour moi »
C’est un peu comme dans la cours de récréation, il y a toujours un gamin pour lancer une idée et embarquer les autres « Et… Si on jouait à ça? ». Et pour plein de « bonnes raisons, on joue à « ça »!
Je me souviens de la cours de récréation, ça me gavait souvent les jeux des autres, mais comment être avec les autres en refusant leurs invitations?
Pas facile quand on est gamin.
J’avais besoin d’être appréciée, je n’avais guère de choix : incapable de « faire la chef », je devais suivre.

Bon, soyons clairs, il y a bien longtemps que les personnes en lien ce lundi (à travers de leurs écrans) ont dépassé l’âge de la cours de récré!

Ce qui m’a interpelé, c’est la prise en compte très sérieuse d’une notion d’engagement sur la durée, le poids de la notion de challenge (un challenge est quelque chose de nouveau et difficile qui requiert beaucoup d’effort et de détermination), voire de défi (action de provoquer quelqu’un en combat singulier).
Ces différentes notions sont des expérimentations à faire (ou à éviter, c’est selon chacun) dans la vraie vie, me semble t-il.
Comment est-ce possible de confondre la vraie vie et la virtualité de nos écrans?

Inutile de battre la crème, au risque de la transformer en beurre… C’est glissant le beurre, non?

Ces petits jeux amicaux, ces engagements qui n’engagent pas plus loin que quelques clics du bout du doigt, sont autant d’éclairages de nos reflets. De mon point de vue, c’est aussi certain qu’impalpable.

 

7 réflexions sur « Pic et pique et colle et crème »

  1. Kamaia

    Eh non tu n’as pas été la seule ! Finalement la seule constante constante que j’ai constatée, ça a été l’impératif du N&B.

    Ce commentaire m’avait inspiré une longue digression mentale, que faute de temps, je n’ai pu déposer le jour même et après je pense qu’il n’était plus temps.
    Mais je me suis beaucoup amusée durant ce challenge et pour tout dire j’avais envie de continuer, à mon rythme, sans contraintes autres que celles que je me fixe !

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  2. Sauf-i

    Ce qui m’amuse c’est de voir l’évolution des « consignes » en fonction de l’interprétation (et de l’envie) des uns et des autres, façon téléphone arabe 🙂

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    1. Joelle Auteur de l’article

      J’avais l’impression d’être la seule à changer les consignes de manière à ne nommer personne 🙂 Je suis pas la seule? J’suis déçue 😉

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      1. Frédérique

        Non, tu n’es pas la seule 🙂 Je suis également une briseuse de chaînes 😀 (j’adore !!!)

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        1. Joelle Auteur de l’article

          Houlà…. Briser les chaînes, c’est encore une autre histoire…
          Ah!
          Les mots, leur écriture noir sur blanc, la lecture qui en est faite et l’interprétation qui surgit… Quel bonheur que tout ce qui nous échappe alors qu’on pourrait croire le tenir!

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          1. Frédérique

            Il était question des « chaînes de l’amitié », du « poste une photo chaque jour et nomme quelqu’un » 🙂 Ce sont ces chaînes que je brise… loin de moi l’idée de briser d’autres chaînes, plus lourdes ou encombrantes !

          2. Joelle Auteur de l’article

            Oui. 😉
            Je suis taquine et les mots sont joueurs.
            Et, je suis pleine de reconnaissance en te lisant, en sachant qu’écrire est une prise de risques, d’autant plus que tu me connais et que tu sais à quel point les mots s’échappent et s’envole et se posent parfois loin du sujet! 🙂
            Merci

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