Pas croire et faire croire


Ca remonte aux entrailles de mon enfance.
Ca : LA question!
La question qui est là.
La question entière, là dans mon ventre, dans ma tête, parfois tellement obsédante.
Elle est là, cette question, elle est là depuis que je raisonne, depuis que tout résonne en moi, depuis si loin dans l’enfance.
Elle est la suivante : pourquoi certaines personnes, pourquoi tant de personnes s’astreignent-elles à faire croire aux autres ce à quoi elles ne croient pas elles-mêmes?

Aujourd’hui, avec le temps qui a coulé, avec tout ce que j’ai ramassé en passant, je connais des mots qui n’apparaissaient pas dans les livres de contes qui nourrissaient mon imagination galopante, du temps où j’étais reléguée au statut d’enfant.

Aujourd’hui

Il y a beaucoup plus de production, de consommation.
Il y a  tellement plus d’incitation, de prosélytisme.
Il y a internet,  « réseaux sociaux », « info en continu », etc.

Si la question est toujours présente, le monde a beaucoup changé autour d’elle.

Aujourd’hui

Je regarde et j’observe le monde alentours, un monde qui semble à la rechercher de merveilleux sur catalogue.
Du merveilleux qui serait produit à la chaine?
Mais, alors ce n’est plus vraiment du merveilleux si c’est reproductible, maitrisé, non extra-ordinaire?
Il faudrait donc « y » croire pour s’y fondre dans ce « merveilleux à la carte »?
Et il y aurait plein d’équipes super informées au sujet de nos capacités « à croire », des équipes qui ne croient en rien d’autre qu’à la production de « croyances » à la pelle ?
Et au delà du papier glacé, au delà des écrans géants ou minuscules, il n’y aurait rien d’autres que le néant?
Rien de merveilleux?
Rien de dramatique non plus d’ailleurs!

Je regarde autour de moi et j’observe le monde en faisant un gros plan sur de délicieuses personnes que je connais.
Il ne fait aucun doute que la vraie vie les caresse, les écorche, les entraine parfois très haut, parfois très bas.
Je vois des enfants qui s’émerveillent d’un rien.
Et je vois des enfants déjà vieux, enfermés par les cadres. La face bleuie par le reflet de leur écran, ils pourraient sembler morts.

Les paroles d’une chanson s’imposent tandis que je clavarde, elle dit « ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux« .  Je me souviens de l’époque où il se racontait que des gens crédules avaient vraiment ouvert des cages, laissant sortir de pauvres proies sans défenses…

Je me souviens combien j’étais l’oiseau sauvage enfermé.
C’est à moi qu’il fallait ouvrir la porte vers la liberté de découvrir le monde.
Et je l’ai fait.
Et je reste viscéralement méfiante.
J’ai probablement toujours porté deux ailes invisibles, deux ailes capables de me transporter dans un monde parallèle.

Me reviennent aussi les poèmes de « Paroles »  le recueil de Monsieur Prévert qui m’a longtemps accompagné : les oiseaux étaient pour lui un symbole de liberté…

J’ai appris très tard à aimer les oiseaux
je le regrette un peu
mais maintenant tout est arrangé
on s’est compris
ils ne s’occupent pas de moi
je ne m’occupe pas d’eux
je les regarde
je les laisse faire
tous les oiseaux font de leur mieux

Une réflexion sur « Pas croire et faire croire »

  1. Isabelle

    Je préfère croire encore et laisser croire. ..même si en décembre ma fille se demande si j ai bien toute ma cervelle,lol

    Répondre

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